Dossier thématique IA22133332 | Réalisé par ; ;
Tissier Anaïs (Contributeur)
Tissier Anaïs

Anaïs Tissier a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la commune de Coatréven (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2018 (6 mois).

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  • inventaire topographique, Dinan agglomération
Vildé-Guingalan et la route nationale
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Dossier non géolocalisé

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  • Aires d'études
    Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude

Perception du bourg par la route nationale

L’axe historique de circulation traversait auparavant le bourg et passait par l’actuelle rue des Templiers. Les bâtiments que cette voie longe sont en majorité construits en front de rue et présentent dans l’ensemble une certaine uniformité architecturale. Cette homogénéité est liée à la période d'expansion du bourg, qui s’est majoritairement développé sur un temps court entre 1824 et le début du XXe siècle et a gardé son authenticité depuis. L’omniprésence du granite dans les constructions du bourg accentue cette impression. La route nationale offrait ainsi une vue resserrée, interne, du bourg.

Cet axe a ensuite été dévié, ce qui a donné lieu à la création d’une nouvelle route passant plus au sud du bourg, en lieu et place de l’actuelle route de Dinan. Parce qu’elle s’est ajoutée au tissu urbain existant, le tracé de cette route nationale n’a de choix que de passer derrière les parcelles des maisons situées rue de L’École, provoquant la création d'une perception peu commune depuis ce passage. En effet, habituellement lorsque l’on traverse un bourg, nous empruntons l’axe majeur qui le parcoure et qui offre une perception interne, soit une vue frontale des édifices. Or, dans le cas de Vildé-Guingalan, le nouveau tracé de la RN propose aux usagers une vue donnant sur l’arrière des maisons. À Vildé-Guingalan, cette nouvelle perception éloigne le regard et nous propose une vue plus large du bourg. Le tracé de la route nationale installe également une mise à distance qui n’existait pas avec l’axe historique.

Le tracé actuel de la route nationale a de nouveau évolué et s’est vu repoussé toujours plus au sud. Devenue une 2x2 voies, cette route n’offre aucune visibilité sur le bourg de Vildé-Guingalan.

Le bourg est ainsi perceptible de trois manières différentes. Depuis la route nationale, le voyageur ignore qu'il traverse la commune, alors que depuis la route de Dinan son regard se porte sur une vue inhabituelle de l'arrière des parcelles. Enfin, lorsqu'il traverse le bourg, son regard se porte sur les façades des maisons.

En 1824, la voie reliant Dinan à Lamballe est devenue la Route Nationale 176. Cette dernière est une voie importante dans l’histoire du bourg de Vildé-Guingalan, puisqu’elle a joué un rôle primordial dans son évolution.

Au cours du XIXe siècle, la commune a connu un développement important le long de cet axe. Nous savons qu’à cette époque, et jusque dans la première moitié du XXe siècle, de nombreux commerces étaient présents dans le centre et faisaient de Vildé-Guingalan un bourg attractif.

Au cours du XXe siècle, suite à la généralisation de l’automobile, le trafic routier devient de plus en plus important et de nombreux véhicules traversent le bourg de Vildé-Guingalan. À cette époque, le trafic routier passant par le centre est particulièrement dense, il a donc été décidé en 1975 de dévier cet axe. La route nationale est ainsi légèrement déplacée au sud du bourg et l’ancienne nationale devient alors une départementale, nommée "rue des Templiers" dans le bourg. Ce transfert est également la conséquence de la réforme de 1972 sur le déclassement des routes nationales.

Suite à ce déplacement, intervient un phénomène d’extension à l'est de la commune, visible avec l’exemple de la Zone Artisanale de Vaucouleurs située au sud de la RN 176.

L’intensification de ce trafic à la fin du XXe siècle provoque un nouveau déplacement de cette voie en 1994, avec la création d’une 2x2 voies reliant Brest à Caen. L’ancienne RN devient alors la route départementale 776, ou Route de Dinan. La ZA de Vaucouleurs connaît alors une expansion, constante depuis cette époque.

Ainsi, le développement de la commune a été marqué par les déplacements successifs de l’axe principal est-ouest et la dernière déviation vient véritablement scinder la commune en deux entités distinctes. Elle crée une rupture tant visuelle que fonctionnelle, puisqu’à cette occasion certaines routes ont été coupées, notamment celle reliant le bourg au lieu-dit Coavou. Le bourg se trouve paradoxalement à la fois isolé et désenclavé après la modification du tracé de l’axe principal. Cette modification permet en effet à la commune de s’ouvrir plus largement sur l’extérieur, mais crée dans le même temps une déviation qui supprime le trafic routier dans le centre et qui atténue son dynamisme.

Comme témoins physiques de l’importance de cet axe, il est encore possible de voir aujourd’hui de nombreuses peintures publicitaires et quelques panneaux indicateurs.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle
    • Principale : 4e quart 20e siècle

Les inscriptions publicitaires:

L’ancien passage de la RN 176 (avant 1975) a laissé des traces dans le centre-bourg. En cheminant le long de la route, il est encore possible de distinguer 10 inscriptions publicitaires peintes (plus ou moins bien conservées) sur les murs pignons des maisons de bourg. Ces peintures des années 1950-1960 témoignent de l’histoire de Vildé-Guingalan comme d’un lieu de passage important. La liste ci-dessous les resitue d’Ouest en Est.

Inscriptions n°1 et n°2 :

Ces deux inscriptions sont situées sur les murs pignons ouest et est du restaurant « La Borgnette », au n°7 de la route de Dinan (D776). Ce bâtiment fait l’angle avec la rue de la Borgnette et il est de ce fait placé à l’entrée historique du bourg. Les publicités sont peu lisibles et partiellement recouvertes de peinture beige, mais elles semblent être identiques. Ce bâtiment est le seul à posséder deux inscriptions publicitaires en raison de son emplacement stratégique: ses murs pignons orientés à l’ouest et à l’est sont visibles à la fois par les voyageurs arrivant à Vildé-Guingalan, comme par ceux qui en sortent.

