Dossier d’œuvre architecture IA56132124 | Réalisé par
Jadé Patrick (Contributeur)
Jadé Patrick

Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales 1830-1870 dans les îles de Bretagne Sud
Corps de garde crénelé actuellement maison, batterie de Ramonette (Le Palais)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne Sud
  • Commune Le Palais
  • Lieu-dit Ramonette
  • Cadastre ZI 186
  • Dénominations
    corps de garde, réduit
  • Précision dénomination
    corps de garde crénelé servant de réduit à une batterie d'artillerie de côte, corps de garde défensif
  • Destinations
    maison
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    caserne, poudrière, cuisine, citerne, mur défensif

Belle-Île-en-Mer, du fait de la topographie souvent accidentée de son littoral, fournit plusieurs exemples, assez variés qui plus est, d'adaptation des plans-types de corps de garde de 1846. Le souci principal des ingénieurs militaires est d'obtenir le défilement de la terrasse défensive lorsqu'elle est dominée par le terrain alentour.

Le corps de garde de la batterie de Ramonette présente une solution originale à ce problème : il est issu du plan-type n° 3, mais sans terrasse. Il est à comparer aux corps de garde des batteries d'Arzic, de La Ferrière, du Bugul et des postes garde-côtes de Port Maria, Port Larron et Port Fouquet, qui présentent des dispositions dont le but est similaire mais à des degrés divers d'adaptation des plans-types.

Le réduit attribué par la Commission de défense des côtes de 1841 à la batterie de Ramonette est un corps de garde défensif n° 3 capable d'accueillir les 20 servants de ses quatre pièces d'artillerie.

Les contraintes liées à la topographie amènent à s'affranchir du plan-type dès la présentation du premier projet pour la batterie en janvier 1847. Le chef du génie propose alors un bâtiment voûté très allongé encastré dans le sol, qui n'est pas sans rappeler les solutions mise en œuvre plus tard dans les batteries de la pointe d'Arzic, ou des Mèdes à Porquerolles. Toutefois, cette proposition est rejetée par le Comité des fortifications dans son avis du 11 juillet 1848. A la reprise des projets en 1857, est étudiée la possibilité de ne construire qu'un simple corps de garde et un magasin à poudre, voire de réutiliser les bâtiments existants. Fin 1860, le chef du génie propose tout de même un corps de garde crénelé issu du plan-type n° 3 de 1846, mais diminué d'une terrasse trop difficile à défiler et flanqué par des guérites saillantes en remplacement des bretèches. Le Comité valide cette proposition dans son avis du 16 avril 1861 moyennant quelques modifications du projet.

C'est donc un corps de garde crénelé d'une contenance de 25 hommes - la Commission de défense des côtes de 1859 ayant ajouté un mortier à l'armement de la batterie - et sans terrasse qui est construit en 1861.

Lors de la réorganisation de la batterie de Ramonette vers 1880, ce corps de garde est recouvert d'un important terrassement. A la différence de ceux des batteries du Gros Rocher et de Taillefer, et contrairement à ce qu'il est parfois possible de lire, cette intégration dans un massif terrassé n'entraîne pas la destruction d'un parapet et de bretèches qu'il n'a jamais eu.

Il commence à perdre son massif de protection au cours des années 1960. Des percements ont été réalisés dans les années 2000 dans sa façade nord-est.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle , porte la date, daté par source, daté par travaux historiques
    • Secondaire : 4e quart 19e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1861, porte la date, daté par source, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Le corps de garde crénelé de la batterie de Ramonette est fondamentalement une adaptation du plan-type de corps de garde n° 3 de la circulaire du ministère de la Guerre du 31 juillet 1846. Les différences par rapport au plan-type portent sur :

- les dimensions, adaptées à la contenance de 25 hommes nécessaire à la batterie ;

- la suppression de la terrasse défensive trop difficile à défiler ;

- la compensation de la perte des créneaux de tir de la terrasse par le changement de sens des voûtes des trois pièces du fond afin d'augmenter le nombre de créneaux battant le terre-plein de la batterie, et par conséquence l'épaississement du mur du fond pour contrebuter les voûtes.

L'emploi du bâtiment comme magasin à munitions pour la batterie réorganisée en 1882 a entraîné le percement d'une deuxième porte dans un des locaux du fond. Un fort massif terrassé le recouvre alors sur trois de ses côtés, la façade sud-ouest se confondant avec l'escarpe de l'enceinte de la batterie. Une galerie à voûtes en demi-berceau appuyées sur la partie sommitale des façades entoure initialement le corps de garde sur ses trois côtés enterrés. Des puits de lumières similaires à ceux encore visibles à la batterie de Taillefer assuraient l'éclairage et l'aération.

La majeure partie du massif terrassé et de la galerie ont été détruits depuis les années 1960. Le dégagement de la façade nord-est ainsi obtenu, est intervenu au cours des années 2000 le percement de portes-fenêtres dans le prolongement des trois baies semi-circulaires. Un dispositif de portes reproduisant les parties de murs et les créneaux de tir détruits tente de compenser l'altération de l'aspect du bâtiment.

