Dossier d’œuvre architecture IA22133370 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
Manoir de Keriec (Minihy-Tréguier)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Tréguier
  • Commune Minihy-Tréguier
  • Lieu-dit Keriec
  • Dénominations
    manoir
  • Parties constituantes non étudiées
    dépendance

Une partie des archives de la seigneurie de Keriec [Kerriec, voire Querriec] est conservée aux Archives départementales des Côtes-d’Armor sous la cote 2 G 233. Neuf pièces concernent la période allant de 1540 à 1760. Ces documents ont été étudiés par Michel Le Henaff et Monique Peron dans le cadre d’une recherche sur le Moulin de Pont ar Scoul qui dépendait à l’origine de la seigneurie de Keriec.

A la montre de l'évêché de Tréguier en 1481, (rassemblement des nobles en armes), on comptabilise la présence de quarante-deux nobles de Minihy-Tréguier dont Prigent Kerriec, doté de 10 livres de revenu, porteur d’une brigandine (armure légère servant de cuirasse) et qui comparaît en archer et Vincent Kerriec doté de 10 livres de revenu, porteur d’une brigandine et qui comparaît également en archer.

En 1540, le dénommé Jehan de Keriec est désigné comme "noble écuyer maître" et "seigneur dudit lieu" décrit ainsi "lieu et manoir [page pliée] granges, galerie, étables, portes, courtils [petit jardin clos attenant], jardins, vergers, garenne [terrain destinés au droit de chasse et de pêche], bois, rabines [espèce de bois qu’on n’a pas coutume d’émonder], issues [accès ou portes] en cestes [adjectif démonstratif en vieux français] et tous autres appartenances étant en la paroisse de Poulantréguier". D’autres terres et des fermes, exploitées en convenants, sont rattachées la seigneurie.

En 1608, noble écuyer Tanguy de Keriec, seigneur dudit lieu, de Lescorre, de Keranbellec, du Cornezou, du Kerguézennec tient la seigneurie de son frère ainé Yves de Keriec. Il a pris pour femme Marguerite du Trévou dite dame de Kerambellec.

Sa fille, Louise de Kériec s’est mariée avec Jan du Trévou.

Leur fils unique, René du Trévou a épousé en 1637 Jeanne de Lanloup.

En 1659, Jean-Baptiste du Trévou (fils de René du Trévou, né en 1639), seigneur de Kersauzon en la paroisse de Penvénan est dit seigneur de Keriec. La seigneurie est décrite ainsi : "le lieu et manoir noble de Keriec [...] consistants en ses maisons, cours, granges, maisons à four, puits, jardin, colombier et courtils desjouxte, bois de haute futaie, rabines, bois taillis et douze pièces de terre desjouxte des prochains et appartenances du dit lieu, joignantes et s’entretenantes" [...]. Cette famille blasonne "d’argent au léopard de sable ; alias accompagné de six merlettes de même orle".

Selon l’Armorial de Guy Le Borgne de 1667, Kerriec, près de Lantréguier blasonne "d'azur à une fleur de lys d'or, côtoyée en pointe de deux macles de même comme Coatanfao", et a pour devise "Pa Garro Doue", quand il plaira à Dieu. Toujours selon Guy Le Borgne, un seigneur de cette maison était capitaine de la forteresse de Lesneven au début du 15e siècle.

Jeanne du Trévou, fille de Jean-Baptiste du Trévou et de Catherine de La Forest a épousé en 1689 Claude Charles Joseph du Botdéru, chevalier, seigneur de Kerdrého en Plouay et de la Touche. L’un de ses enfants, Jacques René du Botdéru, dit seigneur de Keriec, épouse Claude Agathe du Bois de Dourduff, dame de Bruslé, en Bubry.

Adelaïde Blanc du Bos (1767-1856, petite-fille de Jacques René du Botdéru, fille de Adélaïde du Botdéru et de Joseph Blanc du Bos) hérite ensuite du manoir et de ses dépendances. Elle épouse Camille-Philippe de Lantivy du Rest (propriétaire de Keriec en 1835 selon le cadastre). En 1846, le moulin à eau de Pont ar Scoul, dépendant à l’origine de la seigneurie, est vendu : il est acquis par Guillaume Nicol époux de Catherine Crechriou, déjà convenanciers des lieux (il était exploité en convenant par Joseph Crec’hriou en 1835).

Logis manorial datable de la seconde moitié du 15e siècle (porte ouest en arc brisé ouest et cheminée de la salle basse dont les corbelets sont bordés par un petit cavet) et de la fin du 16e siècle (cheminées de la partie sud et arrière-linteaux "qui remonte" datables des années 1600). Il a été vraisemblablement agrandi vers le nord dans le premier quart du 17e siècle (cellier au-rez-de-chaussée et chambre haute avec latrines accessibles depuis la salle basse par un escalier droit). La charpente avec sous faitière est datable de la fin du 17e siècle. Les carreaux de terre cuite sont des remplois provenant d’une autre pièce du logis. Le logis manorial a perdu sa tour d'escalier après 1835 date d'établissement du cadastre.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 15e siècle, 16e siècle, 1er quart 17e siècle
    • Secondaire : 19e siècle, 2e moitié 20e siècle

