Anaïs Tissier a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la commune de Coatréven (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2018 (6 mois).
- opération ponctuelle, Inventaire du patrimoine industriel de Fougères
- (c) Ville de Fougères
Dossier non géolocalisé
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Aires d'étudesFougères
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Adresse
- Commune : Fougères
Autrefois capitale française de la chaussure et principale ville industrielle d'Ille-et-Vilaine, Fougères a connu un essor industriel sans précédent à partir du milieu du 19e siècle, lié notamment au développement de cette industrie.
Cependant, c'est à partir du 12e siècle au pied du château de Fougères, que se développent les premières "industries" médiévales de la ville : tanneries, draperies et teintureries s'établissent au bord du Nançon.
Au fil des siècles, ces activités prospèrent dans la cité, mais au 19e siècle s'opère un véritable changement qui marquera l'histoire de la ville.
En 1830, suite à la crise de l'industrie textile à Fougères, les fabriques se spécialisent dans la confection des chaussons en laine tressée, complétée par celle du sabot en bois, alors très développée à Fougères.
En 1848, la fabrication du chausson en laine tressée est en crise et à partir de 1850, cette dernière est concurrencée par celle des chaussons en feutre. Alors que la première est simple, la deuxième comporte des opérations bien distinctes, telles que la taille d'une tige, la confection d'une semelle, l'assemblage des pièces de la tige et enfin la réunion de la tige à la semelle, qui amorcent la fabrication de la chaussure en cuir.
A cette époque, 12 000 à 15 000 paires de chaussons sont fabriquées par an. Les "chaussonniers" travaillent alors sans machine et cousent les semelles à la main.
En 1868, Hyacinthe Cordier ramène des États-Unis la machine à coudre Blake - dont un exemplaire est exposé aux Ateliers à Fougères - et fonde la première véritable usine. L'assemblage tige-semelle à l'aide d'une machine fut l'occasion de la première percée technologique.
Cette industrie de la chaussure donne un nouvel élan au travail du cuir, si bien qu'en 1872, environ 5 000 personnes travaillent dans la chaussure, soit près de la moitié de la population (11 000 personnes). En 30 ans, le nombre d'habitants est doublé et en 1906, 12 000 à 14 000 personnes travaillent dans 35 ateliers.
A cette époque, nombreux sont les ouvriers qui travaillent à domicile et peu d'ateliers sont mécanisés. Cependant, l'installation à Fougères de United Shoe Machinery peu avant la Première Guerre mondiale permet aux entreprises fougeraises de se moderniser, par un système de location aux entreprises des machines qui ne sont plus utilisées dans les grandes usines. De nombreux petits ateliers côtoient quelques grandes usines telles que Cordier ou Morel & Gaté et l'industrie de la chaussure connait son âge d'or à Fougères. A la veille de la Première Guerre mondiale, 47 usines sont présentes dans la ville.
Vers 1930, l'arrivée de l'électricité permet l'individualisation des postes de travail et à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Fougères compte alors 61 usines et atteint le nombre de 70 en 1946.
Ce dynamisme encourage la multiplication d'activités annexes et sous-traitantes, afin de fournir en matières premières les entreprises de chaussures : le cuir pour la fabrication des tiges, les formes en bois, les patrons en carton et emporte-pièces en métal, les talons et semelles en cuir ou en bois et enfin les emballages et boites en carton.
Fougères est alors l'une des principales villes industrielles d'Ille-et-Vilaine et surtout la capitale française de la chaussure féminine.
Le déclin s'amorce néanmoins à partir du milieu du 20e siècle. Ne pouvant plus résister à la concurrence internationale, les usines cessent peu à peu leurs activités et les ouvriers de la chaussure ne sont plus que 2 000 au début des années 1970.
De nos jours, plus aucune usine ne fabrique de chaussure à Fougères, mais l'industrie du cuir n'a pas disparu pour autant. Aujourd'hui encore, la ville recèle un patrimoine industriel (matériel et immatériel), témoin des pratiques et des savoir-faire qui ont fait sa renommée.
Contexte de l'opération
Consciente de l'intérêt et de la variété de ses patrimoines, la Ville de Fougères a souhaité mener un inventaire exhaustif et homogène de son patrimoine mobilier industriel, afin d'en avoir une lecture globale, assurer sa conservation dans le temps et sa mise en valeur.
Débuté à partir d'octobre 2019, cet inventaire s'inscrit dans le cadre d'une convention signée entre la Région Bretagne et la Ville de Fougères et en partenariat avec l'association La Sirène qui a pour mission de recenser, préserver, rassembler et valoriser dans un même lieu la mémoire industrielle du Pays de Fougères de manière vivante. Cette opération fait suite à plusieurs actions menées depuis la fin des années 1990 pour la connaissance et la valorisation du patrimoine industriel fougerais.
Enjeux et objectifs de l'enquête
Menée en étroite collaboration avec l'association La Sirène, il s'agit de constituer une base de connaissance à travers la rédaction de notices, de documenter les objets inventoriés et de réaliser un diagnostic sur le nombre et l'état des pièces, afin de porter à connaissance de tous la richesse de ces collections.
L'objectif est de définir les orientations en matière de conservation et de valorisation de ces collections ainsi que sa connaissance, qui bénéficiera au futur Centre d'Interprétation de l'Architecture et des Patrimoines, dont l'ouverture est prévue en 2022.
