• inventaire topographique, ville de Vannes (secteur sauvegardé)
Maison, 34 rue du Port (Vannes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vannes
  • Commune Vannes
  • Adresse 34 rue du Port
  • Cadastre 1809 I4 1424, 1425 ; 1844 K6 1276  ; 1980 BT 90
  • Dénominations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    puits, jardin, cour, cellier

A l'extrémité sud de la rue du Port, sur la rive droite du port de Vannes le long des anciens quais. Cette maison fait partie des plus anciennes de l'îlot "rue du Port - rue du Drézen", elle est étroitement liée à l'activité maritime du site.

Historique

L'étude historique confiée à G.Danet par M.Coroller, ancien propriétaire, confirme qu'une partie du logis existe en 1509. La plupart des propriétaires qui se succèdent sous l'ancien Régime et au XIXe siècle sont connus. Il s'agit bien souvent de personnes immiscées de part leur fortune ou leur métier dans l'armement ou le commerce maritime.

Un descriptif de la maison est dressé en 1767 qui précise la fonction de chacune des pièces dans un état proche de l'actuel.

Analyse architecturale

Au cours des siècles la maison a subi de nombreuses transformations et adjonctions. Aujourd'hui elle est de plan en U, avec tour d'escalier dans la cour. Deux façades en pans de bois se succèdent sur la rue, l'une à pignon sur rue, la seconde prenant la forme d'un pavillon. Une porte charretière est aménagée dans le mur de clôture. Il existe un jardin en fond de parcelle.

L'analyse architecturale confrontée aux données historiques permet de comprendre les grandes étapes de la construction.

- Une maison de la fin du XVe siècle.

La maison primitive datant de la fin du Moyen Âge n'occupe pas la totalité du bâti actuel. De plan rectangulaire, orienté grossièrement Est-Ouest, elle est constituée d'un entrepôt au rez-de-chaussée, d'un étage carré et d'un comble servant de grenier. L'ensemble est distribué par un escalier en vis situé dans une tour hors oeuvre au Sud.

L'entrepôt qui devait ouvrir directement vers le quai à l'Est, est à demi enterré dans sa partie Ouest vers la rue du Drézen. Il s'agit d'une partie de l'actuel rez-de-chaussée de la maison mitoyenne du n°32 rue du Port. On remarque l'absence de cheminée à ce niveau, un large soupirail à linteau en arc surbaissé mouluré (face extérieure), qui se révèle être une ancienne porte d'accès après les travaux exécutés en 2001, et un puits-citerne dont le conduit est aménagé dans le mur sud et ouvre également sur la cour.

De ce côté est accolée la tour d'escalier desservant l'étage, les combles et une pièce haute située au sommet de la tour. L'escalier en vis en bois, est remanié au XIXe siècle.

A l'étage on remarque quelques aménagements de la fin du XVe siècle - début XVIe siècle. Il s'agit d'une fenêtre ouvrant dans le mur pignon ouest, dont les ébrasements portent la trace de coussièges (bûchés). Cette baie porte sur la face externe de son linteau, les traces d'anciens meneaux. Au sud de la pièce qui occupait un volume unique, une crédence ou placard mural datant sans doute du 16e siècle, était percée d'un jour aujourd'hui bouché qui ouvrait vers la tourelle d'escalier située derrière le mur.

Dans les combles, sous la charpente à longs pans constituée de sept fermes, on observe une différence de niveau correspondant à l'Ouest à la maison primitive, et à l'Est à son extension de la deuxième moitié du XVIe siècle.

Enfin, dans la pièce haute située au sommet de la tour d'escalier, une remarquable petite cheminée, dont les piédroits sculptés évoquent la fin du XVe siècle, témoigne du souci de confort apporté à ce cabinet de travail dominant le site portuaire de l'époque.

- Les extensions des XVIe et XVIIe siècles.

Une première extension datant de la deuxième moitié du XVIe siècle concerne la partie Est de la maison primitive. Le pignon à pans de bois présente au niveau des encorbellements des entretoises et des consoles aux moulurations de type Renaissance. Les deux portes fenêtres de l'étage sont des transformations postérieures à la fin du XVIIe siècle.

Une deuxième extension concerne le pavillon voisin qui ouvre sur la rue du Port par une large porte cintrée dont le linteau est frappé des armes d'un propriétaire (non identifié). L'encorbellement prononcé du premier étage témoigne d'une période de construction antérieure aux années 1610-1620. L'élégante toiture en pavillon sur comble à surcroît date de la deuxième moitié du XVIIe siècle.

Enfin, la longère qui sépare la cour du jardin postérieur, possède en rez-de-chaussée une cheminée dont les piédroits du XVe siècle sont en remplois, et à l'étage une seconde cheminée du XVIIe siècle. L'examen de la charpente confirme qu'il existait une circulation extérieur à l'étage sous la forme d'une galerie qui sera couverte et fermée dans un second temps (elle est décrite en 1767). A l'arrière de cette longère le pavillon des latrines date également du XVIIe siècle. Il est probable que cette partie était anciennement liée à une des maisons sur la place des Carmes (Decker) : en effet, Joseph Bidé alors propriétaire par héritage de sa mère Catherine Lorans, vend la maison situé actuellement au n°6 avec le rez-de-chaussée du pavillon des latrines.

