La bannière montre sur sa face principale une représentation de Notre-Dame de Ty Mamm Doué, librement inspirée de la statue conservée dans la chapelle. Figurée en buste, et occupant plus de la moitié de la hauteur de la bannière, elle tient dans son giron à la fois son enfant et les fidèles participant à une procession de pardon. Les hommes sont revêtus du costume glazik (petit bleu) tandis que les femmes portent la borledenn, coiffe du pays de Quimper. Trois bannières ponctuent le défilé. La procession émerge d'un paysage brodé en partie basse, mêlant champs et maisonnettes. La palette de couleurs employée est caractéristique du travail de cette artiste qui mêle souvent dans ses œuvres le bleu de l'Armor (la Bretagne maritime) et le brun de l'Argoat (la Bretagne intérieure).
Au revers est figuré Julien Maunoir, en buste également, derrière la chapelle Ty Mamm Doué, ainsi que des fidèles en procession selon le même mouvement ascendant que sur la face principale. D'après certains hagiographes, le destin de ce prêtre jésuite, prédicateur et missionnaire des campagnes bretonnes, est étroitement lié à la chapelle Ty Mamm Doué. En effet, il y aurait reçu d'un ange le don de la langue bretonne, après s'être ouvert à la Vierge de son désir de maîtriser le breton afin d'évangéliser la région. C'est ce miracle qui est ici rappelé, l'ange étant sobrement figuré sous la forme d'un oiseau, motif très présent dans le travail d'Annaïg Le Berre.
L'originalité de cette œuvre tient dans la vision renouvelée qu'elle offre de la bannière. Si l'objet - dans son aspect général et sa fonction - demeure inchangé, il présente d'importantes innovations figuratives. En lieu et place du classique personnage en pied ou de la représentation fidèle de la statue vénérée, au centre du panneau, se développent de larges tableaux à l'iconographie riche et hautement symbolique. La pratique rituelle de la procession, comme hommage rendu à la Vierge, est présentée comme facteur de continuité et de cohésion dans l'histoire de la chapelle.
Mais la singularité de cette approche n'empêche par l'artiste de reprendre et d'adapter certains éléments de la bannière traditionnelle, comme les bordures ornées de décors végétaux - ici enrichis d'oiseaux -, les inscriptions en breton en partie haute ou encore la technique des visages peints à l'huile sur toile.
Chargée d'études à l'Inventaire