Inscription n°3 :

L’encart publicitaire le plus dégradé est encore observable au n°1 rue de la Commanderie, sur le mur gouttereau nord. Cette habitation est située à l’entrée de la rue de l’École, dans un tournant de la route. La publicité était de ce fait visible par les voyageurs venant de Dinan. Très effacée, la peinture comprend des traces blanches pour son cadre et pour l’ancien lettrage, et bleues pour le fond.

Inscription n°4 :

À proximité de la précédente, la publicité située au n°1 de la rue des Templiers est une des mieux conservées. Elle se trouve sur le mur pignon nord de l’édifice et était de ce fait tournée vers les voyageurs se rendant à Lamballe. L’inscription, « BRILLANTINE FORVIL » est inscrite dans un cadre blanc,sur fond bleu marine pour le mot « brillantine » et simplement cernée de noir pour le nom de la marque. Cet encart partiellement recouvert de lierre met en avant une marque de soins capillaires fondée en 1923. La typographie et les couleurs employées permettent de dater la peinture des années 1950.

Inscription n°5 :

Au n°5 rue des Templiers, sur le mur pignon nord-est qui fait l’angle entre la rue et la Venelle du Puits, une inscription sur fond blanc est rendue illisible par la présence de lierre. Seule la peinture verte en hauteur du mur et au niveau du cadre de l’encart est perceptible, ainsi que la trace d’un lettrage noir. Elle était visible par les automobilistes arrivant de Dinan. Une photographie de 2002, disponible en Mairie, permet de dire que cet encart faisait la promotion de la marque Valentine.

Inscription n°6 :

L’inscription située sur le mur pignon nord-est au n°7 de la rue des Templiers est une des mieux conservées dans le bourg. Tout comme les inscriptions n°4 et n°5, elle était visible par les voyageurs se dirigeant vers Lamballe. Elle est constituée d’un lettrage blanc cerné de noir : « BISCUITS LU LU », sur fond bleu. Le nom de la marque est agrémenté de touches de jaune et de rouge. Cette peinture semble recouvrir une publicité plus ancienne placée en partie basse, au niveau de l’appentis.

Inscription n°7 :

Sur le mur pignon nord-est du n°27 de la rue des Templiers, deux anciennes inscriptions se superposent. Elles sont aujourd’hui cachées par un panneau publicitaire mais il est possible de distinguer un lettrage blanc indiquant «COGNAC B……T ». La marque est inscrite dans un cercle bleu marine, encadré d’un carré blanc. Cette peinture en recouvre une autre plus ancienne et plus large, composée de lettres jaunes sur fond bleu. Ces inscriptions étaient visibles par les automobilistes arrivant de Dinan.

Inscription n°8 :

La plus colorée des inscriptions se trouve au n°41 de la rue des Templiers, sur le mur pignon sud-ouest. La publicité est difficilement lisible, avec un lettrage jaune sur fond bleu : « JAMBON OLIDA ». Elle était visible par les voyageurs se rendant à Dinan.

Inscription n°9 :

À l’entrée historique est du centre-bourg, le n°43 rue des Templiers accueille la première peinture visible par les visiteurs arrivant à Vildé-Guingalan depuis Dinan. Placée sur le mur pignon nord-est de l’habitation, elle fait l’angle avec la rue de la Vallée. Peu lisible, cette ancienne publicité comporte des traces de polychromie blanche, jaune et bleue, des formes géométriques et les lettres « MART », pour Martini.

Inscription n°10 :

La dernière inscription est éloignée du centre-bourg, mais elle se trouve tout de même sur l’ancien tracé de la RN176, au n°21 de la rue des Moulins à Vaucouleurs. Réalisée sur le mur pignon ouest de l’habitation, elle est aujourd’hui perceptible depuis la N176/E401 en direction de Rennes. Les teintes de bleu, de blanc et de noir de cette peinture sont recouvertes d’une peinture beige qui empêche toute identification.

Les panneaux indicateurs

Éparpillés sur le territoire communal, il existe également trois panneaux indicateurs Michelin en béton armé et en émail, datés du 3equart eu XXesiècle. Le fait qu’ils aient été conservés témoigne de l’importance de la route nationale pour l’histoire vildéenne. Un de ces panneaux est aujourd’hui situé dans le centre-bourg et sert de décoration au croisement de la rue du Pont des Vignes et de la rue des Templiers. Les noms de la commune, « VILDÉ », de la région « CÔTES du NORD » et de la route « N 176 » sont indiqués sur la plaque émaillée. Ce panneau a été restauré. Les deux autres panneaux semblent être à leur emplacement d’origine. Le premier est similaire à celui du centre-bourg. Il est situé rue de la Vallée et visible par les automobilistes arrivant du nord. La date portée en bas à droite de la plaque émaillée est peu lisible. Le troisième panneau est différent des deux autres. Il est situé dans le lieu-dit L’Épinay, au sud de la commune et indique une succession de virages. Il est daté du 20 décembre 1958.

Documents d'archives

  • Photographies anciennes, Archives communales de Vildé-Guingalan.

    Ville de Vildé-Guingalan

Documents figurés

Annexes

  • Liens vers les notices de recensement des panneaux indicateurs :
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Bretagne
(c) Université de Rennes 2
Tissier Anaïs
Tissier Anaïs

Anaïs Tissier a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la commune de Coatréven (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2018 (6 mois).

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