Orienté vers le nord-est, c’est-à-dire vers le Jaudy, le front portuaire de Tréguier présente une succession d’anciennes maisons de marchand, d’armateur ou de négociant datables du 16e siècle, du 17e siècle et du 19e siècle.
Les deux maisons situées de part et d’autre de la "Grande rue" (aujourd’hui rue Renan) et sur le quai du Jaudy sont sans doute les plus connues de la ville. Elles sont nommées localement "porte de Tréguier" alors même que la ville était dépourvue de fortification. Elles marquent symboliquement l’entrée de la ville depuis le port.
La maison située au nord de la rue (actuellement 8 rue du Port) présente des armoiries (aujourd’hui martelées et illisibles) sur la façade sud de la tour. Sa façade principale côté Jaudy a été remontée en pierre au 19e siècle sans doute à la place d’une ancienne façade en pan de bois, tandis que la partie nord semble avoir été agrandie. Des traces de portes hautes, murées dans le parement de la tour, pourraient être celles d’une petite galerie de jonction entre les étages en pan de bois et la tour, selon un dispositif semblable à celui, daté 1610, de la maison située au sud de la rue. Cette distribution du 17e siècle révèle la cohabitation entre activités commerciales ou artisanales en rez-de-chaussée, accessible par une porte, et des logements aux étages accessibles de manière totalement autonome par une autre porte et un escalier en vis.
Cette maison appartenait à Louis Goaziou en 1906 et son rez-de-chaussée accueillait le "Café des Sports" au début du 20e siècle puis les établissements "Brisset M d'Huitres" et le "Café de la Croix Blanche" avec salle de billard au premier étage puis, "Café-restaurant". Elle appartenait à la famille Nicolas en 1947 date à laquelle, Raymond Cornon, architecte en chef des Monuments historiques demande sa protection au titre que "cette maison forme avec les maisons voisines un ensemble des plus pittoresques".
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.