Dossier d’œuvre architecture IA29010101 | Réalisé par ;
Jadé Patrick (Contributeur)
Jadé Patrick

Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".

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  • inventaire topographique, Inventaire du patrimoine matériel et immatériel de l'archipel des Glénan
  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales 1830-1870 dans les îles de Bretagne Sud
Batterie dite Fort de Penfret, île de Penfret (Archipel des Glénan)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne Sud - Fouesnant
  • Commune Fouesnant
  • Lieu-dit Ile Penfret Archipel des Glénan
  • Cadastre N 49 Propriété du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres ; N 6 Propriété du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres ; N 7 Propriété des Phares et Balises
  • Dénominations
    batterie, réduit
  • Précision dénomination
    batterie de Penfret
  • Appellations
    Fort de Penfret
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    fossé, mur défensif, batterie

La position géographique de l'île de Penfret est 47°43'32" latitude nord 03°57'10" longitude ouest.

L'intérêt du mouillage situé à l'est de l'île de Penfret est reconnu depuis le 18e siècle. En 1755, en même temps que son projet pour le fort Cigogne, l'ingénieur La Sauvagère propose déjà une batterie sur Penfret, sans suite. Malgré la construction du fort Cigogne entreprise en 1755, l'archipel est toujours fréquenté pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire par les corsaires et les croisières de blocus anglais qui occupent régulièrement le mouillage de Penfret, hors de portée de l'artillerie du fort.

La nécessité d'occuper militairement Penfret est réaffirmée par les commissions de défense de 1818, 1825 et 1836. Logiquement, la "Commission mixte d'armement des côtes de la France, de la Corse et des îles" de 1841 renouvelle cette préconisation. En complément de la modernisation du fort Cigogne, elle demande la construction d'une batterie sur Penfret, associée à une tour crénelée n° 1 devant servir de réduit à cette batterie mais aussi à l'île toute entière, selon une formule appliquée aussi à l'île Dumet, par exemple. La batterie doit être armée de trois canons de 30 livres, trois obusiers de 22 cm et deux mortiers de 32 cm. En plus des 40 servants de ces pièces, le réduit accueille un poste de 20 fantassins.

Des débats concernant la localisation précise du mouillage font modifier plusieurs fois le tracé de la batterie dans les projets. La présence du phare de Penfret, mis en service en 1838 sur l'emplacement prévu pour le réduit, pose également problème. Il est en effet inenvisageable pour les ingénieurs militaires d'implanter un ouvrage qui soit dominé à courte distance. La solution retenue est d'intégrer le phare au réduit en l'entourant d'une enceinte reliée au corps de garde crénelé pour 60 hommes substitué à la tour initialement prévue.

Les travaux commencent en 1858. En janvier 1859 l'épaulement de la batterie est presque achevé et l'excavation du réduit est commencée. Batterie et réduit sont achevés en 1860. A la fin de l'exercice 1861 seules les deux plates-formes pour mortiers sont encore à faire.

Un accord à l'amiable entre le Génie et le propriétaire des parcelles de terrain nécessaires à la construction de la batterie et du réduit est signé en 1858. François-Adolphe Théroulde, propriétaire des Glénan, cède ces parcelles gratuitement en échange de la rétrocession des terrains dès que leur usage militaire cesse et de l'interdiction aux occupants de l'ouvrage de mener des activités économiques. Cet accord n'est cependant pas validé par le ministère de la Guerre, et Théroulde est exproprié en 1859 moyennant 4000 francs d'indemnité.

La présence d'un poste de défense contre les sous-marins (PDCSM) armé de deux canons de 90 mm est mentionnée sur l'île de Penfret en 1918.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, un petit détachement est présent sur l'île pour la surveillance du câble la reliant au continent. Une batterie de circonstance de quatre canons de 95 mm est également en place depuis 1939. Durant l'Occupation, les Allemands utilisent le corps de garde crénelé comme casernement pour les servants de deux pièces antiaériennes installées sur les glacis du fort. Ils démontent une des bretèches pour jeter une passerelle au dessus du fossé.

