La collégiale de La Madeleine de Champeaux contient aujourd´hui cinquante-quatre stalles datées de la fin des années 1520. Elles furent, en effet, vraisemblablement réalisées à l´occasion du mariage de Louise de Goulaine et de Guy III d´Epinay, seigneur de Champeaux et grand-échansson de la duchesse Anne de Bretagne, en 1528. Les commanditaires se sont fait représenter en médaillon sur les jouées intermédiaires des stalles basses nord. Louise de Goulaine y est figurée vêtue d´une robe à encolure carrée et les cheveux recouverts par une petite coiffe nouée sous le menton. Le portrait ne paraît pas flatteur en comparaison de celui de Guy d´Espinay qui, lui, s´est fait représenter en César, couronné de lauriers. Nul doute ici que des médailles antiques ont influencé ces portraits. Les armoiries très nombreuses (mi-parti de France et d´Angleterre) ont presque toutes été bûchées, mais bien souvent de manière sommaire, de sorte que les lions couronnés et les fleurs de lys sont encore visibles. L´ensemble est dans le style de la première Renaissance, exception faite de quelques miséricordes dont les thèmes sont encore d´inspiration médiévale, à l´image des monstres serpentiformes. Les hauts-dossiers sont couverts de blasons, de mascarons, de grotesques et d´objets allégoriques suggérant la Passion autant que les arts libéraux. Les miséricordes offrent un panorama très varié du répertoire iconographique de la renaissance bellifontaine. Hercule est ainsi représenté enfant combattant le serpent, des centaures tirent à l´arc et des sirènes, masculines et féminines, se confondent avec les silvani, très nombreux. Plusieurs scènes ont un caractère érotique assez net comme une femme assise, nue et le sexe bien visible ou encore un petit angelot, assis également, et qui plonge sa main entre ses cuisses, regardant le spectateur d´un air équivoque.
L´atelier qui a réalisé ces stalles n´est pas connu. Néanmoins, il est intéressant de noter la similitude de style entre ces stalles et la cathèdre se trouvant dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne, exécutée à la demande de François de Laval (1528-1556) au milieu du XVIe siècle. Détail intéressant, ce dernier était le fils de Guy XIV de Laval et d´Anne d´Espinay. Les lions qui tiennent les armes de l´évêque sur le siège épiscopal sont assez proches, dans leur traitement (crinières, museaux arrondis, griffes) de ceux présents sur les stalles de Champeaux, bien que le sculpteur semble différent. Enfin, les commanditaires de stalles de Champeaux ont également fait construire leur tombeau dans cette même collégiale par un architecte angevin, Jean Delespine.