Dossier d’œuvre architecture IA56132307 | Réalisé par ;
Thibert Laura (Contributeur)
Thibert Laura

Chargée d'étude mission patrimoine gestion des espaces maritimes

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  • enquête thématique régionale, Lorient Agglomération inventaire des patrimoines maritimes
Quai des Indes et son front bâti (Lorient)
Œuvre étudiée
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lorient agglomération - Lorient Centre
  • Commune Lorient
  • Adresse Quai des Indes
  • Dénominations
    quai, front bâti

Le quai des Indes et l’aménagement portuaire qui l’entoure sont étroitement liés à la naissance de la ville de Lorient au 18e siècle ainsi qu’au développement de la ville par l’implantation de la Compagnie des Indes. Les bâtiments présents sur le quai se réclament d’un urbanisme de prestige, ils sont des clés de lecture afin de mieux comprendre l’histoire urbaine, maritime et portuaire du lieu.

Enjeux patrimoniaux et identitaires :

Marqueur d’une identité maritime pour Lorient, le quai des Indes doit son nom à la décision du conseil municipal de 1936, de rebaptiser « quai des Indes », l’espace qualifié auparavant de « cours des Quais » dans le but affirmé de « rappeler à nos concitoyens les origines de leur ville ». Il existe donc une relation affective entre Lorient et le quai des Indes, témoin privilégié du développement de la ville et de son identité maritime portuaire. Quant à son aménagement portuaire, le bâti du quai associe architecture classique et moderne dans le but de préserver l’harmonie d’un ensemble patrimonial censé refléter ostensiblement l’identité et la réussite maritime de Lorient. L’ancienne cale Ory, toujours visible aujourd’hui mériterait davantage d’être mise en valeur, eu égard à son rôle précurseur dans l’aménagement du futur quai des Indes sur les berges du Faouëdic. De même, l’alignement d’arbres de la promenade aménagée constitue un élément patrimonial à part entière, qui pourrait être valorisé grâce aux cartes postales et photographies du début 20e siècle.

Enjeux urbains, mobilité et accessibilité :

En termes d’aménagement du territoire, le quai des Indes représente un point de contact entre le centre-ville et la rade de Lorient. Constituant anciennement le port de commerce de Lorient, aujourd’hui délocalisé dans l’anse de Kergroise, le quai des Indes fait partie du port de plaisance. La fonctionnalité du site à ainsi évolué passant d’un usage économique et commercial à un espace de loisirs et de tourisme. Ces fonctions en font donc un site à forte mobilité en raison, d’une part, de sa proximité directe avec le centre-ville et, d’autre part, de la présence de la ligne des bateaux bus reliant rives gauche et droite de la rade. Plusieurs lignes de bus desservent le quai. Cette accessibilité en fait un espace très investi par les Lorientais et les touristes, ainsi que les festivaliers au moment du Festival Interceltique.

Enjeux de réhabilitation :

Le projet urbain de réhabilitation du quai des Indes dans les années 1980 vise à ouvrir la ville sur la mer et à effacer les traces de l’occupation (les bunkers) présentes encore sur le quai. Souligner l’identité maritime est alors un véritable enjeu dans un centre ville en perte d’image.

Trois objectifs étaient à prendre en compte dans la réhabilitation du quai. Le premier était de retrouver une ambiance rappelant les anciens quais de Lorient et de mettre en valeur le bâti. Le deuxième objectif était de répondre aux besoins de l’activité maritime, notamment la plaisance, et l’embarcadère des vedettes de la rade. Le dernier objectif visait à recevoir des manifestations, des événements comme ceux du Festival Interceltique ou encore les stands nautiques. Les parkings ont par conséquent été réduits. Un large mail planté d’arbres avec marches et assises s’arrête sur une figure de proue. Dans cette ville reconstruite selon la doctrine fonctionnaliste, ces objectifs sont toujours des questions d’actualités dans les politiques d’aménagements de la commune tant les spécificités maritimes et portuaires ont été mises à distance des lieux de résidence.

