La place du Morbihan, aujourd'hui place Gambetta
Le premier projet de création d'une place en hémicycle de part et d'autre de la porte Saint-Vincent remonte au plan d'embellissement de 1787. Mais c'est seulement au début de l'année 1835 que le conseil municipal ressort ce projet et valide un programme d'assainissement des deux bassins situés à l'Ouest et à l'Est du pont Saint-Vincent. L'ordonnance royale du 21 décembre de cette même année confirme l'aliénation des anciens fossés de la ville qui s'apparentaient alors à un vaste cloaque.
L'édification des premiers immeubles par les nouveaux propriétaires s'organisent sous la houlette de l'architecte voyer Philippe Brunet-Debaines. Il propose des fondations sur pilotis et impose des élévations à deux étages carrés dont un attique sous comble n'excédant pas 13 m. sous faîtage, sans doute pour respecter les proportions de la porte Saint-Vincent.
En avril 1838 Marius Charier est nommé sur le poste vacant de Brunet-Debaines, décédé quelques mois plus tôt. Les ambitions du jeune architecte l'incitent à proposer un programme différent qui est accepté par la municipalité. Il préconise pour les immeubles à venir des élévations dépassant de plusieurs mètres le faîtage des constructions précédentes, l'utilisation exclusive de la pierre blanche en façade à l'exception du rez-de-chaussée qui est traité sous la forme d'arcades appareillées en granite. Enfin des balcons en fer forgé placés devant les portes fenêtres des premiers étages accentuent l'effet faussement luxueux de ces immeubles qui restent de conception modeste.
En 1843 les constructions formant l'hémicycle de la place sont achevées ; on a remblayé les vasières ainsi que le bassin de l'ancienne écluse. La ville est enfin dotée d'une place résultant d'un programme, en fait de deux programmes successifs que l'on discerne au premier coup d'oeil moins dans la disparité des façades que dans la différence des hauteurs des immeubles. Véritable mise en scène urbaine néo-classique intégrant la porte Saint-Vincent face au port, cette ouverture vers le Golfe, lui vaudra le nom de place du Morbihan.
Dans les années suivantes le concept établi par Marius Charier déborde le simple espace de l'hémicycle. Le plan de d'alignement et le contrôle de l'architecte imposent une continuité des façades à deux étages carrés en pierre blanche, vers l'Ouest jusqu'à l'angle de la rue Carnot actuelle, vers l'Est sur la petite place du Fety (place Joffre actuelle) ainsi que le long des quais de l'ancienne rue du Commerce. La perspective de la place se trouve ainsi élargie bien au-delà du programme mais l'habilité de l'architecte voyer qui travaille aussi pour son propre compte se révèle dans la réalisation de la grande maison Caro, construite entre 1845 et 1847, sur une parcelle située à l'Est de la place Joffre actuelle. Lorsque l'on se trouve au centre de la place Gambetta, là où circule aujourd'hui un flot continue de voitures, on perçoit la mise en scène. L'un des éléments majeurs de l'ancienne place du Morbihan n'est autre que cette maison Caro qui fait pendant à la chapelle des Ursulines à l'ouest de la place.
Photographe à l'Inventaire