Dossier d’œuvre architecture IA22133631 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Bunker - abri de type 502 pour deux groupes de combat, extrémité Est de la pointe, Domaine de la Tour de Cesson, rue de la Tour (Saint-Brieuc)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Saint-Brieuc - Saint-Brieuc
  • Commune Saint-Brieuc
  • Lieu-dit Pointe de Cesson
  • Adresse 105 rue de la Tour
  • Cadastre BR 1

Ce bunker de type 502, élevé par l’Allemagne nazie fin 1942, début 1943 grâce à l’Organisation Todt, a nécessité un terrassement de 880 m3 et pour son édification 629 m3 de béton, 28 t de fer rond en ferraillage et 12,5 t de fer profilé pour le plafond (soit 64 kg de ferraillage par m3 de béton). Situé à l’extrémité de la Pointe de Cesson, il est totalement enterré dans le sol et seule sa dalle de couverture émerge : il servait à abriter jusqu’à 20 soldats au quotidien en cas de bombardement aérien, maritime ou terrestre. Il s’agit d’un type de bunker très répandu sur le Mur de l’Atlantique (518 exemplaires selon Rudi Rolf).

A l’intérieur, se trouve une grande soute rectangulaire aménagé dans le sol qui le distingue du plan-type original. Un poste d’observation et de tir dit Tobruk est accolé au Nord afin de permettre sa défense rapprochée.

L’intérêt de ce bunker en béton armé réside dans son état de conservation particulier : il a en effet subi une violente explosion interne qui l’a complétement bouleversé. A l’extérieur, un arbre pousse ainsi dans l’une des fissures du béton. Sa valorisation passerait par le déblaiement de la tranchée d’accès d’origine, l’évacuation des parpaings qui murent partiellement les ouvertures (ainsi que l’accès du Tobruk accolé) et la pose de grilles adaptées aux passages des chauves-souris qui ont colonisé le lieu.

Cet édifice n’est pas cadastré comme "élément bâti", mais il a fait l'objet d'un relevé topographique en 2023.

Ce bunker a été construit sous maîtrise d’ouvrage de l’Organisation Todt, vraisemblablement dans le dernier trimestre 1942 ou dans le premier semestre 1943.

Suivant le répertoire officiel allemand des Regelbauten, plans-types conçus par les ingénieurs de forteresse (Festungspioniere), il s’agit d’un bunker - abri de type 502 pour deux groupes de combat (Doppelunterstand). Ce type de bunker permanent est classé en norme de protection B (Baustärke B) : dalle de couverture et murs périphériques mesurent ainsi 2 mètres d’épaisseur pour résister à un bombardement aérien, maritime ou terrestre. C'est un bunker - habitation (Wohn-Bunker) à deux pièces de vie, conçu à l’origine pour abriter un "équipage" de 12 soldats (6 x 2), mais qui peut accueillir, par l’ajout de couchettes supplémentaires ou de lits, 18, voire 20 soldats.

Datant de décembre 1939, ce plan-type a été élaboré par l’armée de terre allemande, la Heer pour le Westwall (Mur de l’Ouest, c’est le programme "Kriegs Regelbautypen 500") s’élevant face à la Ligne Maginot. Ce plan est ensuite utilisé pour les fortifications du Mur de l’Atlantique : c’est un type de bunker très répandu (518 exemplaires selon Rudi Rolf en 2008). Il connaît deux versions, l’une avec une cloche blindée et l’une - beaucoup plus courante - avec puits pour périscope.

A partir du 2 novembre 1942, le plan-type 502 (629 m3 de béton) est progressivement remplacé par le plan-type 622 (650 m3 de béton) qui conserve les mêmes fonctionnalités : ce nouveau type de bunker "optimisé" intègre désormais un poste d’observation et de tir. L’entrée ne se fait plus de plain-pied par une tranchée d’accès mais par deux escaliers droits.

Dans le cas de la Pointe de Cesson, un poste d’observation et de tir dit Tobruk est accolé au bunker - abri pour permettre sa défense rapprochée.

Le bunker a subi une importante explosion interne depuis le sas (Lors de la retraite des troupes nazies, lors du désobusage après-guerre ?).

Ce bunker a été recensé et mesuré par Dirk Peeters en 2007.

A une date indéterminée, le bunker a été muré par des parpaings de béton ; il a été réouvert dans les années 2010.

