Dossier d’œuvre architecture IA56132293 | Réalisé par
Thibert Laura (Contributeur)
Thibert Laura

Chargée d'étude mission patrimoine gestion des espaces maritimes

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  • enquête thématique régionale, Lorient Agglomération inventaire des patrimoines maritimes
Quai de Rohan et son front bâti (Lorient)
Œuvre étudiée
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Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lorient agglomération
  • Hydrographies
  • Commune Lorient
  • Adresse Quai de Rohan
  • Précisions
  • Dénominations
    quai, front bâti

Le quai de Rohan constitue un pôle d’activité nautique important et un accès privilégié au port de plaisance. Situé dans le centre de Lorient, il borde le quartier résidentiel « Nouvelle ville » au sud et abrite des infrastructures qui participent à l’identité maritime de la ville. Constitutif du port marchand, il est construit dans le dernier quart du 19e siècle ; le quai abritait alors des magasins et entrepôts de stockage permettant d’y faire transiter les marchandises liées aux activités commerciales du port.

C’est aussi un témoin de la Reconstruction après la Deuxième Guerre mondiale. Le nom du quai fut donné en 1891, en l’honneur d’une des familles nobles les plus importantes du Duché de Bretagne, les Rohan. Le prince de Rohan donna 30 000 livres à la Ville pour construire une cale sur le quai d’Aiguillon (actuel qui des Indes), rive gauche, entre 1778 et 1780.

 

Un front bâti de la Reconstruction

L’histoire du quai de Rohan est étroitement liée à la création du quartier de « Nouvelle Ville » mais aussi à celle du bassin à flot. Le front bâti du quai de Rohan et notamment les tours Castro sont un symbole de la reconstruction d’après-guerre. A l’échelle nationale, deux courants de reconstruction s’opposent : celle à l’identique ou bien la reconstruction qui rompt avec la tradition et qui permet de créer des bâtiments novateurs, comme c’est le cas pour le quai de Rohan. Des projets d’aménagements urbains dans la continuité du parc Jules Ferry sont aujourd’hui en réflexion afin de renforcer le lien entre la ville et la rade, via le quai de Rohan jusqu’à l’estacade.  Il s’agit en effet d’un espace

Rendre la maritimité au quartier 

L’aménagement portuaire du quai de Rohan est un témoin fort de l’identité maritime de Lorient. Il comprend des infrastructures telles que la capitainerie, l’aire de carénage et sa darse, ou encore le bâtiment des douanes. Plusieurs enjeux se posent notamment en termes d’aménagement urbain. Le quai de Rohan est finalement un espace assez peu connecté au centre ville.

Dans les années 1980, le programme politique de la commune est de redonner une image maritime au quai de Rohan et son quartier. Le projet de remodelage des barres de Rohan par le cabinet d’architecte Castro-Denissoff est une réussite sociale et architecturale, en apportant un aspect « maritime » à cet ensemble immobilier.

La démolition du bâtiment abritant la Maison de la mer  constitue une opportunité intéressante pour libérer une vue totale sur le port de plaisance et la rade et remettre en valeur la dimension maritime du lieu.

Ayant un rôle majeur dans l’activité portuaire au 20e siècle, c’est sur ce quai qu’étaient déchargées les marchandises liées aux activités commerciales. Ses pontons ont également permis l’accueil de bateaux prestigieux comme le" Belem", qui ne peuvent plus s’y amarrer aujourd’hui en raison de l’envasement du port. Des enjeux de conservation des pontons et appontements se posent. L’ancien appontement en béton situé au niveau de la capitainerie est par exemple dans un état de dégradation très avancé.

Depuis la Révolution française, l’Enclos du port est investi par la Marine. Les activités maritimes commerciales sont reléguées le long du quai d’Aiguillon (quai des Indes), construit entre 1766 et 1768.

Tout au long du 19e siècle et sous l’impulsion de la « Révolution industrielle », le port et les berges sont aménagés afin de permettre l’accostage de navires à vapeur. En 1845, des travaux débutent sur la rive droite du Faouëdic pour y construire un contre-quai. Le chantier est délicat, il faut non seulement l’édifier sur la vasière mais le protéger contre la poussée des terres de la vasière. Dix-sept ans de travaux seront nécessaires pour la construction de ces 450 mètres d’appontement. Il prend fin en 1863.

La construction de ce quai permettait d’accueillir des navires chargés de charbon en provenance d’Angleterre. Le quai participe au développement du trafic de « coat-coal ». Les navires repartaient vers l’Angleterre les cales remplies de poteaux de mine provenant des plantations bretonnes de pins maritimes. Les navires y déchargeaient également des barriques de vins et de rogue.

