Extrait de : Vallée du Blavet. Le canton de Baud. Bretagne. Images du Patrimoine. Rennes, 2003.
Melrand. Kerhoh, maison de prêtre
Le logis le plus ancien de la ferme est situé en bout d'alignement, à l'est. Il adopte le classique plan massé à une pièce sur dépendance (probablement une étable), courante pour les maisons de prêtre depuis la fin du 15e siècle. La qualité de la mise en oeuvre et des détails de construction sont liés au statut privilégié du commanditaire. Sur le linteau de la fenêtre supérieure, partiellement bouchée, figurent la date 1669, un calice et l´inscription donnant le nom du prêtre "M : I VE : LE PABIC". L´escalier extérieur qui desservait l´étage en façade a disparu lors de la construction d´une petite dépendance contre le logis. La porte haute ainsi que la bouche d´aération de l´étable sont dissimulées par cette adjonction. La lucarne n´a ici qu´un rôle décoratif, elle ne donne jour qu´à un comble non habitable.
La fenêtre située sur le pignon est a conservé son système de fermeture du 18e siècle. le cadre dormant est plaqué contre le tableau de la baie grâce à des pivots fixes qui viennent se loger dans une réservation faite dans la pierre de l´appui d´une part et, d´autre part dans un percement effectué dans l´arrière linteau de chêne. Des gonds métalliques permettent au vantail de pivoter sur ce cadre dormant.
L´unique pièce habitable à l´étage est pourvue d´une cheminée sur le pignon ouest. L´usage du linteau en bois est largement répandu à Melrand jusqu´au milieu du 19e siècle. La modénature est un peu archaïsante pour la seconde moitié du 17e siècle mais fait preuve d´un certain raffinement avec l´étroit chanfrein sur l´arête des piédroits et les consoles moulurées à profil en talon.
Melrand. Kerhoh, ferme
L´ensemble hétérogène est organisé autour d´une cour. Les bâtiments sont de différentes époques, échelonnés entre le XVIIe et la seconde moitié du XIXe siècle, la plupart d´entre eux figurant sur le cadastre de1828. Contre la maison de prêtre datée 1669 (cf. p. 72), un nouveau logis est construit en 1828, à l´emplacement d´un édifice plus ancien. Cette date de 1828 figure sur le lignolet du faîtage et sur le linteau d´une fenêtre de comble, précédée de l´inscription « FAIT PAR YVES LE PEN ». Le plan à deux pièces symétriques surmontées d´un haut comble à surcroît à usage de grenier est classique au XIXe siècle. Plus originaux sont les hauts-reliefs sculptés sur la façade : un ecclésiastique (a) et le buste en costume local d´un paysan encadré de deux têtes à longs cheveux (b). Ces portraits réalisés par des sculpteurs confirmés (les frères Cabedoche ?), affichés ostentatoirement en façade, sont l´expression d´une sorte de « fierté» paysanne. Le puits monumental (c) à voûte maçonnée d´un type unique sur le canton en est également la manifestation.
Cet ensemble illustre le triomphe de la société rurale avec l´enrichissement d´une partie de la paysannerie bien antérieur à la Révolution agricole du milieu du XIXe siècle.
Chargée d'études Inventaire