Dossier d’œuvre architecture IA22132850 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
Chapelle des Paulines puis des Ursulines, rue Poul Raoul (Tréguier)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Tréguier
  • Commune Tréguier
  • Adresse rue Poul Raoul

Partie constituante du couvent des Paulines puis des Ursulines, la chapelle ou église conventuelle était un sanctuaire semi-privé ouvert vers la ville, accueillant les fidèles dans l'atmosphère recueillie de ses offices. L'édifice présente un plan à la fois simple et savant, symétrique par rapport à l'axe transversal, qui permet de séparer les fidèles des religieuses tout en assurant des perspectives visuelles. Cette distribution de l'espace est magnifiée par un décor raffiné de la seconde moitié du 19e siècle. Mis à mal par des affectations diverses, ce décor a bénéficié d'une restauration à la fin des années 1990. La chapelle compte désormais parmi les équipement culturels de la ville et abrite des expositions temporaires.

Cet édifice est protégé au titre des monuments historiques.

Une histoire mouvementée

La chapelle est liée au couvent des Paulines, construite autour de 1760 sur un terrain nouvellement acquis par la congrégation des soeurs de Saint Vincent de Paul, entre les actuelles rues Poul Raoul et Le Peltier. Elle forme avec le grand logis un ensemble conventuel disposé autour d'une cour intérieure (voir dossier couvent des Paulines).

Les Paulines disparaissent de Tréguier en 1792 et n'y reviendront jamais. L'intérieur de la chapelle est endommagé par le bataillon d'Etampes, affecté à Tréguier entre février et mai 1794, responsable d'exactions et d'actes de vandalisme dans la ville. Le couvent est affecté à l'armée jusqu'en 1802 (la chapelle sert d'écurie au régiment de cavalerie), puis aux hospices, avant d'être vendu aux Ursulines en 1829, déjà installées dans le monastère depuis 1809.

En 1905, avec la séparation de l'Eglise et de l'Etat et l'interdiction aux religieuses d'enseigner, le couvent est transformé en école supérieure de jeunes filles. Il semble alors que le choeur des religieuses soit seul utilisé et que le reste de la chapelle soit abandonné comme en témoignent la récupération d'éléments de décor de la nef (angelots sous les niches) dans le choeur et les nombreux graffiti datés des années 1920 aux années 1950.

Un plan axial hérité d'Italie

Le plan adopte le modèle préconisé par Charles Borromée (archevêque de Milan à la fin du 16e siècle) avec avant-choeur des religieuses dans l'axe du sanctuaire, et non perpendiculairement comme c'est majoritairement le cas dans les chapelles des couvents aux 17e et 18e siècles. Le mobilier de la chapelle a disparu, initialement l'autel (dû au sculpteur Le Merer) était placé devant l'arcade, entre la nef des fidèles et l'avant-choeur monastique. Une grille en bois se situait entre les religieuses et les fidèles, comme l'attestent les traces d'arrachement et de clous de fixation de la clôture sur la tranche de l'arcade et des baies libres.

Un décor commandité par les Ursulines

La distribution est magnifiée par un décor sculpté et peint, commandité par les Ursulines dans la seconde moitié du 19e siècle. Pilastres, chutes de fruits, coquilles, angelots, cornes d'abondance renvoient au style rocaille et néo-classique tandis qu'un orgue postiche occupe la tribune du choeur, encadré par des draperies peintes en trompe-l'oeil. Les cadres ornementaux peints de graciles volutes et de rinceaux sont attribuables au peintre-décorateur briochin Raphaël Donguy (1812-1877), ami de Monseigneur Augustin David (1812-1882), dont les armoiries figurent au-dessus de l'arcade, au revers de celles du pape Pie IX (1792-1878). Les images de saints sur la voûte sont datées 1871 et sont signées Jacques-Marie Herlido, peintre-décorateur originaire de Guingamp : "J. HERLIDO, XII.IMAGINES PINXIT.1871" (12 images peintes). La bénédiction de la chapelle a lieu le 18 mai 1873.

Une église en front de rue

La chapelle ou église conventuelle mobilise le front de rue pour accueillir les fidèles. Elle occupe le côté Ouest du carré claustral, construite perpendiculairement au grand logis avec lequel elle communique.

Non orientée, elle présente un plan très allongé à vaisseau unique, chevet plat et choeur monastique dans l'axe de l'édifice. Une sacristie double est construite contre la façade Ouest. La façade nord sur rue en pierre de taille de granite présente une composition symétrique très simple avec oculus, bandeaux latéraux ornés d'une niche en plein cintre et porte à fronton précédée d'un petit perron. Les façades est et ouest, l'une en pierre de taille de schiste, l'autre en moellon de schiste et granite, sont percées de cinq fenêtres en plein cintre ornées de vitraux.

Un volume intérieur divisé en trois parties

Le volume intérieur de la chapelle est divisé par une arcade qui sépare le choeur des soeurs de la nef des fidèles. Cet arc transversal est accompagné de deux baies libres et de deux niches à statues plates superposées. Il est architecturée des deux côtés par des pilastres, un fronton brisé et un entablement. Côté choeur, le muret de refend est orné des armes du pape Pie IX (1846-1878), côté nef, des armes (partiellement disparues) de Monseigneur Augustin David, évêque de Saint-Brieuc et de Tréguier. La différence de niveau entre le bas et le haut de la nef forme une sorte d'estrade pour l'autel, probablement délimitée à l'origine par une clôture basse. L'espace réservé aux fidèles est ainsi restreint à la partie basse de la nef, en contrebas.

Un décor spectaculaire

Un orgue postiche occupe la tribune du choeur des soeurs, encadré de draperies en trompe-l'oeil. Le plafond est orné de 12 portraits de saints en médaillons. En plus du décor sculpté et mouluré, la chapelle abrite des décors peints à l'or sur les panneaux latéraux dont les motifs sont chaque fois renouvelés avec une grande finesse : guirlandes de fleurs, entrelacs, cornes d'abondance, palmettes, têtes de sauvage...

  • Murs
    • granite pierre de taille
    • schiste pierre de taille
    • schiste moellon
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan allongé
  • Couvrements
    • lambris de couvrement
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    inscrit MH, 1992/12/02
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Dossier de protection. 2 décembre 1992. Conservation des Monuments Historiques. Direction Régionale des Affaires Culturelles

    Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne - CID Documentation du Patrimoine

Bibliographie

  • l'architecture religieuse européenne au temps des réformes. Sous la direction de Monique Chatenet et Claude Mignot. Paris, Picard, coll. "De architectura", 2009, 296 p.

  • GUILLOU, Adolphe (préface d'Anatole Le Braz). Essai historique sur Tréguier par un Trécorrois. F. Guyon, Saint-Brieuc, 1913 (réédition collection Monographies des villes et villages de France. Paris, 1993, 204 p.)

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 7382

Documents figurés

  • Tableau d'assemblage et plans parcellaires de la commune de Tréguier, 1834.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3P 362/1-4
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017