Dans son prolongement, le quai du port d’échouage permettait, par ailleurs, l’accostage de bateaux de pêche qui vendaient leurs poissons à la criée municipale qui jouxtait les magasins généraux de la Chambre de Commerce.

Le projet d’aménagement du contre-quai précède celui de l’aménagement d’un nouveau quartier (Nouvelle-Ville) sur la profonde lagune de Kergroise. Voies ferrées, grues, zones de stockages, entrepôt et usines se partagent les terres nouvellement acquises sur la vasière.

 

Le quai de Rohan, un espace de mobilité

Le dépôt de la Compagnie de tramways de Lorient trouve place sur le quai en 1897. Le tramway est mis en service de 1901 à 1944. Il ne sera pas remis en service à l’issue de la guerre. Si les vedettes de la rade accostent quai des Indes, c’est le "courrier de Groix" qui s’amarre rive droite. La gare maritime est opérationnelle de 1960 à 1998. Elle se déplacera à quelques centaines de mètres dans l’anse de Kergroise à la fin du 20e siècle.

 

La réhabilitation du quai de Rohan après-guerre

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Lorient est une ville détruite. Le quartier de Nouvelle Ville et son quai de Rohan sont destinés à l’habitat. Les activités portuaires de commerce quittent alors définitivement le centre ville pour la rade et une nouvelle partie du bassin à flot est comblée. Trois barres d’immeubles s’élèvent sur 10 étages.

 Ces HLM, avec vue sur la rade, sont les piliers du nouveau quartier résidentiel bordant le quai de Rohan, celui de « Nouvelle ville ». Les bâtiments reconstruits hâtivement après la guerre se dégradent et ne sont plus adaptés aux nouvelles normes en matière d’habitat dans les années 1990. En 1989, un projet de remodelage urbain est alors envisagé dont l’objectif est de travailler sur l’urbanité du quartier dans son ensemble. Un appel d’offres est lancé par Jean-Yves Le Drian, maire de Lorient. L’atelier Castro-Denissof est choisi pour réhabiliter les barres de Rohan. En tout, 480 logements sont travaillés par l’atelier d’architecture. Le principe retenu est de remodeler les trois barres sans démolir l’existant. Ainsi, la barre longue de 160 mètres est scindée en deux et laisse place à une rue. La hauteur de l’immeuble est également réduite d’un étage. Les façades se dotent de terrasses et de fenêtres en encorbellement (bow-windows). A l’intérieur, les appartements sont modifiés et mis aux normes. Les deux autres immeubles de 80 mètres de long suivront la même évolution. Les travaux s’étendent de 1992 à 1996.

Au cours des années 1980, la Maison de la mer est implantée sur le quai de Rohan et intègre le centre de culture scientifique, technique et industrielle à vocation maritime. Le bâtiment est démoli en 2022 pour répondre au projet d’aménagement urbain de la Ville.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle, 19e siècle
    • Secondaire

Le quai de Rohan est un espace public situé entre deux zones. La première est tournée vers l’actuel port de plaisance et le centre-ville. C’est un lieu d’attractivité et de dynamisme. La seconde est tournée vers la gare maritime et la rade, dont l’espace est consacré aux activités industrialo-portuaires et à la plaisance.

Le quai de Rohan s’étend aujourd’hui du bâtiment de la Sous-Préfecture de Lorient faisant face au miroir d’eau jusqu’à l’actuel quai Éric Tabarly (anciennement boulevard de l’estacade). Une promenade est aménagée le long du port et rejoint l’ancienne estacade jusqu’au belvédère permettant d’admirer la vue sur la rade.

En termes de mobilité et d’accessibilité, le quai de Rohan est un espace essentiellement dédié au stationnement. Le front bâti du quai est à usage mixte (institutions publiques, école, commerce et habitat). Les trois anciennes barres d’immeubles, réhabilitées par l’architecte Roland Castro et son atelier, se dressent à la perpendiculaire du quai.

  • Murs
    • béton
  • Statut de la propriété
    propriété publique, Rue

Bibliographie

  • Le Hénanff Soazig et Courtet Eric, Lorient d'hier à aujourd'hui, Saint-Avertin, Éditions Sutton, Regards Croisés, 2013

  • COMBES Eline, "Quai de Rohan, l'histoire d'une métamorphose", mémoire de Master 2 sous la direction de Johann NICOLAS, Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Bretagne, 2019/2020

  • Notice urbaine, "secteur de l'estacade et façade maritime", ville de Lorient, pôle AET/DUO, 2020

  • Le Bouëdec Gérard et Cérino Christophe, Lorient ville portuaire - Une nouvelle histoire des origines à nos jours, Rennes Presses Universitaires de Rennes, 2017

Documents figurés

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Bretagne
(c) Lorient Agglomération
Thibert Laura
Thibert Laura

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