Embarcadère quai des Indes :

L’embarcadère situé au niveau du quai des Indes fait partie d’un pôle multimodal important au cœur de la ville et de la rade de Lorient. Il constitue un objet d’interface entre le centre-ville de Lorient, la rade mais aussi le port. Un arrêt de bus dessert l’embarcadère, un parking est également situé à proximité. Six lignes traversent la rade pour atteindre Port-Louis, Gâvres, Locmiquélic et en saison estivale, Larmor-Plage. Ces liaisons trans-rade sont une compétence de Lorient Agglomération.

En 2017, des travaux de réaménagement de l’embarcadère sont entrepris. Ces travaux ont permis la mise en place d’un nouvel embarcadère avec un double franc-bord. Il est construit en aluminium et platelage bois. Il s’agit de travaux de modernisation et de remise aux normes.

 

La construction d’un quai sur la rive gauche du Faouëdic pour y décharger les navires de la Compagnie des Indes :

Dans un mémoire adressé à l’intendant de Bretagne en 1737, les habitants de Lorient pointent du doigt « le manque de quais privés où l’on pourrait décharger les vaisseaux » et réclament leur construction sur les terres vases (ou lais) s’étendant du mur de clôture de la Compagnie des Indes jusqu’au moulin du Faouëdic. Cela conduit à l’aménagement, en 1740, de la cale Ory ; à l’extrémité de la rue du même nom, qui longe le mur de l’Enclos. Néanmoins, la construction des quais est entravée par un conflit d’intérêts opposant la famille des Rohan-Guémené, propriétaire du terrain, et la Compagnie des Indes. Au sortir de la guerre de Sept Ans, la ville de Lorient relance le projet d’aménagement des quais. En 1765, le prince de Rohan concède à la communauté « la côte depuis et compris la cale Ory jusqu’au moulin Faouëdic » afin d’y construire « des quais, des cales et autres établissements ». Entre 1766 et 1768 sont construits la cale et le quai d’Aiguillon, dénommés ainsi en hommage au duc d’Aiguillon, gouverneur de Bretagne. Par la suite, l’aménagement des quais semble s’arrêter pendant quelques années avant que le prince de Rohan ne fasse un don de 30 000 livres pour construire, entre 1778 et 1780, une cale qui porte son nom. Rebaptisé « quai d’Orléans » en 1789, l’ancien quai d’Aiguillon change une nouvelle fois de nom à la Révolution pour devenir le « cours des Quais ». Une promenade encadrée d’arbres y est aménagée pour permettre aux habitants de déambuler en observant le déchargement des marchandises. En 1805, un programme est lancé pour restaurer et prolonger le quai d’Aiguillon, qui tombe en ruine. La mauvaise qualité des installations, posées directement sur les fonds vaseux, conduit à reprendre les travaux qui ne sont achevés qu’en 1846. Le quai est alors construit sur des pilotis profondément enfoncés dans la vase jusqu’à atteindre un sol bien solide. Entre 1941 et 1942, les Allemands construisent deux blockhaus sur le quai des Indes (renommé ainsi en 1936). Ces abris bétonnés sont détruits en 1982 pour libérer la promenade qui retrouve ses alignements d’arbres et redevient un lieu de déambulation pour les habitants. Pour marquer la fin du chantier de réaménagement du quai en 1988, la municipalité lorientaise commande à l’artiste nantais Jacques Raoult une statue de bronze représentant une figure de proue. Cette œuvre imposante accueille les passagers à leur descente du « batobus » et leur rappelle le passé maritime d’une ville-port dont le quai des Indes constitue un témoin historique privilégié.

L’aménagement portuaire du quai des Indes, lieu de vie des armateurs et négociants :

