Ensemble stratégique à l'origine du développement de la station balnéaire, le lotissement de La Garde-Saint-Cast s'étend sur les terrains acquis, en 1884, par le peintre Alfred Marinier dans un but spéculatif, comme le confirment les publicités nombreuses dans lesquelles il propose la vente de terrains et de villa sur plans, relayées par les guides Alix, son gendre. Ses associés possèdent également des terrains à Dinard, référence implicite suggérée par la première appellation de l'actuelle rue Alix, le boulevard des Villas-de-la-Mer, nom du célèbre lotissement de Saint-Enogat réalisé par l'éditeur de Victor Hugo, Albert Lacroix.
L'hôtel de voyageurs, sa digue et ses cabines de bains constituent, ici aussi, le pôle structurant du lotissement qui forme à l'origine un pôle isolé au sud de la plage.
Dans ces vastes terrains vallonnés où il construit sa propre demeure, Alfred Marinier va ouvrir plusieurs axes de circulation et faire planter de nombreux arbres, dont certains proviennent semble-t-il de la générosité du baron de Kerpédron, qui possède alors une villa à Saint-Lunaire. A ce titre également, le lotissement Marinier est un exemple particulièrement intéressant par la qualité de sa végétation (chênes, pins et acacias) qui le distingue des lotissements contemporains de la Malouine, à Dinard, ou de Saint-Lunaire.
Ce lotissement à trame paysagère, unique sur la côte d'Emeraude, conçu comme un vaste parc paysager autour de sa propre demeure, restera un modèle de référence pour les stations balnéaires comme le montre le projet d´aménagement de 1932 pour la pointe de Saint-Cast. Aux rues qui serpentent à flan de coteau sont liés des cheminements piétons en escalier, qui permettent de ménager un espace de promenade dans ce site boisé.
Bien que le plan de 1886 figure 41 lots vendus, l'opération s'est avérée un échec financier pour le promoteur. A partir de 1907, l'ouverture de la ligne de chemin de fer va permettre la relance du site, comme l'indique la documentation relative au nouveau cahier des charges du lotissement rédigé en 1926, qui précise que de nombreuses ventes ont lieu entre 1904 et 1925. C'est en effet le projet de voie ferrée qui incite le gendre d'Alfred Marinier à demander l'ouverture d'une voie reliant le lotissement aux Mielles. La rénovation de l'hôtel Ar-Vro, à la fin des années vingt, contribuera au regain d'intérêt pour le site dont témoignent plusieurs villas construites entre les deux guerres. Les parcelles restées vides sont cependant nombreuses, au lendemain de la guerre comme le montre l'importance des maisons de la deuxième moitié du 20e siècle présentes dans le lotissement.
Photographe à l'Inventaire