Les matériaux employés sont le schiste local pour les moellons et le granite importé du continent pour les pierres de taille. Le calcaire charentais a également été utilisé pour les encadrements des baies et des créneaux de tir. Dans ce dernier cas, il s'agit d'un emploi conforme aux préconisations du Comité des fortifications pour éviter les éclats dangereux pour les tireurs en privilégiant les roches tendres ou la brique.

  • Murs
    • schiste moellon
    • granite pierre de taille
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    terre en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte en berceau segmentaire
  • Couvertures
    • terrasse
  • Typologies
    corps de garde crénelé type 1846 pour 25 hommes atypique
  • État de conservation
    remanié
  • Mesures
    • l : 16,1 m
    • la : 12,1 m
  • Précision dimensions

    D'après document

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    corps de garde
  • Sites de protection
    loi littoral, site classé, zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique
  • Protections
    inscrit MH, 2000/10/30
  • Précisions sur la protection

    Inscription de l'ensemble de la batterie de Ramonette

  • Référence MH

Documents d'archives

  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives de l'Artillerie ; Sous-série 3 W, Opérations militaires : 3 W 32, Documents concernant le 3e arrondissement maritime (Lorient). Projet d'armement des côtes de la France, de la Corse et des îles. Titre III : Projet d'armement des côtes du 3e arrondissement maritime (Lorient), 1841-1843.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 3 W 32
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 42, Travail de la commission d'armement des côtes sur les frontières maritimes, 1844. Avis du Comité des fortifications du 7 novembre 1844.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 42
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 577. Commission de défense des côtes : tableau faisant connaître le nombre, l'armement et le classement des batteries de côtes des 1er (Cherbourg), 2e (Brest), 3e (Lorient), 4e (Rochefort) et 5e (Toulon) arrondissements maritimes, de la Corse, de l'Algérie et des colonies, 1860-1862.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 577
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 8, Places françaises et d'Algérie : 1 VH 292, Place de Belle-Île-en-Mer, projets et dépenses annuels, 1847. Direction du Génie de Nantes, Place de Belle-Ile, Mémoire du chef du Génie sur les projets extraordinaires pour 1847, 14 janvier 1847.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VH 292
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 582, Registre des avis du Comité des fortifications sur le crédit général pour la défense des côtes, 1846-1849. Séance du 11 juillet 1848, Place de Belle-Île et dépendances.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 582
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 8, Places françaises et d'Algérie : 1 VH 296, Place de Belle-Île-en-Mer, projets et dépenses annuels, 1860-1861. Direction du Génie de Brest, Place de Belle-Ile, Mémoire du chef du Génie sur les projets supplémentaires pour 1860-1861, 24 novembre 1860

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VH 296
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 584, Registre des avis du Comité des fortifications sur le crédit général pour la défense des côtes, 1858-1867. Séance du 16 avril 1861, Place de Belle-Île.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 584
  • Service historique de la Défense, Département Marine, Lorient. Archives de la Place et du Génie de Belle-Île-en-Mer ; Sous-série 4 S2, archives du Génie de Belle-Île-en-Mer : 4 S2 52, Direction du Génie de Brest, Place de Belle-Île, Règlement général et définitif des dépenses faites pour les fortifications de la place de Belle-Île (défense des côtes) pendant l'exercice 1861, 19 juillet 1862.

    Service Historique de la Défense de Lorient : 4 S2 52
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 41, Mémoires généraux sur les frontières maritimes, 1853-1885. Rapport sur la situation des travaux de défense des côtes à la fin de l'exercice 1861.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 41
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité, collection d'atlas des batteries de côte (1893-1913) : 1 VK 736, Atlas des batteries de côte, tome II, côtes de l'Océan au nord de la Pointe St Gildas, sans date [début 20e siècle].

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 736

Bibliographie

  • LE POURHIET-SALAT, Nicole. La défense des îles bretonnes de l´Atlantique, des origines à 1860. Vincennes, Service Historique de la Marine, 1983, 375 p.

  • FAUCHERRE, Nicolas, PROST, Philippe, CHAZETTE, Alain. Les fortifications du littoral, La Bretagne Sud. Chauray-Niort, collection : les fortifications du littoral. 1998, 279 p., ISBN 2-910137-24-4.

  • TRUTTMANN, Philippe (Colonel). Les derniers châteaux forts, les prolongements de la fortification médiévale en France 1634-1914 , Thionville, Klopp, 1993, 253 p. ISBN 2-906535-75-3.

Périodiques

  • CHAURIS, Louis, Nature et provenance des pierres mises en œuvre dans les ouvrages défensifs à Belle-Île (Morbihan), Bulletin de l'association bretonne, 2011, CXX, p. 285-302.

Annexes

  • Propositions de la commission de 1841 pour la batterie de Ramonette.
  • Préconisations du Comité des fortifications pour le corps de garde de la batterie de Ramonette, 1861.
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Bretagne
(c) Association 1846
Jadé Patrick
Jadé Patrick

Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".

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