Dossier d’aire d’étude IA56132361 | Réalisé par
  • enquête thématique départementale, Les ports de Sainte-Catherine et Pen Mané à Locmiquélic
  • enquête thématique régionale, Les ports de Bretagne
L'Inventaire des patrimoines culturels des ports de Locmiquélic
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  • (c) Archives départementales du Morbihan

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Locmiquélic
  • Adresse
    • Commune : Locmiquélic

En 2023, les deux ports de Locmiquélic, Sainte-Catherine et Pen Mané, sont bien à l’abri dans la rade de Lorient, l’un en son centre, l’autre à l’embouchure du Blavet. Les petits canots amarrés le long des deux cales rappellent le passé des Minahouets – la pêche à pied et embarquée. Ces canots passent le témoin à la plaisance, très présente dans l’estuaire depuis les années 1980 et depuis peu, mars 2023, à un Imoca, bateau de course skipper par Tanguy Le Turquais qui prépare à Sainte-Catherine, le Vendée Globe 2024. Une première !

Ici, patrimoines maritimes matériels et immatériels se confondent, à la fois visibles et invisibles, en surface, sous l'eau, soumis aux marées, au sel, aux tempêtes et par conséquent réparés, restaurés, adaptés aux nouveaux besoins, donc évolutifs. Voilà qui n'est pas le moindre des paradoxes.

Si les plages, les vasières, les anses existent toujours, leurs usages ont changé et certains disparus. Longtemps, la protection des bateaux n’était garantie que par ces anses profondes, tel celles de Nezenel, ou le Loch. Longtemps, les zones de carénage, d’échouage n’étaient autres que les plages, le rivage. Le temps a effacé les traces du travail jusqu'à celles des épaves. La pêcherie des Franciscains résiste jusqu'aux années 1950 pour disparaître sous un parking et un chantier naval. Probablement édifiée à la fin du 15e siècle, la pêcherie était jusqu'alors une très rare trace "d'un aménagement portuaire" dans la rade de Lorient. Ses deux digues protégeaient les chaloupes qui assuraient le passage entre l’îlot de Sainte-Catherine et l’autre rive, à Beg ar Groas (actuel Kergroise à Lorient) suivies des chaloupes sardinières dès le milieu du 19e siècle.

Jusqu’en 1919, Locmiquélic, Sainte-Catherine, Pen-Mané dépendent de la commune de Riantec. La scission se négocie depuis la décennie 1880 - et concorde avec l’accroissement des besoins en main d'oeuvre dans le monde de la pêche du quartier du Port-Louis. Les conserveries se développent sur toute la côte sud bretonne. Dans le Morbihan, Port-Louis, commune voisine, est le centre de cette activité sardinière jusqu’à la Première Guerre mondiale. Les aménagements portuaires sont rares. Si une cale est construite assez tôt, probablement dans les années 1880 à Sainte-Catherine, en 1922, la jeune municipalité compte bien défendre la construction d’un espace portuaire. L’activité halieutique se développant, elle doit être soutenue au moyen d’abris sûrs face aux vents dominants Ouest -Sud Ouest.

Pen Mané est une colline rocheuse qui surplombe l’embouchure du Blavet. Cette hauteur qui dégage une large vue sur tout le littoral, en fond de rade, à quelques encablures de Lorient, est une vigie idéale et devient un point clé du système de défense de la rade dans les années 1760. De part et d’autre, deux profondes anses abritées découvrent à chaque marée. Elles offrent des ressources en coquillage et goémon à la population riveraine, autant qu’elles protègent les chaloupes des pêcheurs, au nombre augmentant progressivement à partir des années 1860. Militaires et pêcheurs, longtemps les seuls à fréquenter le rivage, croiseront bientôt les ouvriers de l’arsenal qui embarqueront à bord des bateaux à passager pour le quai des Indes à Lorient. La première cale est construite alors qu’est inauguré le nouveau port de commerce dans le Faouëdic à Lorient. Nous sommes à la fin des années 1860. Les traversées quotidiennes ne cesseront plus. La seconde moitié du XXe siècle est ponctuée de grandes mutations. Le fort est déclassé. La dernière pinasse de Pen Mané, la Méduse, est désarmée en 1978. Ces années 1970 et 1980, la plaisance, le loisir, la valorisation du patrimoine militaire émergent dans les politiques d’aménagement communal. Mais les enjeux du secteur dépassent largement les frontières de la commune ! La Chambre de Commerce et d'Industrie du Morbihan voue une destinée industrialo portuaire à l’anse abritée sur le Blavet, entre Kervern et Pen Mané. Si le projet ne se concrétise pas, l'endiguement de celle-ci, au cours des années 1970, ouvrira la voie à une réserve ornithologique dans les années 1990.

Voilà quelques exemples extraits de l’étude qui expriment autant les permanences que les évolutions. La rive gauche est point de passage et pourvoyeuse de main d’œuvre depuis des siècles. La liaison maritime existe toujours et n'est pas prête de disparaître. Ce qui change ? Ces vingt dernières années, la rive gauche est lieu de vie choisi par une jeune génération avec enfants pour sa qualité de vie, la proximité de la ville accessible en bateau, la proximité de la nature, de la mer. Elle renouvelle les usages, construit de nouvelles pratiques, fabrique le patrimoine maritime de demain. La rade, immuable, est lien, d’une rive à l’autre, de génération en génération ! Avec ce point commun au fil des siècles, la fascination autant que la crainte de l’océan. Réaliser l'inventaire portuaire de Locmiquélic c'est révéler combien ces héritages témoignent d'une très longue tradition d'échanges !

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2023