Cartes des noms de lieux du domaine maritime jaguen - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

Cette carte marine intitulée "Baie de l'Arguenon" a été levée en 1829 par l'ingénieur géographe Beautemps-Beaupré. Elle a été annotée en 1986 par Jean-François Carré à partir de ses recherches historiques et ethnographiques sur les noms de lieux du domaine maritime jaguen (auprès de Pierre Aubin, ancien marin-pêcheur jaguen, principal informateur). Une carte originale a pu ensuite être éditée à plusieurs exemplaires, cependant la liste des marques est restée confidentielle (non éditée), avec seulement quelques exemples publiés dans la revue de l'association "Les amis du Vieux Saint-Jacut". Cette carte est associée à la liste des 179 basses avec leurs marques, c'est à dire leurs alignements pour pêcher en bateau sur des fonds découvrants, à la ligne, au chalut, à la drague, en dérive. Ce travail transcrit de toponymie maritime est suffisamment rare pour être repéré et sélectionné comme témoignage de la richesse du patrimoine maritime jaguen. Les basses indiquées peuvent être des : - basses de prime flot, de jusant, en toute marée, au bas de l'eau, etc. - marques pour pêcher seulement en morte-eau - bases jamais découvrantes Chaque marque correspond à un type de pêche et à une technique de pêche et de navigation dans un lieu précis : - pour draguer les huîtres au large - pour pêcher à la ligne en dérive, le saumon à la traîne entre le Frémur et l'Arguenon - pour faire un trait, à la drague des praires (dans la baie de Beaussais) ou au chalut pour les soles - pour mouiller les casiers dans un trou à congres Ces bases et leurs alignements ne peuvent cependant être interprétées que par des pêcheurs locaux, habitués à cette navigation à l'estime et aux repères topographiques, disposant d'une connaissance approfondie des lieux tant à terre qu'en mer. Exemples : - en venant du large, la "Dorée du large", au flot, suivre l'alignement suivant : "le tertre de la chapelle des Hébihens, ouvert de deux laizes de voile de la pointe de la Haie et la maison Savary, rasant à l'ouest la Petite Dame Jouanne". - Roches à l'Ouest du plateau de Nerput : pêchage du Nord-Est de la base Chrétienne : le clocher de Saint Enogat par le sommet de l'île Nord du Décollé. Le moulin de Plate Roche par un petit rocher entre les deux et Nerput. Le clocher de St-Jacut à l'accore de la pointe de la Haie. - Huîtrière : le moulin de Saint-Jacut par la balise de la Moulière. La Garde Guérin par la pointe de la Haie. Le meilleur mouillage est la balise des Peronniaux entre la maison Guinchoi et le clocher de St-Briac. La toponymie maritime renseigne aussi sur l'archéologie des lieux, ainsi la Banche de min de se et Mon sa aux Ebihens, rapellent la présence de "fours à sel" sur le site des Ebihens.

Carte marine gravée sur papier de fort grammage.

Cette carte marine et la liste des bases de Saint-Jacut et de son environnement maritime, méritent d'être signalées et éditées, comme témoignage des connaissances à la fois ethno-écologiques et hydrographiques des marins-pêcheurs jaguens.

CARRE, Jean-François. Noms de lieux du domaine maritime jaguen. In Les Amis du Vieux St-Jacut. St-Jacut-de-la-Mer : Association les Amis du Vieux St-Jacut, 1985, n° 8.

CARRE, Jean-François. Noms de lieux du domaine maritime jaguen. In Les Amis du Vieux St-Jacut. St-Jacut-de-la-Mer : Association les Amis du Vieux St-Jacut, 1986, n° 9.

PRIGENT, Guy. Saint-Jacut-de-la-Mer et le parler jaguen. In Pêche à pied de usages de l´estran, sous la dir. De Guy Prigent. Catalogue de l´exposition présentée au Musée d´Art et d´Histoire de Saint-Brieuc, mai-octobre 1999. Rennes : Apogée, 1999.

