Cet ensemble bâti ancien, à la fois résidence seigneuriale et exploitation agricole est situé entre la ville de Tréguier (850 mètres) et le bourg de Minihy-Tréguier (600 mètres). Une partie des archives de la seigneurie de Kernabat est conservée aux Archives départementales des Côtes-d’Armor sous la cote 2 G 250. La réformation de la paroisse de Ploulantréguier de septembre 1437 mentionne : "Jehan Lohogat, métayer à Jehan David en son manoir de Kernabat" (selon Patrick Pichouron dans "Manoirs et propriétaires aux 15e et 16e siècles dans le régaire de Tréguier et la seigneurie de Botloy-Lezardre (Dans les limites actuelles des cantons de Lézardrieux et Tréguier), 1994, p. 17.). Un dénommé "Geffroy Le Lagadec, sieur de Kernabat" disposant de 200 livres de revenu a comparu en archer porteur d’une brigandine à la montre de Tréguier ("Ploelantreguier") de 1481. En 1503, il comparait avec deux archers "bien montés et armés de brigandines". La seigneurie a ensuite appartenu aux familles du Cosquer (François du Cozkaer en 1677) et Morinière.
Le toponyme "K[er]nabat", est mentionné sur le cadastre de 1834 de Tréguier. En breton, Kernabat signifie le "lieu habité par l’abbé". L’institut géographique national (IGN) a également retenu "Kernabat". Non loin de Kernabat se situe le manoir de Keroudot et le placis de la fontaine Houdot, une ferme dite de métairie de Kernabat, une fontaine de dévotion et un routoir.
Si le logis manorial est très vraisemblablement datable de la fin du 15e siècle ou du début du 16e siècle, il a été modifié en profondeur dans la première moitié du 19e siècle (1811).
Le Chevalier de Fréminville dans "Antiquité de la Bretagne. Côte-du-Nord" (1837) évoque le manoir en ces termes : "La maison principale construite dans le style gothique du quatorzième siècle [sic] est accompagnée d'une tourelle hexagone renfermant l'escalier qui est une fort belle vis en pierre de taille ; la cour de figure carrée est environnée d'une forte muraille flanquée à chaque angle de tours rondes, mais qui sont aujourd'hui à demi ruinées. Le nom de Kernabbat [sic] (manoir de l'abbé) que porte ce manoir, indique que c'était un fief de la possession des évêques de Tréguier, qui y levaient un droit de péage sur tous les bateaux ou barques qui remontaient et descendaient la rivière."
Le portail (non vu) a fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments historiques en 1931.
Le manoir de Kernabat a fait l’objet d’une couverture photographique en 1973 et 1974 dans le cadre du pré-inventaire de la commune de Minihy-Tréguier (alors qu’il se situait sur le territoire administratif de la commune de Tréguier). A cette époque, le manoir était exploité en ferme comme le montrent les photographies.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.