Selon les états de section du cadastre de 1835, les parcelles environnantes sont désignées comme "parc ar graing [?], labour" (n° 516), "aire et bâtiment" (n° 517), "parc jaouen, labour" (n° 518), "ar chlos, labour" (n° 519), "Keriec, jardin" (n° 520), "Keriec, maison, bâtiment et cour" (n° 521), "parc a lern, pâture" (n° 522), "Keriec, bâtiment" (n° 523), "parc lern, labour" (n° 524), "Keriec, avenue [puis] pâture" (n° 525), "jardin spernen, labour" (n° 526), "parc ar hoat, labour" (n° 527), "parc ar Ouerp, labour" (n° 528) et "l’entrée, labour" (n° 529).

Le cadastre de 1835 figure un logis de plan allongé doté d’une tour de plan circulaire en demi-hors œuvre sur sa façade occidentale (tour d’escalier aujourd’hui disparue). Le pignon nord est également doté d’une tour de plan rectangulaire (probablement des latrines). Le bâtiment se prolonge vers l’ouest par une dépendance à usage d’étable orientée au sud vers la cour. Un puits était vraisemblablement aménagé en appui de cette façade principale (source orale). Trois autres bâtiments sont mentionnés sur le cadastre dont l’un tourné vers la cour. L’accès à la cour du manoir se faisait à l’origine par l’ouest via un portail.

Construit en petit moellon de schiste et couvert en ardoise, le logis comprend trois pièces au sol : au nord, un cellier, au centre, une salle basse à usage probable de cuisine (et un vestibule aménagé plus tard), au sud, une salle basse.

Le manoir a été agrandi vers le nord - espace correspondant au cellier et à la chambre située au-dessus - comme le montre l’absence de liaisonnement de la maçonnerie et la différence de niveau de la couverture. Il a perdu sa tour d’escalier après 1835, l’accès au premier étage et à l’étage de comble se faisant par un escalier en bois. Coté est, les fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage de la partie sud sont actuellement murées à l’exception d’une petite baie.

La salle basse située au centre (à usage probable de cuisine) dispose d’une porte dédiée vers la cour (porte "principale" en arc brisée) et vers le jardin à l’est (porte également en arc brisé mais d’un gabarit légèrement inférieur). Sa fonction est reconnaissable à son vaisselier et à son saloir mural. Situé au nord, le cellier est directement accessible depuis cette salle. Il est reconnaissable à ces deux fenêtres à barreau sur la façade est. La salle sud est aujourd’hui uniquement accessible via une porte à arc plein cintre chanfreinée aménagée dans le mur de refend (des marques de tâcheron sont visibles sur les pierres de taille). Trois chambres ont été aménagées au premier étage du logis : celle située la plus au nord bénéfice de latrines (l’huisserie en bois en arc plein cintre). La chambre sud, accessible à l’origine par la tour d’escalier conserve une cheminée dotée de piédroits à pilastres en gaine fuselé (profil plus étroit de la base au sommet) et un manteau monolithe droit et lisse sous corniche dans le pignon sud. Le pignon de refend de cette même salle comporte les vestiges d’une cheminée transformée plus tard en porte. Dans l’angle nord-est, subsiste un placard mural encore doté de son volet en bois. L’étage de comble conserve un sol en carreaux de terre cuite fleurdelisé encadrée de quatre quartefeuille.

A signaler, sur la façade occidentale, des armoiries (en schiste tuffacé) intégrées dans la maçonnerie immédiatement à droite de la porte d’entrée. Ces armoiries d'alliance montrent la noblesse du logis : on peut identifier dans un écu, à dextre (droite du blason) : une demi fleur de lys et une macle, à senestre, un léopard (?) qui pourraient correspondre au mariage de Tanguy de Keriec avec Marguerite du Trévou.

  • Murs
    • granite moellon
    • schiste moellon
    • maçonnerie
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    manoir

Documents d'archives

  • Seigneurie de Keriec - titres : aveux. Paroisse du Minihy-Tréguier, familles de Kerriec et de Botderu.

    Séquentiel : 226.

    Cote : 2 G 244.

    Dates : 1540-1760.

    Nombre éléments : 9 pièces.

    Métrage conservé : 0,02.

    Ancienne cote 1 : G art. 468.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 2 G 244

Annexes

  • Acte du 14 avril 1540, seigneurie de Keriec (Archives Départementales des Côtes d'Armor, 2 G 244, transcription de Monique Peron transmise par Michel Le Henaff)
  • Acte du 9 avril 1608 : seigneurie de Keriec (Archives Départementales des Côtes d'Armor, 2 G 244, transcription de Monique Peron transmise par Michel Le Henaff)
  • Acte du 7 janvier 1659, seigneurie de Keriec (Archives Départementales des Côtes d'Armor, 2 G 244, transcription de Monique Peron transmise par Michel Le Henaff)
  • Acte du 26 août 1760, seigneurie de Keriec (Archives Départementales des Côtes d'Armor, 2 G 244, transcription de Monique Peron transmise par Michel Le Henaff)
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.