AUBIN, Pierre, GOUPIL, Roger, BACHELOT, Rémi, CARRE, Jean-François. Témoignage oral sur les pêches côtières, les pêcheries et les noms du domaine maritime jaguen. Saint-Jacut, 1988.

AUBIN, Pierre, GOUPIL, Roger. Témoignage oral sur les pêches côtières. Saint-Jacut, 15 février 2008.

CARRE, Jean-François. Témoignage sur les noms du domaine maritime jaguen et le bestiaire maritime en jégui. Saint-Jacut, 2008.

Termes de toponymie maritime spécifiquement jaguens, collectés auprès de Pierre Aubin, de Rémi Bachelot, de Michel le Chapelier, de Jean-François Carré et de Roger Goupil

Remarque : le territoire de pêche des Jaguens s'étendait de la pointe de la baie de Lancieux au Cap Fréhel, en passant les rivages de Saint-Cast, par l'Arguenon, les baies de Lancieux et de la Fresnaye. Ils pouvaient autrefois aller jusqu'aux îles de Bréhat. Le parler maritime jaguen s'apparente au gallo, qui emprunte lui même au vieux français, au latin et au breton.

- 'Les loups' : groupe de base ou basses dans le Nord de la pointe de St-Cast.

- 'Le plain de mars' : la grève de Penguen ou des Callots.

- 'La pointe de la Nonaise'.

- 'Les porfonds' : le Petit et le Grand Porfond à Saint-Cast.

- 'La tonne des Bourdinots' : marque de balisage d'un banc au large de St-Cast

- Le Pussoué : la Pointe de St-Cast.

- 'L'anse de Ka' : entre la pointe de la Garde à Saint-Cast et Penguen (du latin ansa : poignée et par analogie signifie une petite baie, au sens de creux, s'enfonçant assez peu dans les terres, comme une crique).

- 'La pointe du Bay' : vient du gaulois beccos, pointe ou cap.

- 'La baste' : la digue.

- 'La Fresnaye' : vient du mot frêne : frênaie littorale.

- 'Banchenou' : banc, marais.

- 'Bec Rond' : une pointe, un cap arrondi.

- 'Le Chaland' : la traversée de l'Arguenon se faisait au lieu dit 'Le Chaland'.

- 'Les Graviers' : lieu de grève, du gaulois grava, composé de graos sable et de caillou, en bas breton : grouan.

- 'Le Guildo' : Guelédou (13ème siècle), l'endroit où la rivière s'élargit. Goas, en breton, signifie le ruisseau ; ledou est le pluriel de ledan, signifie large, étalé.

- 'L'Île Saint-Cast' : prieuré de Saint-Jacut (1163).

- 'Port Jacquet' à Saint-Cast : port Jagu ou Jacut, fréquenté régulièrement par les Jaguens

- 'Essart' : terrain défriché

- 'Noë' : hydronyme

- 'Plage de la Pissotte' : du latin pissiare : uriner.

- 'Plage' : du latin plaga (étendue de terre), rivage en pente douce, et de l'italien pliaggia : espace plat découvert en bord de mer, en Grec, signifie les côtés, les flancs.

- 'La Fosse-Chenue' : au confluent de l'Arguenon et du Guébriant (du latin fodere, creuser) et du vocable chenue ("qui a des cheveux blancs").

- 'La Pointe du Bay' : du latin puncta (estacade), terme redondant.

- 'La rue des Quais' (au Guildo) : le mot cai est datable du 12ème siècle, provenant du vieux mot français quayage : droit payé par les marchands usagers du quai.

- 'P'tit foc' : c'est ainsi qu'on désignait à Saint-Jacut une toute petite pièce de terre en forme de pointe.

Balisage de la baie des Ebihens

En 1836, la baie des Ebihens n'était pas balisée. Il fallut attendre l'année 1863, pour que le rocher Platus soit balisée par une tourelle et 1873 pour qu'une partie du balisage souhaitée soit réalisée, à l'exception des rochers appelés Rocher des Colin, Mine de Sel et l'Anon, soit Les rochers suivants furent balisés : la Cherbotière, la Roche aux Grands et la Bassière.

Bibliographie

Documents audio

Annexes

Carnets de pêche et cartes marines