L’anse de Pen Mané a longtemps servi de port d’échouage pour les chaloupes des pêcheurs du village de Nezenel et probablement de Sainte-Catherine lors des tempêtes. Certaines cartes postales et photos anciennes laissent supposer pourtant la continuité de cet usage bien après l’arrivée des bateaux de fort tonnage comme les dundées au tournant du 20e siècle puis les pinasses au cours de ce siècle.
Dans les années 1970, alors que la pêche ne caractérise plus le port de Pen Mané, un projet qui dépasse largement les sphères communales voit le jour. Le plan directeur du groupement d’urbanisme de Lorient de ce début de décennie fait état d’une zone industrielle projetée à long terme dans le Blavet et porté par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Morbihan (CCIM), gestionnaire du port de commerce lorientais. En 1972, cette dernière demande la concession à charge d’endigage des 136 ha entre Sterbouest et la pointe de Pen Mané pour faire face à la pénurie de zones industrialo-portuaires sur la rive droite. En parallèle, l’étude du franchissement de la rade est à l’œuvre et intéresse tout particulièrement les élus de Locmiquélic qui observent la baisse continue de la population de la commune depuis 1968 faute de possibilités de travail (1968 : 4 542 hbts ; 1975 : 4284 ; 1982 : 4002 ; 1999 : 3945 . Source Insee). Le cordon d’endigage est réalisé par les déblais en provenance de la zone du Rohu, sur l’autre rive du Blavet à Lanester.
Dix ans plus tard, cette réserve foncière s’élève à environ 240 ha « dont une moitié le sera en terrains gagnés sur la mer à l’abri d’un endigage, en domaine public maritime » précise Yvonick Gicquel, directeur de la CCIM, dans la brochure « Lorient de la porte des Indes à la porte océane bretonne », datée du 29 août 1981. Les alertes écologiques émergent dans la législation ces dernières années jusqu’au renforcement de l’inaliénabilité du domaine public maritime et prépare une évolution des consciences collectives à la protection des espèces et des milieux naturels.
La CCIM continue ses études prospectives sur la zone et remet un dossier précis au ministre de la Mer, Louis Le Pensec, lors de sa visite des équipements portuaires à Lorient le 24 juillet 1981. Le dossier détaille l’implantation d’une « centrale thermique de 1 000 mégawatts, avec un procédé de gazéification du charbon jugé non polluant » pour faire face au déficit énergétique du Morbihan, après l’annulation de la centrale nucléaire à Plogoff. [source : La Chambre de commerce et deux siècles d’économie du Morbihan, Yvonig Gicquel, édition Coop Breizh-CCIM, 2008, pp. 383/384. ]
Ce projet ne verra jamais le jour, en revanche celui de la réserve ornithologique à l’étude par Bretagne Vivante (anciennement SEPNB) en 1986 se concrétisera après quelques atermoiements et des projets aussi surprenants qu'un lieu de tournage. Les 83 hectares du marais de Pen Mané sont gérés depuis 2010 par le Conservatoire du Littoral par affectation du nouveau propriétaire, la Région Bretagne. En 2016, un garde du littoral est recruté pour assurer la gestion du site et la mise en œuvre des actions de valorisation de la biodiversité.