La ruralité de Vildé-Guingalan est non seulement visible par la construction de nombreuses fermes dans les différents lieux-dits qui occupent son territoire, mais aussi par la présence de quatre fermes construites dans le cœur du bourg et d’une ferme située à son entrée. Ces constructions bordent la rue, elles sont représentatives de celles recensées sur l’ensemble du territoire.
Dans le bourg tout comme sur l’ensemble de la commune, les anciens corps de fermes forment majoritairement un ensemble bâti aligné. Cet ensemble diffère des alignements de maisons puisqu’il regroupe à la fois les habitations des fermes et des dépendances qui sont liées aux activités agricoles et à l’élevage. Les dépendances s’inscrivent souvent dans cet ensemble, ou sont construites près de lui.
La ferme située au 6 rue des Templiers, avec son alignement comportant un logis, des dépendances et un fournil en entrée de parcelle, en est un exemple représentatif. Ces alignements sont également partout présents à l’extérieur du bourg, tels qu’au lieu-dit de Viel, de Coavou, ou du Bois Brunet.
L’exemple de Viel permet de constater que ces constructions s’organisent généralement à partir d’une première entité, pour former un alignement constitué de plusieurs logis ajoutés au fil des générations. Ces logis se reconnaissent par leur organisation intérieure, visible à l’extérieur par la présence d’une porte, d’une fenêtre à l’étage et d’une cheminée dans chaque unité d’habitation. Les autres bâtiments de cet alignement se sont construits successivement de part et d’autre de ces logis. La présence de gerbières dans les étages indique qu’on y trouvait à l’origine des greniers. Les dépendances que sont la grange et l’étable, sont situées aux extrémités des alignements et autours de ces derniers.
Les alignements sont très représentatifs de l’architecture locale, mais il faut souligner qu’en dehors de ces grands ensembles qui marquent le paysage par leur ampleur, il existait également des fermes de taille plus réduite, composées d’un logis et de quelques dépendances. Leur principe de fonctionnement est similaire à ceux des maisons rurales du bourg, mais ces fermes montrent des dispositions plus variées. Certaines fermes sont formées de plusieurs bâtiments isolés les uns des autres telles qu’à La Vieuville. La commune présente également un certain nombre de fermes dont les corps de bâtiments sont disposés en L, cette structuration du bâti se retrouve notamment aux lieux-dits de Le Férulais et de Boculé.
L’architecture agricole du bourg, qu’elle s’apparente ou non à la typologie des alignements, est néanmoins représentative de l’architecture de la Vallée de la Rance. Comme pour les maisons du bourg, ces édifices possèdent souvent des lucarnes capucines avec des linteaux en arc segmentaire, sculptés en chapeau de gendarme. Par ailleurs, les édifices construits entre le 3e et le 4e quart du XIXe siècle présentent des travées décentrées, axées au tiers de la façade. Cette composition de la façade traduit l’organisation interne des logis comme il est possible de l’observer à la ferme 2 à 4 rue de la Commanderie. En effet, le lit, ou les autres meubles imposants, étaient souvent placés à l’extrémité aveugle de la pièce. Au-delà de cette question technique, l’emploi de ce motif architectural en façade montre l’influence de l’architecture régionale sur l’architecture vildéenne. Néanmoins, tout comme pour les habitations du bourg, il faut garder à l’esprit que certaines façades ont été remaniées et qu’elles ne permettent pas de donner la date originelle de la construction de l’édifice.
Concernant l’organisation interne, au rez-de-chaussée, la salle commune servait à la vie familiale. Dans la plupart des fermes, et petites exploitations, la vie humaine était concentrée dans une grande pièce à tous usages : préparation et prise des repas, pièce de séjour, couchage et toilette. La cheminée jouait un rôle central puisqu’elle constituait l’unique point de cuisson et de chauffage du logis. Le sol en terre battue, dénommé « la place », était renouvelé en enlevant la couche superficielle, remplacée par un mélange d’argile et de terre. Souvent les murs recevaient un enduit argileux badigeonné de chaux. Tout le périmètre pouvait être meublé avec des lits, armoires, buffets, vaisseliers, alors qu’un coin était réservé pour la baratte. L’étage était bien souvent accessible par un escalier ou une échelle de meunier, il était réservé au stockage du grain, parfois on y trouvait aussi un lit. L’éclairage naturel du logis, ainsi que des bâtiments annexes était faible car les baies étaient souvent de petite dimension.
L’architecture agricole se reconnaît également par son patrimoine d’accompagnement, construit suivant l’importance de l’exploitation. Lorsqu’elles ne sont pas intégrées au corps principal, les dépendances lui font souvent face, ou peuvent s’organiser autour d’une cour. Les tracés de routes ultérieurs aux anciennes fermes peuvent induire une séparation entre celles-ci et l’élément annexe. Ce patrimoine d'accompagnement n'est pas représentatif de l’architecture de la Vallée de la Rance à proprement parler, mais il est néanmoins un témoin de l’architecture locale.
On distingue plusieurs sortes de dépendances. Les granges sont reconnaissables à leurs larges portes pouvant laisser passer une charrette, alors que les écuries et les étables possèdent des portes qui peuvent être toutes aussi hautes, mais plus étroites. Les autres dépendances sont de taille plus réduite, mais comme les granges et les étables ou écuries, elles peuvent également être surmontées de greniers, qui étaient accessibles au moyen d’une échelle placée devant la gerbière.
Parmi ces dépendances, les soues à cochons sont également facilement identifiables dans le paysage. Ce sont de petits édifices parfois accolés aux extrémités des fermes tels qu’on peut en voir au lieu-dit de Coavou, mais plus souvent indépendants, comme au lieu-dit Le Tracin. Les soues sont dotées de portes assez basses, ouvrant vers l’extérieur. Il s’agissait souvent de portes à husset, qui sont des portes dont les parties hautes et basses pouvaient s’ouvrir de façon indépendante. Il en reste quelques rares exemples sur la commune. Par ailleurs, dans le lieu-dit de Boculé, trois soues à cochons présentent une forme très originale qu’il convient de souligner. En effet, ces soues sont de plan centré, soit circulaire, ce qui est atypique sur la commune et à l’échelle locale.
Les fournils sont des dépendances significatives, souvent indépendantes du reste de la construction. Ils se reconnaissent par leur petite taille et par la présence d’une cheminée sur un des murs pignons. Ils étaient généralement utilisés par tous les habitants d’un même hameau ou d’un ensemble d’habitations. Plusieurs des fournils encore en place sur la commune ont conservé leur four à pain semi-circulaire, visible à l’extérieur du bâtiment. À Vildé-Guingalan, tous les fournils sont entièrement réalisés en granite et couverts d’un toit à deux pentes en ardoise. Ils ne sont plus en usage aujourd’hui et tendent à disparaître. Pourtant, ils sont un symbole de la vie rurale et des liens de sociabilité qui pouvaient exister entre les habitants d’un même lieu. Les fours de ces fournils, en revanche, n’ont pas tous été conservés. La plupart sont couverts d’ardoises, mais ils peuvent également être recouverts de chaux.
Les puits et fontaines comptent parmi le patrimoine d'accompagnement associé à cette architecture agricole. Ceux-ci sont d'autant plus nombreux que Vildé-Guingalan possède un réseau hydrographique dense.
Cette architecture que l’on peut qualifier d’agricole, tant dans les hameaux que dans le bourg, est aussi marquée par la présence de trous de boulins pour des pigeons en façade.
Anaïs Tissier a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la commune de Coatréven (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2018 (6 mois).