Profitant du déclin de la Compagnie des Indes à la fin du 18e siècle, les armateurs et négociants lorientais cherchent à affirmer leur réussite sociale et financière dans le paysage urbain. Pour cela, ils se font construire des demeures à l’architecture imposante le long du quai d'Aiguillon (aujourd'hui quai des Indes). Ce projet immobilier s’inscrit dans un plan d’urbanisme pensé par la municipalité, qui impose ses conditions afin d’ordonner la ville en respectant une certaine harmonie architecturale. Ainsi, « les acquéreurs seront obligés de se conformer pour la construction et l’élévation des façades du côté du quai aux plans qui seront arrêtés et approuvés en conseil ». En 1774, le projet retenu est celui de Jean Detaille de Kerorgan, ingénieur du roi. Celui-ci dessine des immeubles aux façades uniformisées avec des hautes fenêtres à encadrement de granit. Un chantier coordonné est programmé pour veiller au respect des conditions posées par la municipalité. Toutefois, ce plan n’est pas suivi lors de la phase de construction qui s’étale entre 1781 et 1786. Alors qu’ils devaient être bâtis sur toute la longueur du quai d’Aiguillon, les hôtels particuliers n’occupent finalement qu’une partie de celui-ci. De plus, les propriétaires des terrains font édifier leurs habitations de manière indépendante. Néanmoins, le front bâti respecte, dans l’ensemble, une certaine harmonie des façades. Une partie des constructions du 18e siècle a échappé aux bombardements de 1943 (1 rue Pasteur, 22, 29 et 30 quai des Indes et 1 rue de la cale Ory). La partie centrale (27, 28 et 28 bis quai des Indes) a été reconstruite durant l'après-guerre sous le contrôle de l’architecte Ollivier dans un style rappelant l'ordonnancement originel du front bâti.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle, 19e siècle, 20e siècle

Il s’agit d’un espace public dont les installations portuaires sont construites sur pilotis de 9 ou 10 mètres. Le quai est construit en maçonnerie de moellons et en pierres de tailles avec un revêtement en pavé. Il est doté d’un mail permettant une promenade piétonne recouverte de terre avec deux allées d’alignement d’arbres. Adossé à l'écluse du bassin à flot, on distingue toujours l'ancien embarcadère des vedettes qui reliaient Pen-Mané et Port-Louis. A l'extrémité du quai, l'actuel embarcadère du transrade est construit au-dessus de la cale Ory dont les fondations sont aujourd'hui bien conservées.

Le quai accueille également la statue « figure de proue » située face à l’embarcadère. Le front bâti du quai des Indes et notamment les immeubles 1 rue Pasteur, 22, 29 et 30 quai des Indes ainsi que le 1 er rue de la cale Ory forment un ensemble homogène et reprennent un plan à un étage et à toitures mansardées. Les façades sont percées de doubles fenêtres, fermées par des contrevents en bois, et supportent des balcons en fer forgé et planchers en bois. Un enduit laisse apparentes les pierres de taille d'encadrement des fenêtres, de chaînage, des soubassements, des bandeaux et des corniches. Les portes d'entrée sont renfoncées et surélevées de quelques marches par rapport à la rue. Le quai compte une façade de la chambre de commerce et d’industrie, classée « architecture remarquable du 19e siècle ». Les mobiliers urbains existants tels que les lampadaires, les bornes ou encore les bancs sont de style classique.

  • Murs
    • granite moellon enduit
  • Mesures
    • l : 490 m
    • la : 25 m
  • Précision dimensions

    Un tiers du quai a perdu son accès à l'eau suite au comblement d'une partie du bassin à flot après la Seconde Guerre mondiale pour construire le Palais des Congrès et la place Louis-Glotin.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    quai, front bâti, statue monumentale, embarcadère
  • Protections

Documents d'archives

  • « Réhabilitation du quai des Indes », archives municipales de Lorient, cote 5TH63, Février 1987

    Archives municipales de Lorient : 5TH63

Bibliographie

  • Buffet Henri-François, Les monuments du XVIIIe siècle à Lorient, Rennes, Imprimerie Bretonne, 1948

  • Le Bouëdec Gérard, Le port et l’arsenal de Lorient, de la Compagnie des Indes à la Marine cuirassée : une reconversion réussie (XVIIIe – XIXe siècles), Tome 2, Paris, Librairie de l’Inde Éditeur, 1994

  • Le Bouëdec Gérard et Cérino Christophe, Lorient ville portuaire - Une nouvelle histoire des origines à nos jours, Rennes Presses Universitaires de Rennes, 2017

  • Le Hénanff Soazig et Courtet Eric, Lorient d'hier à aujourd'hui, Saint-Avertin, Éditions Sutton, Regards Croisés, 2013

  • Nières Claude (dir.), Histoire de Lorient, Toulouse, Privat, 1988

Documents figurés

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Lorient Agglomération
(c) Région Bretagne
Thibert Laura
Thibert Laura

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