La remarquable maison prébendale qui occupe l'angle de la rue des Vierges et de la rue de la Bienfaisance témoigne d'une parfaite adaptation à une parcelle complexe et irrégulière, ainsi qu'à la pente du terrain créant un décalage de niveau entre les pièces donnant sur le jardin de la parcelle voisine et celles sur la rue. La tour d'escalier avec pièce haute témoigne d'une certaine démesure par rapport au reste de l'édifice de dimensions modestes. On ne connaît pas malheureusement le chanoine constructeur de cette maison.
La maison se compose au départ d'un plan simple : la tour d'escalier est traitée comme la partie majeure de l'édifice et sa plus grande hauteur, comme sa toiture en pavillon, témoigne de son importance. L'entrée dans l'édifice se fait par la tour qui dessert au rez-de-chaussée deux pièces au nord, une au sud. Les deux portes jumelées desservent les pièces du corps principal nord. L porte ouest dessert la cuisine, éclairée par deux fenêtres hautes car donnant sur le jardin voisin, plus haut ; sa cheminée, sans doute en granite, contre le mur ouest entre les deux fenêtres a été démontée ; la cuisine a été plus tard divisée dans la profondeur, créant une arrière-cuisine. La seconde porte à l'est dessert la pièce principale qui avait une cheminée sur le mur gouttereau nord, aujourd'hui disparue. Cette pièce est divisée en deux par une cloison ancienne, délimitant une pièce d'angle non chauffée ; cette pièce, peut-être une alcôve à l'origine, a été transformée en magasin à la fin du 19e siècle par la création d'une devanture supportée par des piliers de fonte, conservés malgré la modification de cette boutique avec reconstruction de son mur de façade vers 1930.
La porte au sud dans la cage d'esclier est sans doute l'accès à ce qui est donné comme "un caveau" sur le procès-verbal d'estimation de 1790, placé sous la cage d'escalier. Le P-V décrit en effet le rez-de-chaussée avec "cuisine, cage d'escalier, caveau, sallon, et cave sous terre". Cette description ne justifie pas l'existence de l'aile en retour sur la rue des Vierges qui cependant existe sur le plan cadastral de 1809, sur la même parcelle.
L'escalier tourne autour d'un large mur-noyau grossièrement quadrangulaire, dont le côtés nord est creusé au rez-de-chaussée et au premier étage d'une armoire murale à hauteur d'appui fermée par un battant en bois. Une première volée tournante en pierre de taille adossée au mur ouest conduit au palier en demi-étage qui dessert l'étage de l'aile sud par une porte à linteau de bois : cette ouverture ne semble pas antérieure au 19e siècle. La seconde volée tournante dessert le palier dallé du premier étage. Il est éclairé de deux fenêtres dans la façade est. Deux portes palières desservent les trois chambres de l'étage (décrites dans le PV de 1790). La première à l'est est disposée comme la cuisine ; très étroite, elle dispose d'une cheminée adossée au mur ouest (au-dessus de la cheminée de la cuisine) et encadrée de deux fenêtres ; cette cheminée à encadrement de bois est surmontée d'un trumeau à panneaux à encadrement mouluré limité par une corniche à denticules, motif que l'on retrouve sur la porte dans la cloison séparant en deux le salon au rez-de-chaussée : cette corniche à denticules semble le seul élément subsistant de la cheminée d'origine, la cheminée actuelle datant des années 1730-1740. La pièce a été divisée en profondeur pour créer une petite garde-robe sur l'arrière. La seconde chambre est chauffée d'une cheminée adossée au mur nord, au-dessus de l'ancienne cheminée du salon, en menuiserie à piédroits galbés qui date, comme celle de la première pièce, de la 1ère motié du 18e siècle. La pièce a été divisée sans doute à la fin du 19e siècle d'après la cheminée de marbre installée sur le mur sud de la pièce créée la rue de la Bienfaisance, la fenêtre sud ayant été bouchée pour permettre l'installation de cette cheminée dont le conduit se termine par une haute souche sur le mur goutterau.
Les deux volées d'escalier desservant le second étage sont identiques ; en demi-étage, une porte à linteau de bois dessert l'étage en surcroît de l'aile sud. Le palier dallé de pierre du second étage, porté en partie par un arc en plein cintre, est limité (car il surplombe l'escalier) par de fins balustres en forme de candélabres, tournées en bois, caractéristiques du début du 17e siècle. De ce palier part une petite volée de trois marches en bois aboutissant à un palier sur lequel est situé la porte du comble de l'aile sud ; une seconde volée droite en bois à rampe à balustres dessert l'étage de comble et la chambre haute de la tour. Dans le comble éclairé d'une lucarne en calcaire, une chambre est chauffée d'une cheminée en boiserie adossée au mur sud. On trouve une seconde chambre chauffée au sommet de la tour. La charpente du corps principal, à croupes, comprend deux fermes avec étrésillonement longitudinal en croix de Saint-André.
A partir de la cour, on accède par un escalier droit en pierre à une cave voûtée dans laquelle se trouve un puits ; un second escalier droit en pierre parallèle à la façade rue de la Bienfaisance débouchait sur celle-ci, mais cet accès a été muré.
Dessinatrice à l'Inventaire