Délimitation de l'aire d'étude
Les limites de l'aire d'étude sont celles de la ville de Fougères, territoire de plus de 20 000 habitants situé à l'est du département d'Ille-et-Vilaine et ville-centre du bassin de vie de Fougères Agglomération.
Les sites concernés par cette opération d'inventaire sont la Maison de Savigny et les anciennes usines de chaussure Minelli-Avenir et Bertin. Alors que les deux premières abritent des collections de machines industrielles appartenant à la Ville de Fougères, la dernière abrite une collection propriété de l'association La Sirène, partenaire du projet.
Les objets mobiliers concernés par cette opération d'inventaire sont toutes les machines manuelles et industrielles, liées particulièrement à l'industrie de la chaussure, présentes sur ces différents sites.
Une collection témoin du passé artisanal et industriel de la ville
A Fougères, alors que la ville possède un inventaire de ses anciennes usines ainsi qu'un important fonds d'enregistrements oraux liés à l'industrie fougeraise, l'inventaire des machines vient aujourd'hui compléter la connaissance que la Ville a de son passé industriel.
Au total, 328 machines ont été inventoriées, réparties sur trois sites : 51 à la Maison de Savigny, 182 sur le site de l'ancienne usine Minelli-Avenir et 95 à Bertin. Alors que le premier site recèle une importante collection de machines à coudre anciennes, les deux autres sites conservent des collections de machines majoritairement liées à la fabrication de la chaussure et dans une moindre mesure, un ensemble de machines liées à la fabrication des sabots en bois.
La valorisation de cet inventaire se concrétise à travers la publication de ces notices de recensement, consultables sur le site https://kartenn.region-bretagne.fr/patrimoine/, visualiseur cartographique de la Région Bretagne.
L'industrie de la chaussure
Constituées au fil des ans, les collections détenues par la ville et l'association La Sirène sont riches d'un ensemble de machines retraçant toutes les étapes de fabrication d'une chaussure. Cette dernière fait appel à plusieurs métiers et demande entre 80 et 120 opérations qui se découpent en quatre étapes : la fabrication de la tige, le montage, l'assemblage le finissage.
Ces collections sont aussi représentatives des évolutions techniques survenues au cours des décennies. Passant d'une fabrication artisanale manuelle dans de petits ateliers à une fabrication industrielle automatisée dans de grandes usines, dans ces collections se côtoient machines manuelles, mécaniques, hydrauliques et électriques.
Sur les trois sites concernés par l'opération, 297 concernent de manière plus ou moins directe l'industrie de la chaussure à Fougères.
Une riche collection de machines à coudre
Sur ce total, 138 sont des machines à coudre réparties sur les trois sites : 33 à Savigny, 78 à Minelli-Avenir et 27 à Bertin. Il s'agit d'un panel de machines allant de la seconde moitié du 19e siècle à la seconde moitié du 20e siècle et retraçant plus d'un siècle de l'évolution technique des machines à coudre : machines à main côtoient ainsi machines à pédale, mécaniques et encore électriques.
La saboterie
Activité autrefois importante, la fabrication des sabots en bois était très présente à l'orée de la forêt de Fougères. Si la fabrication se faisait au départ de manière manuelle, les machines sont apparues dans la première moitié du 20e siècle. C'est ainsi que la Ville et La Sirène conservent chacune une collection d'outils et machines liées à cette fabrication (cuillers, paroir, tours, creuseuses...).
- (c) Ville de Fougères
Bibliographie
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GASNIER, Marina. INVENTAIRE GÉNÉRAL DES MONUMENTS ET DES RICHESSES ARTISTIQUES DE LA FRANCE, Commission régionale Bretagne. Patrimoine industriel d'Ille-et-Vilaine. Editions du Patrimoine, 2002, (Indicateurs du patrimoine).
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BIGNOLAS Anne, Une ville industrielle : Fougères de 1850 à nos jours, Ville de Fougères, 2007, 31p. ISBN 978-2-9509353-0-4
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FOUREL Gérard, BARON Marc, Fougères l'ouvrière, Fougères, Association La Sirène, 2013, ISBN 978-2-9544563-0-0
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ARDILLIER R., L'art de bien connaître tout ce qui concerne la chaussure, Fontaine, Editions EMOTION PRIMITIVE, 2010, ISBN 978-2-35422-177-5
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Périodiques
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pp. 85-110. -
JUBAN Guy, Le Pays de Fougères, une vocation agricole et industrielle, in Le Pays de Fougères n°22, 1979, pp.10-12
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DULONG-GUENÉE G., Les sabotiers, in Le Pays de Fougères n°29, 1980, pp.15-18
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CUCARULL Jérôme, Réflexions sur le patrimoine industriel du Pays de Fougères, in Le Pays de Fougères n°81, 1991, pp.54-56
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LANGLOIS Maurice, Petits métiers... Le sabotier, in Le Pays de Fougères n°86, 1992, pp.22-24
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HEUDRE Daniel, La chaussure, une aventure industrielle. Exposition Maison de Savigny à Fougères - quartier médiéval, in Le Pays de Fougères n° Hors-série, 1996, 27p.
Anaïs Tissier a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la commune de Coatréven (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2018 (6 mois).
Anaïs Tissier a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la commune de Coatréven (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2018 (6 mois).