• inventaire topographique, ville de Vannes (secteur sauvegardé)
Hôtel dit hôtel de Jérusalem, 12 rue des Vierges (Vannes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vannes
  • Commune Vannes
  • Adresse 12 rue des Vierges
  • Cadastre 1807 I3 1034  ; 1844 K8 1730  ; 1980 BR 107, 108
  • Dénominations
    hôtel
  • Appellations
    hôtel de Jérusalem
  • Parties constituantes non étudiées
    boutique, cour

La maison connue sous le nom d'hôtellerie de Jérusalem, est la plus ancienne édifiée sur la rive sud-est de la rue des Vierges, dans l'espace afféagé longeant les remparts. Elle se compose d'abord d'un logis simple en profondeur construit en alignement partiel sur la rue des Vierges. Le type de sa façade dit à menues croisées, mais aussi la monumentale cheminée adossée au mur gouttereau révèlent une construction des années 1400. Les fenêtres carrées en continu dont les traces sont visibles au premier étage éclairaient au-dessus des allèges en croix de Saint-André, sans doute deux pièces. Au second étage, le pan de bois et la sablière de chambrée, de même que les solives formant encorbellement semblent avoir été refaites : en effet, l'encorbellement du mur latéral pignon en pierre de taille est en partie brisé à l'endroit où devait s'encastrer la sablière de chambrée d'origine. Si les allèges en croix de Saint-André ont été restituées, ce n'est pas le cas des menues croisées qui devaient les surmonter.

A l'intérieur, le rez-de-chaussée consiste en une seule grande pièce chauffée par la cheminée sur gouttereau encadrée à gauche (Est) d'une fenêtre, et peut-être d'une seconde fenêtre en symétrie à droite, disparue lors du percement du mur postérieur pour l'aménagement de la boutique au 20e siècle. L'escalier en vis ménagé dans le mur pignon est, dont la forme arrondie est encore visible, était peut-être dès l'origine logé dans un couloir et donc isolé de la salle, ce qui n'est pas certain.

On connaît le propriétaire de cette maison de grande qualité au milieu du 15e siècle, grâce au rentier ducal de 1455-1458 qui mentionne Guillaume Le Roux, officier ducal et trésorier général de Bretagne, déjà propriétaire d'une autre maison place Henri IV.

Dans la réformation de 1677, la déclaration de propriété est faite par Jean Bunetier, notaire et procureur royal. C'est probablement lui qui est à l'origine de l'importante campagne de travaux qui aboutit au doublement du corps principal et à la surélévation du comble en étage habitable du corps sur rue. Ce corps postérieur est essentiellement créé pour le prestige de la maison, avec son ostentatoire toit à l'impériale bien visible au-dessus des remparts : en effet, ce corps ne double pas la surface habitable, mais abrite un énorme escalier à jour central qui en occupe les deux tiers, le tiers restant étant dévolu à une seule pièce communiquant avec le corps principal sur rue. Les balustres en bois de l'escalier ne sont pas sans évoquer la forme de ceux de l'hôtel de Limur, de ceux de la Retraite du Mené, en calcaire, ou encore ceux disparus de l'escalier du palais épiscopal de la Motte. On accède à cet escalier par une porte latérale percée dans le corps sur rue, porte en saillie sur le mur dont la modénature se rattache au 17e siècle. Elle est surmontée d'une niche en calcaire.

La déclaration de 1677 décrit que la maison donnait à l'ouest en 1677 sur un petit jardin avec écurie ou appentis. Elle ne décrit pas la tour Poudrière, qui en 1844 fait partie de la même parcelle. L'hôtellerie acquise lors des ventes révolutionnaires par un négociant, Julien Aupied, faisait partie des biens de la famille de Lantivy, émigrée.

La maison nommée hôtel de Jérusalem seulement à partir de 1769, date de sa fondation comme hôtel par Jacques Galland, est vraisemblablement lors de sa construction au 15e siècle le logement de Guillaume Le Roux, trésorier général de Bretagne, d'après le rentier ducal de 1455-1458. Cet important personnage possède aussi d'autres maisons rue des Vierges et place de Maine Guievre, actuellement place Henri IV. Au 18e siècle, l'édifice avec la tour Poudrière devient l'auberge de Jérusalem qui fonctionne jusque vers 1870.

