Le projet de Pitre Rabu se situe dans le prolongement vers le sud du lotissement Corvasier. La prolongation de l'axe nord-sud, constitué par l'actuelle rue Jeanne d'Arc, assure la jonction parfaite entre les deux opérations. Les deux prairies achetées par Rabu sont limitées au nord par l'ancienne route d'Arradon. En 1874, il obtient une déclaration d'utilité publique concernant la rectification de la route entre le Prateau, à l'ouest et la fontaine de la Pie à l'est. Son nouveau tracé rectiligne devient la rue Pasteur, tandis que l'ancien tracé est morcelé dans les lots bordant le côté nord de cette même rue, ainsi que l'évoque la convention d'échange du 14 mars 1875 signée entre la ville de Vannes et P.Rabu. Face au Prateau, au n° 22 de la rue Pasteur, la ville se réserve un lot pour édifier un bureau d'octroi. Dans le même temps le tracé du départ du chemin de Trussac est aussi modifié pour s'aligner dans le prolongement de la rue des Rosiers (actuelle rue Jeanne d'Arc). Le plan Bassac de 1885 visualise parfaitement l'extension du lotissement Rabu en cours d'achèvement. L'opération est terminée vers 1895, lorsque est réalisée la jonction entre les rues Descartes et Alphonse Guérin. Il comporte alors 36 lots (d'après le plan Léchard de 1897).
Le carrefour des deux voies principales, la rue Jeanne d'Arc et de la rue Pasteur, simplement traité par des parcelles à pans coupés, ne donne pas lieu à une place. Par contre deux hôtels remarquables, n°17 et 19 (détruit) rue Pasteur, bâtis au centre de parcelles d'angle ou en limite parcellaire (n°17), offraient une perspective de symétrie, à la jonction des deux voies. Ce sont les constructions les plus remarquables du lotissement.
Le reste des maisons et des quelques immeubles qui composent ce lotissement est de qualité mais peu homogène. Il n'y a pas de règle concernant l'implantation sur les parcelles. Les immeubles sont situés n°8 et 23 rue Pasteur, rue dans laquelle on trouvera d'avantage de constructions alignées parfois avec écuries adjacentes. Rue Joseph Sauveur ce sont aussi des maisons alignées au sud mais en retrait, au nord. Rue Alphonse Guérin les deux côtés s'opposent quant à la qualité du bâti : à l'ouest la villa Boistaël, avec ses lucarnes en pierre blanche et son perron (détruit) donne un ton résidentiel et précieux à la voie ; en face l'alignement constitué de maisons de type ternaire ou à deux travées, est de conception plus modeste.
L'annuaire de 1899 dresse une liste des habitants de ce quartier constituée en majorité par des officiers et militaires. On notera aussi la présence de rentiers, de famille issues de la noblesse d'ancien régime tels le comte de Monti ou le vicomte Bouët-Villaumez dans la rue Pasteur, le président du tribunal civil, l'architecte Joseph Caubert mais aussi Eugène Le Gall de Kerlinou, journaliste et homme de lettre, rue Alphonse Guérin. Contrairement au lotissement Corvasier, aucun artisan ni ouvrier ne réside dans le lotissement Rabu à la fin du 19e siècle. (C. Herbaut)
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