Le canot de sauvetage, dit "canot tous temps" armé par 6 hommes, "Aimée-Hilda", insubmersible et inchavirable, a été construit en 1949 par le chantier P. Jouet de Sartrouville, le 17ème canot d'une série de 25 construits. Il a pris comme nom de baptême, les deux prénoms de ses marraines et généreuses donatrices Aimée Fournier et Hilda Gélis-Didot (pour le financement de sa construction).
Le canot fut baptisé en grande pompe pendant l'été 1950, en présence de l'évêque Courcoux et du maire de Perros-Guirec Joncour. En remplacement du canot "William Speer" (construit en 1936), il fut affecté et resta jusqu'en 1975 à la station de sauvetage des Hospitaliers Sauveteurs Bretons de Ploumanac'h, la Société Centrale de Secours au Naufragé, créé en 1865, devint la SNSM en 1967. Les principaux patrons du canot de sauvetage furent : "Jego", Joseph Le Goff, Dédé le Vot et Yves-Marie Perrin.
Le canot fut désarmé en 1975 et remplacé par le canot Jean Denoyelle, et vendu à des particuliers qui modifièrent le plan de la cabine, avant de le céder pour un franc symbolique en 1986 à la ville de Perros-Guirec. La ville fit restaurer une partie des œuvres mortes de la coque (le roof et ôter tous les aménagements ajoutés par la plaisance) au chantier Clochet de Plouguiel en 1991. La cabine vitrée de plaisance, qui avait été rajoutée, a été enlevée et le roof refait à l'identique, avec un portique neuf. Le roof a reçu un nouveau barrotage et un toit neuf. Des membrures en chêne ont été découpées et furent rajoutées aux bouchains.
Puis le canot resta quelques années dans le bassin à flot du port de Perros, servant de temps en temps de bateau de servitude (installation des barrages flottants lors de la marée noire du Tanio), avant qu'une association ne se créée en octobre 1995 pour le faire naviguer, après une nouvelle cure de jouvence (de 1995 à 1996). Les bénévoles de l'association relayés par les adhérents de l'association "Ar Gentilez" de Ploumanac'h se donnèrent comme défi de présenter la coque rénovée aux fêtes maritimes de Brest 99.
Le bateau fut transporté dans le hangar de M. Hignard à la Clarté, où la coque fut d'abord entièrement poncée, tous les aménagements démontés (dont la centaine de caissons étanches en cuivre, soudés à l'étain), et les deux moteurs Beaudouin de 27cv déposés. Ces moteurs furent ensuite déculassés pour le rodage des soupapes, le remplacement des segments, l'embrayage et l'échappement. Un moteur identique avait été donnée pour les pièces de rechange par Eliès de Carantec, en provenance d'un dragueur d'huîtres. Les plaques en bronze des dalots ont été refaites. Le bénitier qui supporte le gouvernail a été restauré à l'atelier. La première barre à roue (en bois), qui avait été volée a été remplacée par une roue en bois. Le fanal arrière a laissé la place à un puissant projecteur. La toile avec le cagnard pour s'abriter dans le cockpit a été remplacé par un panneau en contre-plaqué. Un mât en pin douglas devait compléter le gréement, dont le plan de voilure original avait été retrouvé ainsi que le plan de formes de la coque. Le navire retrouva ses couleurs d'origine et son mât de pavillon de la Société Centrale de Secours au Naufragé (SCN), en reprenant la mer en avril 1997. Il est armé en 5ème catégorie.
Il faut préciser que la population locale était très attachée à ce canot, dont les sorties en mer étaient rythmées par le pavillon noir hissé et les deux coups de canon, qui appelaient les marins au sauvetage. Le canot participait tous les ans au pardon de la chapelle Saint-Guirec aux fêtes religieuses de Ploumanac'h (illustrations : photos datées de 1954-55) et aux régates, où il sortait de son abri à pleine vitesse, en partant le nez en avant. Les commandes de gaz étaient dans la machine, ce qui nécessitait la présence du mécanicien et du patron pour manœuvrer le bateau en bonne coordination. Aujourd'hui, les manettes sont près de la barre à roue dans le cockpit. Pour renouveler cet usage des gens de mer, "Aimée-Hilda" fêta ses 50 ans en 1999, en renouant avec le pardon de Saint Guirec.
"Aimée-Hilda" est le dernier canot de sauvetage de ce type encore à flot en France. Ses deux sister-ships le canot "Jean Gouzard", premier de la série, construit en 1939 est conservé dans l'"Espace maritime", musée de Dieppe et le second "Cdt. L'Herminier" est "à laisser perdre" à Rouen. Le canot "Aimée-Hilda", (malgré quelques transformations), est aujourd'hui l'unique bateau de sauvetage de cette série en état de naviguer.
Chargée d'études d'Inventaire