La digue sera formée de 2 murs parallèles en maçonnerie de mortier hydraulique et remplie en son milieu de marne grasse. Elle aura 120 mètres de long sur 10.80 mètres de large et sera ancrée dans les rives de l’anse. Elle sera arasée 90 centimètres sous les plus hautes mers d’équinoxe et aura une hauteur maximale de 7.50 mètres. Nota : aux grandes marées, la roue du moulin Barzic et la route sont sous l’eau...
Le canal d’entrée à ciel ouvert a 1.90 de large ; dans sa partie basse un clapet de bois oscillant de 1.90 mètre de haut surmonté d’une obturation en madriers, se ferme lorsque la mer redescend. Le ponceau en pierre de taille appareillé sous le bâtiment a 3.60 mètres de haut pour 2.10 de large et alimente la roue. Il n’est pas question de vanne de fermeture, le meunier travaille en fonction de l‘heure des marées ! Travaillait-il à marée montante ? Nous en doutons…
Comme la plupart des moulins à marée, Traou Meur utilise l’approvisionnement et l’exportation par mer et une cale en pierres appareillées est établi à l’angle Sud-ouest, à la sortie du bief de décharge.
Si la première retenue a comme surface 16 000 m², une deuxième retenue de 8000 m² a été établie en aval de la digue. Elle a nécessité la construction d’une digue de 280 mètres de long, coupée par une vanne d’entrée et communiquant par un bief à la première retenue. En 1923, la ligne de chemin de fer venant de Paimpol la franchissait sur une passerelle en béton dont les débris sont encore visibles au fond de la retenue.
Le bâtiment du moulin mesure 27 mètres de long sur 11.50 de large avec une aile en retour de 8 par 10 mètres à l’angle Est. De hauteur impressionnante surtout côté rivière, il a 5 niveaux plus un comble. Le nombre important de fenêtres, une soixantaine, montre l’ambition d’en faire en cette deuxième moitié du 19e siècle, une usine, en fait une minoterie.
Cette minoterie fonctionne jusqu''à la veille de la deuxième Guerre Mondiale avant de devenir une coopérative agricole ; dans un premier temps : La Semeuse, société coopérative agricole de céréales puis la Rochoise. Cette coopérative utilise comme levage, un manège actionné par un âne ; positionné au sous-sol, il permet de lever les sacs de grains aux différents niveaux. Ce sous-sol vidé depuis longtemps des appareillages du moulin a été bétonné en cuvelage pour éviter les remontées d’humidité. Les 5 niveaux de plus de 300 m² permettent de stocker de grandes quantités de céréales, trop sans doute puisqu’un jour les planchers s’écroulent, nécessitant une réparation par empoutrement en rails IPN (Poutrelle I à Profil Normal) et poteaux béton pour renforcer les poteaux bois existants.
Roger Perrot, encore armateur de bateau sablier, l’acquiert en 1972, pour y établir le magasin que nous connaissons actuellement, toujours quasiment dans son jus, excepté une petite extension et le bardage de l’aile Est.
La retenue est remblayé en 1992 et le terre-plein enherbé ne sert que quelques jours par an, aux festivités du bar du Pont : concours de boules, brocante...
(Michel Le Hénaff, association Océanide, 2019).
Chargée d'études à l'Inventaire