La manivelle de l’un des deux ventilateurs a été retrouvée parmi les débris en 2023 et remise aux Archives municipales de Saint-Brieuc.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1942, daté par travaux historiques
    • 1943, daté par travaux historiques

Le bunker est enterré dans le sol, seule la dalle de couverture et le mur arrière Ouest, dans lequel sont aménagées les deux entrées/sorties (à l'origine de plain-pied), émergent de la végétation. La tranchée d’accès au bunker est remblayée sur au moins 1,5 m d’épaisseur. En l’état, seule une entrée du bunker est accessible, la seconde entrée est totalement murée par des parpaings. A l’origine, la tranchée d’accès était masquée par des filets de camouflage dont des crochets de fixation subsistent.

Construit en béton armé, ce bunker - abri de type 502, conçu pour abriter jusqu’à 20 soldats, regroupe deux pièces de vie – chambrées et une petite pièce pour le puits du périscope. Son unique sas est desservi par deux entrées/sorties. Deux créneaux blindés permettaient de les défendre depuis les pièces de vie.

Dalle de couverture et murs périphériques mesurent 2 m d’épaisseur, ce qui place ce type de bunker dans les "constructions permanentes" (Ständig Ausbau), c’est-à-dire à l’épreuve des bombes aériennes et étanche aux attaques au gaz. Ses angles sont arrondis pour une meilleure résistance.

En plus de système manuel de ventilation (à l’origine, il était équipé de deux ventilateurs : l’un de 2,4 m3, le second de 1,2 m3), le bunker était doté d’électricité pour l’éclairage (lampes, veilleuses et interrupteurs) et de prises pour les équipements électriques, de lignes téléphoniques et d’un boîtier de connexion pour le téléphone. Des puits pour antenne permettaient également l'usage d'appareil radio.

Sur 140,6 m2 bâtis, seuls 38 m2 environ sont utilisés comme abri (non compté le couloir d’accès, le sas et la petite pièce du périscope) soit 1,9 m2 par soldat (sur la base d'un effectif de 20 soldats).

L’intérieur du bunker a été ravagé par une explosion interne qui a soufflé les murs en béton du sas d’entrée à l’exception du mur principal de refend situé entre les deux pièces de vie - chambrées. L’explosion a fracturé le béton des murs périphériques et soulevé la dalle de couverture (lézardes situées à une quarantaine de centimètre du plafond). Les poutrelles en acier du plafond sont marquées par de nombreux éclats. Très endommagé par l’explosion, le mur en béton du sas laisse apparaître son ferraillage croisé. De cet épisode, subsistent au sol des éclats de béton de différentes tailles, des éclats d’obus et des restes de caisses de transports de munitions... Des vestiges de la tuyauterie du poêle sont encore visibles. Portes et créneaux blindées ont disparu (récupération de l’acier après-guerre ?).

Seule différence avec le plan-type 502, la présence - devant le mur de refend des deux pièces de vie - d’une grande soute rectangulaire dans le sol du bunker (dimensions : 3,3 m (l) x 1,05 m (la) x 0,8 m environ (profondeur)). En l’état, cette niche - dont la fonction nous est inconnue - est rempli d’eau. Il nous semble cependant impossible qu’elle est servie à stocker de l’eau : il s’agit probablement d’un espace de rangement. La feuillure de 5 cm permettait d’accueillir un plancher vraisemblablement en bois.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Énergies
    • énergie électrique produite à distance
  • État de conservation
    mauvais état, vestiges
  • Techniques
    • peinture
  • Précision représentations

    Traces de peinture ocre sur les murs et bandeau haut.

  • Mesures
    • l : 14,8 m
    • la : 9,5 m
    • h : 5,1 m
  • Précision dimensions

    Selon le catalogue des plans-types, la réalisation d'un bunker - abri de type 502 (Doppelunterstand) nécessite 629 m3 de béton, 28 t de fer rond et 12,5 t de fer profilé pour une fouille de 880 m3.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, domaine appartenant à la Ville de Saint-Brieuc.
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler
  • Éléments remarquables
    blockhaus, casemate
  • Sites de protection
    abords d'un monument historique, site patrimonial remarquable

Bibliographie

  • ROLF, Rudi. Atlantikwall-Typenheft. Atlantic Wall typology. Typologie du Mur de l'Atlantique. Middelburg, PRAK publishing, 2008, 432 p.

  • FLEURIDAS, Patrick. HERBOTS, Karel. PEETERS, Dirk. Constructions normalisées. 600-699. 700-704. Regelbauten. S. l., 2008, 183 p., 2-914827-27-X.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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