Le logis sur rue est doublée d'un corps donnant sur la courtine au cours du 17e siècle, peut-être pour Jean Bunetier, procureur et notaire royal et propriétaire lors de la réformation en 1677. C'est alors qu'est ouverte la porte sur rue et supprimé l'escalier en vis latéral, remplacé par le grand escalier placé dans le corps postérieur. A cette époque, la maison est liée à la tour Poudrière voisine et comprend une partie de la courtine afféagée. Les fenêtres sur rue dites à menues croisées sont remplacées par de grandes fenêtres au 17e ou au 18e siècle. La maison a été surélevée d'un étage de comble avec toit brisé à la même époque. Au milieu du 20e siècle, la façade est transformée pour la vitrine de la boutique ; c'est aussi vers cette époque que la façade postérieure est modifiée : suppression d'un corps de latrines en saillie vers l'est, visible sur la carte postale des années 1900 et fermeture d'une fenêtre en demi-étage éclairant l'escalier. Cette fenêtre est ré-ouverte vers 1950 avec réfection de l'encadrement et les lucarnes en calcaire sont refaites en granite, tandis que le pan de bois de la façade est du corps de latrines est repris.

Maison construite en alignement de rue. Elle se compose de deux corps successifs associés, le second contenant essentiellement l'escalier. Le premier corps sur rue est en pan de bois, le corps donnant sur la courtine des remparts étant en moellon, avec un petit corps de latrines en hors-oeuvre en surplomb. Dans le corps sur rue a été conservée la grande cheminée sur mur gouttereau ouest à hotte oblique, piédroits en pilastres, avec bases et consoles moulurées, moulure reprise à la base du linteau. Une fenêtre en partie bouchée (donnant aujourd'hui dans la cage d'escalier) éclairait l'espace près de la cheminée. De cette partie subsiste encore l'emplacement de l'escalier en vis dans le couloir latéral d'accès au corps postérieur. Les deux tiers de ce corps est occupé par l'escalier. Il se développe au tour d'un vaste jour central, et comporte trois volées en bois, une rampe à balustres. Le large palier dessert par une porte le corps sur rue, et par une autre porte la pièce latérale du corps postérieur. Celle du 1er étage qui a conservé sa cheminée du 17e siècle, dessert le corps en appentis servant sans doute de garde-robe. En demi-étage, l'escalier donne accès au jardin sur la courtine. Le corps sur rue est couvert d'un toit brisé tandis que le corps postérieur, très visible par-dessus le rempart est coiffé d'un toit à l'impériale.

  • Murs
    • granite moellon
    • pan de bois
    • granite pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, 2 étages carrés, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés
    • toit à l'impériale
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • Typologies
    en alignement sur rue ; plan double en profondeur
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Sites de protection
    secteur sauvegardé

Documents d'archives

  • A. D. Loire-Atlantique. B 2339. Rentier du domaine ducal à Vannes, parchemin, 1455-1458. La transcription du rentier a été réalisée par Marion Mauvais. Ce travail de transcription a fait l'objet de son master 1 sous la direction de Marie Casset (Lorient : Université de Bretagne sud. 2012). Dans un travail complémentaire en master 2 "La topographie de Vannes au 15e siècle, à partir des données du livre rentier de 1455-1458" Marion Mauvais a appliqué les données du rentier aux surfaces cadastrales de la ville émanant du premier cadastre de 1807-1809. Elle figure à ce titre comme enquêteur dans l'opération d'inventaire du secteur sauvegardé.

    Archives départementales de Loire-Atlantique : B 2339
    Folio 14r
  • A. D. Loire-Atlantique. B 2340 : 1677 : Déclaration et dénombrement de Jean Bunetier procureur et notaire royal en la sénéchaussée de Vannes demeurant rue des Vierges.

    Archives départementales de Loire-Atlantique : B 2340
  • A. D. Morbihan. 1 J 361.

    Archives départementales du Morbihan : 1 J 361

Bibliographie

  • LEGUAY, sous la direction de Jean-Pierre. Histoire de Vannes et de sa région. Toulouse : éditions Privat. Pays et villes de France, 1988. 320p. ; 23,5 cm.

    p. 90, 119
  • THOMAS-LACROIX, Pierre. Le vieux Vannes. Malestroit, presses de l'Oust, 2e édition, 1975.

    p. 48
  • VIAUD-GRAND-MARAIS, André. Vieilles auberges et hôtelleries de Vannes. Vannes, imprimerie Galles, 1930.

    p. 8-9

Périodiques

  • DEGEZ, Albert. Le colombage vannetais. Essai de classification et de datation des maisons en pan de bois à Vannes. Vannes, Impr. Galles. In : Bulletin de la Société polymathique du Morbihan. 1980, tome 107.

    p. 45-46

Annexes

  • Rentier du domaine ducal à Vannes, 1455-1458
  • Déclaration et dénombrement, 1677
  • Adjudication, 1795
  • Affiche de location, 1814
  • Sources iconographiques
Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012