Dossier d’œuvre architecture IA22133621 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Bunker - casemate de type 612 pour un canon de campagne ou obusier de 7,62 cm ou 10,5 cm, Domaine de la Tour de Cesson, rue de la Tour (Saint-Brieuc)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Saint-Brieuc - Saint-Brieuc
  • Commune Saint-Brieuc
  • Lieu-dit Pointe de Cesson
  • Adresse 105 rue de la Tour
  • Cadastre BR 1

Ce bunker de type 612, élevé par l’Allemagne nazie en 1943 grâce à l’Organisation Todt, a nécessité un terrassement de 120 m3, 385 m3 de béton, 17 t de fer rond en ferraillage et 4,1 t de fer profilé pour le plafond. Il s’agit d’un type de bunker très répandu sur le Mur de l’Atlantique (645 exemplaires selon Rudi Rolf).

La casemate est enterrée dans le sol : l’embrasure d’où sortait le tube du canon est masquée par des murs de flanquement latéraux. En cas de débarquement allié, son canon de campagne ou obusier aurait permis de défendre la Plage de Saint-Laurent à Plérin (située entre 1 et 2,2 Km au Nord-nord-est). Le tir était réglé par un observatoire d’artillerie distant de la Pointe de Cesson, mais relié par téléphone et/ou radio avec celle-ci.

L’intérêt de cette casemate en béton armé réside dans son intégration au mur de clôture du Domaine de la Tour de Cesson. La dalle de couverture sert aujourd’hui de belvédère sur l’embouchure du Gouët (phare de la Pointe-à-l'Aigle) et la Pointe du Roselier à Plérin. La végétalisation naturelle de ce bunker est particulièrement remarquable. Sa valorisation passerait par le déblaiement de son accès d’origine et l’évacuation des parpaings qui murent partiellement les ouvertures. Ce bunker - casemate semble en effet la plus adapté à une ouverture au public.

Cet édifice n’est pas cadastré comme "élément bâti", mais il a fait l'objet d'un relevé topographique en 2023.

Bunker construit sous maîtrise d’ouvrage de l’Organisation Todt après le troisième trimestre 1943 (le plan type 612 est mis en service le 12 juillet 1943). Dans l’attente de la construction de la casemate, la pièce d’artillerie était vraisemblablement installée dans un emplacement de campagne.

Selon le Rapport Pinczon du Sel réalisé après-guerre, cette casemate abritait un canon "russe" de 7,62 cm (calibre mentionné dans le rapport) ou un canon de 10,5 cm (calibre mentionné dans le plan schématique contenu dans le rapport). Ce type de bunker - casemate pouvait en effet abriter des pièces d’artillerie de différents calibres : 7,5 cm, 8 cm voire 10,5 cm.

L'équipage théorique de ce bunker était de 4 à 5 soldats pour servir le canon.

Le bunker a subi une explosion interne dans sa niche à munition de gauche (Lors de la retraite des troupes nazies, lors du désobusage après-guerre ?).

Ce bunker a été recensé et mesuré par Dirk Peeters en 2007.

A une date indéterminée, le bunker a été muré par des parpaings de béton ; il a été réouvert dans les années 2010.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1943, daté par travaux historiques
    • 1944, daté par travaux historiques

Construit en béton armé, ce bunker - casemate de type 612, conçu pour abriter un canon de campagne ou un obusier, regroupe une chambre de combat (Kampfraum) et deux niches à munition (Nischen für Munition) de part et d’autre du couloir d’accès. Son armement était constitué d’un canon de 7,62 cm ou 10,5 cm.

Dalle de couverture et murs périphériques mesurent 2 m d’épaisseur, ce qui place ce type de bunker dans les "constructions permanentes" (Ständig Ausbau), c’est-à-dire à l’épreuve des bombes aériennes. Ses angles sont arrondis pour une meilleure résistance.