En effet, l'acte de vente de 1614 de Roland Huteau à Christophe Lorans parle de la Grande maison, d'un jardin et de cinq autres logis, parmi lesquels le 6 place des Carmes (reconstruit), et le 36 rue du port, qui sera lui-même revendu entre 1650 et 1670 à Ysabelle Richard en 1670, celle-ci fait condamner la porte de sa maison donnant dans la cour du n° 34, qui vient d'être vendu par le même Joseph Bidé à Claude Marquet et Mathieu Pélissier, marchands de draps.

Conclusion

L'analyse architecturale de cette maison révèle l'intérêt patrimonial du lieu dans le contexte de l'ancien quartier du port.

La partie nord-ouest de cette maison, dont l'existence est attestée en 1509 comme appartenant à Yvonnet de la Barre, est construite dans la 2e moitié du 15e siècle, y compris sa tour d'escalier. Une première extension concernant la partie est de la maison primitive (une pièce donnant sur le port, avec accès par une porte plus tard bouchée et rouverte en 2001, se fait dans la deuxième moitié du 16e siècle. Une seconde extension, antérieure aux années 1620-1630, vers le sud-est concerne le pavillon au sud-ouest. Enfin, la longère séparant la cour du jardin conserve des éléments du 15e siècle, et un pavillon de latrines à l'ouest du 17e siècle. L'escalier en vis a été modifié au 18e siècle dans sa partie inférieure en un escalier à retours sans jour à balustres, peut-être par Joseph Macé, riche négociant, propriétaire de la maison où il décède en 1778. L'ensemble transformé en immeuble en 2001 a été entièrement modifié à l'intérieur, tandis que l'extérieur a vu l'ouverture de fenêtres supplémentaires..

Maison en pan de bois en partie à pignon sur rue, à plan en profondeur, avec trois pièces par étage dans sa partie nord, une pièce dans le pavillon sud. L'ensemble est desservi par un escalier tournant à retours en charpente à balustres pour le 1er étage puis par un escalier en vis en bois pour le comble. La trace de l'escalier médian en vis en bois subsiste contre le mur sud. Une cheminée est conservée au rez-de-chaussée.

  • Murs
    • granite
    • pan de bois
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    2 étages carrés, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit conique
    • toit en pavillon
    • pignon couvert
    • noue
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en charpente
    • escalier hors-oeuvre : escalier en vis sans jour en charpente
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    Un blason à un chevron et trois roses, peut-être la famille Huby, figure sur la porte d'entrée est de la partie sud.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Sites de protection
    secteur sauvegardé

Documents d'archives

  • A. D. Morbihan. Série G. G 151/23. Vente par Rolland Huteau, sieur de Quédillac à Christophe Lorans d'une maison et de cinq autres logis, 13 août 1614.

    Archives départementales du Morbihan : G 151/23
  • A. D. Morbihan. Série G. G 151/24. Déclaration de Christophe Lorans, sieur du Verger des biens acquis de Rolland Huteau, sieur de Quédillac, 9 septembre 1627.

    Archives départementales du Morbihan : G 151/24
  • A. D. Morbihan. Série G. G 151/57. Vente de Joseph Bidé, sieur de la Grandville à Claude Marquet et Mathieu Pélissier, marchands de draps, 2 octobre 1672.

    Archives départementales du Morbihan : G 151/57
  • A. D. Loire-Atlantique. B 2351. Régistre, extraits folios 16r-18v. 4 Avril 1683. Déclaration du fief de Kaer par Louis de Vautorte, évêque de Vannes.

    Archives départementales de Loire-Atlantique : B 2351
  • A. D. Morbihan. 24 Mars 1767. Prise de possession des biens vendus par Julienne Droual veuve de Hubert Travers à Joseph Macé, négociant et Jeanne-Marie Aillo sa femme.

    Archives départementales du Morbihan
  • A. D. Morbihan. B 7574 : 18 Mai 1778 : Inventaire effectué après le décès de Joseph Macé négociant et ancien juge consul, estimé 3 052 £.

    Archives départementales du Morbihan : B 7574

Bibliographie

  • DANET, Gérard. De la poissonnerie à la rue du Port en passant par la porte de Greguennic. Contributions documentaires XV-XVIIe siècles dans 2000 ans d'histoire de Vannes. Vannes : imprimerie Golf'Imprim, archives municipales et animation du patrimoine de Vannes, 1993. 295p. 21 cm.

    p. 143, 151-153, 155-157, ill
  • DANIELO, Julien. Les ports d'Auray et de Vannes aux 17e siècle et 18e siècle : ville, architecture et identité portuaire sous l'Ancien Régime. Thèse de doctorat. Université de Haute-Bretagne, Rennes II, 2008.

    p. 797-801
  • LELOUP Daniel. Maisons en pan-de-bois de Bretagne. Rennes/Douarnenez : éditions Ouest-France/Ar Men - Le Chasse-Marée. 2002. 319 p.

    p. 111
  • THOMAS-LACROIX, Pierre. Le vieux Vannes. Malestroit, presses de l'Oust, 2e édition, 1975.

    p. 90

Périodiques

  • DEGEZ, Albert. Le colombage vannetais. Essai de classification et de datation des maisons en pan de bois à Vannes. Vannes, Impr. Galles. In : Bulletin de la Société polymathique du Morbihan. 1980, tome 107.

    p. 81, 98

Annexes

  • Prise de possession, 1767
  • Inventaire, prisage et estimation, 1778
  • Sources iconographiques
Date(s) d'enquête : 1998; Date(s) de rédaction : 2002