Propriété des Phares et Balises, le réduit est restauré depuis 2012 par l'association Plein Phare sur Penfret, qui dispose d'une autorisation d'occupation temporaire. La batterie, propriété du Conservatoire du littoral, reste à l'abandon.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1858, daté par source, daté par travaux historiques
    • 1859, daté par source, daté par travaux historiques
    • 1860, daté par source, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

La batterie de Penfret se compose de l'épaulement de la batterie proprement dite, et du réduit.

La batterie, située à l'est du réduit, s'organise en trois pans sur 90 mètres de développement. Les masses terrassées formant le parapet d'artillerie sont retenues du côté intérieur par le mur de genouillère en maçonnerie. La présence des plates-formes en maçonnerie des pièces d'artillerie n'a pu être confirmée.

La batterie est reliée à son réduit par un passage excavé dans le glacis de celui-ci et débouchant dans son fossé. Ce débouché était fermé par une porte ou une barrière dont les circulaires en pierre de taille subsistent au sol.

Le réduit est unique dans la fortification littorale du milieu du 19e siècle en France car il associe un corps de garde crénelé du type de 1846 pour 60 hommes et une enceinte qui englobe le phare. L'ensemble est un rectangle de 41 mètres sur 23 entouré par un fossé sec de quatre mètres de large dont seule l'escarpe est revêtue en maçonnerie. Cette escarpe est haute de 6,50 mètres. La plate-forme de terrain naturel supportant le phare et le corps de garde crénelé sont séparés par un fossé transversal prolongé par le débouché vers la batterie. Le parapet entourant la plate-forme du phare, ainsi que celui du corps de garde, est un simple mur à bahut doublé d'une banquette d'infanterie en terre, sauf devant la porte du phare où cette banquette est remplacée par des gradins en pierre de taille. Les banquettes du corps de garde ont été détruites par l'association Plein Phare sur Penfret à l'occasion de la réfection de la terrasse, et les terres régalées dans le fossé. Dix bretèches réparties sur tout le pourtour de l'enceinte du réduit assurent son flanquement. L'accès à la plate-forme du phare se fait soit par une porte percée dans le parapet de la face sud du réduit et précédée d'une passerelle enjambant le fossé, soit depuis le fond du fossé par un escalier courant dans l'épaisseur du revêtement de la plate-forme du phare et accessible par une porte. La plate-forme du phare et le corps de garde sont reliés par deux arcs en maçonnerie supportant le parapet qui n'est ainsi pas interrompu par le fossé transversal.

Les matériaux mis en œuvre pour la maçonnerie sont le granite local sans doute issu du creusement du fossé pour les moellons, et le granite de Trégunc importé du continent pour les pierres de taille.

Les eaux du fossé sont évacuées par un aqueduc souterrain débouchant au nord-est de la batterie.

Les vestiges des installations de la Seconde Guerre mondiale se limitent à deux affût de côte pour canon de 95 mm dans la batterie et deux cuves sommaires pour pièces antiaériennes sur les glacis au sud-ouest et au nord du réduit.

  • Murs
    • granite moellon
    • granite pierre de taille
    • terre
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • État de conservation
    inégal suivant les parties
  • Mesures
    • l : 41,3 m
    • la : 23,6 m
    • h : 6,5 m
  • Précision dimensions

    Dimensions du réduit seul, hors fossé.