Son embrasure rectangulaire orientée vers le Nord-nord-est, permettait au canon de tirer en direction de la Pointe du Roselier (située à 2,5 km de distance) pour défendre la Plage de Saint-Laurent contre un débarquement. Une porte en bois à deux battants, s'ouvrant sur l’extérieur et assurant la protection contre les éclats légers, pouvait être installée. L’embrasure est masquée par deux grands murs de flanquement qui assuraient à la fois sa protection latérale (notamment du côté de la mer) et sa discrétion par l’ajout d’un filet de camouflage sur le dessus. Dans le sol de la chambre de tir, la rainure en arc de cercle permettait de supporter un guide pour l’affût pivotant du canon. La visée du canon pouvait se faire dans le plan horizontal (azimut de +30 degrés et -30 degrés) et dans le plan vertical (élévation de +35 degrés et -5 degrés).

Dans le plafond de la chambre de combat, subsistent les deux bouches d'aspiration des fumées de tir protégées par des grilles (une seule est encore en place). Afin de rendre homogène l'aspiration, chaque hotte était divisée par des lames en quatre conduits. Dans le mur latéral droit sortent les tuyaux du système d'aspiration et d'évacuation des fumées de tir. Le ventilateur d’extraction a disparu (sa capacité était de 60 m3/mn). La bouche de refoulement des fumées de tir se trouve à droite de l’entrée du bunker. Le renouvellement de l'air se faisait par la porte et l'embrasure.

De part et d’autre de la chambre de combat, une large rainure abrite, à gauche deux conduits / tuyaux pour les câbles de communication (Nachrichtenkabel - Einführung / conduit, Erdung für Nachrichten / mise à la terre) ; à droite, deux conduits / tuyaux pour des câbles d’alimentation électrique (Starkstromkabel – Einführung / conduit, Erdung für Starkstrom / mise à la terre).

Les deux niches permettent de stocker 500 munitions (Granaten und Kartuschen) de 7,5 cm de calibre. Pour un calibre de 10,5 cm, les magasins permettent de stocker 350 coups car obus et gargousses (charges propulsives d’artillerie) sont stockés séparément. D’autres sources mentionnent la possibilité de stocker 400 munitions.

Si la porte à deux battants a disparu, des traces de peinture de camouflage subsistent. De part et d’autre de l’entrée se trouve deux petites niches murales, à gauche (Fe Nische), à droite pour prise d’appareil (Nische für Geratestecker).

Suite à une explosion dans la niche à munition de gauche, des traces d'impacts sont visibles sur les murs en béton et sur le plafond constitué de poutrelles d'acier.

L'embrasure et l’accès au bunker sont partiellement murés par des parpaings de béton.

La rampe d’accès au bunker est remblayée.

L’intérieur du bunker est tagué (état en juillet 2023).

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol
  • Couvertures
    • terrasse
  • Énergies
    • énergie électrique produite à distance
  • État de conservation
    bon état, envahi par la végétation
  • Techniques
    • peinture
  • Précision représentations

    De part et d'autre de l'entrée, traces de peinture de camouflage à deux couleurs ?

  • Mesures
    • l : 15,1 m
    • la : 9 m
    • h : 5,1 m
  • Précision dimensions

    Selon le catalogue des plans-types, la réalisation d'un bunker - casemate de type 612 (Schartenstand für Land- und Sturmgeschütz ohne Nebenräume) nécessite 385 m3 de béton, 17 t de fer rond et 4,1 t de fer profilé pour une fouille de 120 m3.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, domaine appartenant à la Ville de Saint-Brieuc.
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler
  • Éléments remarquables
    blockhaus, casemate
  • Sites de protection
    abords d'un monument historique, site patrimonial remarquable

Bibliographie

  • ROLF, Rudi. Atlantikwall-Typenheft. Atlantic Wall typology. Typologie du Mur de l'Atlantique. Middelburg, PRAK publishing, 2008, 432 p.

  • FLEURIDAS, Patrick. HERBOTS, Karel. PEETERS, Dirk. Constructions normalisées. 600-699. 700-704. Regelbauten. S. l., 2008, 183 p., 2-914827-27-X.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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