Armement proposé par la commission de 1841.
Presqu'île de Quiberon.
Le fort Penthièvre a été construit en 1747, sur la partie la plus étroite de l'isthme qui rattache au continent la presqu'île de Quiberon. L'expédition des Anglais en 1746 en avait fait sentir la nécessité.
Le fort Penthièvre fut pris le 3 juillet 1795 par un corps d'émigrés débarqué du côté de St-Colomban. Il fut repris le 20 du même mois par le général Hoche. Agrandi depuis et amélioré à différentes époques, ce fort reçoit en ce moment (1841) des développements importants qui doivent le mettre en état de résister aux entreprises les plus sérieuses. Il peut contenir dès aujourd'hui les troupes, les vivres et les munitions nécessaires à la défense de la presqu'île. C'est un fait dont on a dû tenir compte dans l'organisation de la défense de cette partie du littoral.
Le fort Penthièvre qui commande tout le terrain de l'isthme et qui découvre la mer à l'E et à l'O, est la clé de la position de la presqu'île de Quiberon. Il paralyse en effet dès le début, toutes les descentes opérées dans la presqu'île. En supposant même que l'ennemi parvint à s'emparer des ports d'Orange et de Portaliguen, il n'occuperait qui des villages sans importance, sans ressources, et peuplés de quelques centaines d'habitants. Pour s'avancer dans le pays, il faudrait qu'il entreprit et menât à bonne fin le siège régulier d'un fort qui peut attendre l'arrivée des secours de l'intérieur.
La défense de la presqu'île de Quiberon étant désormais concentrée à l'isthme, les batteries qui étaient uniquement destinées à prévenir les débarquements, perdent leur importance : aussi les anciennes batteries de Kerné, de Begnaude, de Begervil, de Conguel, et de St-Julien, peuvent être supprimées sans inconvénient ; mais celles qui bordent la côte orientale de la presqu'île, et de là protègent l'excellente rade de Quiberon, doivent être conservées ; ce sont les batteries de Port-Orange, de Portaliguen, de Beg-Rohu, et le Fort neuf. Enfin sur la côte méridionale se trouve une anse assez facilement accessible, que l'on nomme l'Anse ou le Port Maria ; les Hollandais et les Anglais y sont descendus à diverses reprises ; c'est d'ailleurs l'embarcadère des bâtiments pour Belle-Île ; la commission croit dont nécessaire d'y entretenir une surveillance.
(Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives de l'Artillerie ; Sous-série 3 W, Opérations militaires : 3 W 32, Documents concernant le 3e arrondissement maritime (Lorient). Projet d'armement des côtes de la France, de la Corse et des îles. Titre III : Projet d'armement du 3e arrondissement maritime (Lorient), 1841-1843, p. 79-80)
Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".