  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public de l'Etat, Conservatoire du littoral et des rivages lacustres (parcelles N6 et N49) Phares et Balises (parcelle N7)
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre
  • Sites de protection
    loi littoral, site classé, zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique
  • Protections
    inscrit MH, 2015/12/31
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives de l'Artillerie ; Sous-série 3 W, Opérations militaires : 3 W 32, Documents concernant le 3e arrondissement maritime (Lorient). Projet d'armement des côtes de la France, de la Corse et des îles. Titre III : Projet d'armement des côtes du 3e arrondissement maritime (Lorient), 1841-1843.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 3 W 32
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 42, Travail de la commission d'armement des côtes sur les frontières maritimes, 1844. Avis du Comité des fortifications du 7 novembre 1844.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 42
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 8, Places françaises et d'Algérie : 1 VH 644, Place de Concarneau, projets et dépenses annuels, 1855-1876. Direction du Génie de Brest, Place de Concarneau, Mémoire du chef du Génie sur les projets pour 1858, 30 décembre 1857.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VH 644
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 8, Places françaises et d'Algérie : 1 VH 644, Place de Concarneau, projets et dépenses annuels, 1855-1876. Direction du Génie de Brest, Place de Concarneau, Mémoire du chef du Génie sur les projets pour 1859-1860, 30 janvier 1859.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VH 644
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 8, Places françaises et d'Algérie : 1 VH 644, Place de Concarneau, projets et dépenses annuels, 1855-1876. Direction du Génie de Brest, Place de Concarneau, Mémoire du chef du Génie sur les projets supplémentaires pour 1859-1860, 15 décembre 1859.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VH 644
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 583, Registre des avis du Comité des fortifications sur le crédit général pour la défense des côtes, 1850-1858. Séance du 9 juin 1857, Place de Concarneau.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 583
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 584, Registre des avis du Comité des fortifications sur le crédit général pour la défense des côtes, 1858-1867. Séance du 25 février 1858, Place de Concarneau.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 584
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 584, Registre des avis du Comité des fortifications sur le crédit général pour la défense des côtes, 1858-1867. Séance du 30 juin 1858, Place de Concarneau.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 584
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 41, Mémoires généraux sur les frontières maritimes, 1853-1885. Rapport sur la situation des travaux de défense des côtes à la fin de l'exercice 1861.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 41
  • Plan des édifices attenant au phare de Penfret occupés par les gardiens, dressé par le garde du Génie, Barthélémy, Quimper le 19 janvier 1857, signé L'ingénieur Sévène, pour copie conforme, le capitaine du Génie en chef, J. Rousseau

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : GR 1Vh 644
  • Service historique de la Défense, Département Marine, Vincennes. Archives de la Première Guerre mondiale ; Sous-série SS EE, Etat-major général, 5e section (défense du littoral) : SS EE 22, défense du littoral du 3e arrondissement maritime. Tableau n° 1 annexé à l'instruction du 18 janvier 1918 fixant le statut du personnel mis à la disposition de la Marine par les Départements de la Guerre et de l'Armement, pour le service des ouvrages de côte.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : SS EE 22

Bibliographie

  • Petite histoire de l'archipel des Glénans, M. Villiers du Terrage, Extrait de la revue L'association bretonne d'Archéologie et d'Agriculture, session de Concarneau, troisième série, tome XXIV, 1905.

  • Au large de Concarneau, Les Glénans, Camille de Montergon, 1957, Librairie Le Tendre, Concarneau

  • Le cercle de mer, histoire des isles de Glénan, de Michel Guéguen et Louis-Pierre Le Maître, imprimé sur les Presses de l'Imprimerie Régionale à Bannalec, 1981.

  • Les Glénan, histoire d'un archipel Louis-Pierre Le Maître, éd. Palantines, 2005, Rééd. 2010.

  • LE POURHIET-SALAT, Nicole. La défense des îles bretonnes de l´Atlantique, des origines à 1860. Vincennes, Service Historique de la Marine, 1983, 375 p.

  • FAUCHERRE, Nicolas, PROST, Philippe, CHAZETTE, Alain. Les fortifications du littoral, La Bretagne Sud. Chauray-Niort, collection : les fortifications du littoral. 1998, 279 p., ISBN 2-910137-24-4.

  • TRUTTMANN, Philippe (Colonel). Les derniers châteaux forts, les prolongements de la fortification médiévale en France 1634-1914 , Thionville, Klopp, 1993, 253 p. ISBN 2-906535-75-3.

  • CAROFF (capitaine de frégate). Les Forces maritimes de l'Ouest, 1939-1940. Marine nationale, 1954.

Annexes

  • Rapport sur la défense de l'archipel des Glénans, 1857.
  • Historique du fort de l'île de Penfret, 2014.
  • Description du fort de l'île de Penfret, 2014.
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014, 2017