Un port de fond d'estuaire
Situé en fond d’estuaire, le port de Dinan occupait dès l'époque médiévale une place importante dans le commerce international, notamment dans celui des toiles de lin et de chanvre qui étaient produites sur place et dans l'arrière-pays et transportées vers l'Angleterre, les Flandres, l'Espagne puis les colonies américaines. Aux 17e et 18e siècle le port de Dinan est un point de ralliement de toute la partie sud de la Bretagne dans ses relations avec Saint-Malo, l’un des premiers ports français. Jusqu’au milieu du 19e siècle de nouvelles activités industrielles s’y développent mais le commerce par voie d’eau peine à se maintenir concurrencé progressivement par un meilleur réseau routier avec la construction du viaduc en 1852 et l’arrivée du Chemin de fer à partir de 1879.
Les quais de Lanvallay, rive est
Le quai Talard.
En 1754, les États de Bretagne, pour faciliter le transit et l’accostage des bateaux dégagèrent une somme importante pour la construction du quai Tallard. Plusieurs bâtiments baignant dans la Rance seront détruits, comme le logis et les écuries du sieur Salmon qui s'installera en 1756, rue de la Madeleine. Toutefois, un plan de 1784 mentionne encore quelques bâtiments ce qui indique que les projets d’aménagement se sont étendus jusqu'à la fin du 18e siècle et après lors de la canalisation de la Rance.
Le quai Hamon Ferron
Le quai Hamon Ferron n'est pas construit en 1829 comme en témoigne «le plan des abords du Pont de Dinan relatif à l'estimation des terrains à acquérir pour l'établissement du chemin de halage». La construction de ce dernier est lié à la canalisation de la Rance dont les écluses sont mises en service en 1832. Des passages couverts sous le chemin de halage seront aménagés afin de permettre l’accès à l’eau aux tanneurs et blanchisseurs de la rue du Four.
Le bâti
Maisons de marchands et entrepôts
Les maisons de marchands et entrepôts étaient situés principalement aux abords du pont. Parmi les édifices disparus, signalons la maison de Jean Le Chapellier, dont la grandeur et les activités marchandes traduisent une aisance certaine. Elle est signalée dans un acte de 1671 retranscrit par Yvon le Corre. Elle joignait par le devant « le carrouel de la Magdeleine et la rue du Four, par le derrière le pont de la rivière de Rance ». C’était une grande maison, avec deux celliers, un grenier à sel, deux cuisines basses, cinq antichambres et boutiques avec ses « estaux », porches et devantures, six chambres hautes avec les greniers et galetas. De l’autre côté du pont étaient les entrepôts de Pierre Salmon, marchand tanneur, négociant et commerçant en gros de vin et autres marchandises, mais aussi fermier général du prieuré de la Madeleine. Les bâtiments expertisés sur le quai en 1758 indiquaient des surfaces importantes, plus de 310 m2 d’une valeur marchande considérable estimée à dix mille livres.
Maisons de plaisance ou vide-bouteilles
A l'angle de la rue Jean Pertuis subsiste un pavillon du 17e siècle qui évoque les nombreuses maisons de plaisance ou « vide bouteilles » implantées sur les rives de la Rance par les bourgeois de Dinan. Cette villégiature offrait un dépaysement proche grâce a ses perspectives sur la Rance et à l’aménagement de jardins d’agrément dont les appellations évoquent un art de vivre plaisant : « le jardin de Madame », « le petit jardin », « le verger », le « jardin des clos ».
Nouvelles constructions
Le cadastre de 1844 n’indique que très peu de constructions aux abords du quai Talard : trois bâtiments à usage commercial, deux pavillons de plaisance avec jardins et la ferme du Clos. La plupart des anciennes façades étaient recouvertes d’un enduit de chaux qui accentuait le côté néoclassique de l’architecture. La maison de la Rance était autrefois une ferme de la fin du 19e siècle dont les terres étaient encore exploitées avant sa réhabilitation. De l’autre côté du pont sur le quai Hamon Ferron, un cercle nautique est installé au milieu du 20e siècle dans la cour d’une ancienne habitation de tanneurs et caractérise les nouvelles activités de loisirs qui vont désormais animer le port de Dinan/Lanvallay.
Photographe à l'Inventaire