L´écart de Quélern, au sud-est de la commune de Roscanvel, s´étend depuis le lieu-dit de Quélern à proprement dit jusqu´à Beg ar Grogn plus au nord, où se trouve le site portuaire, en passant par l´étang de Kervian où une digue-route fut construite au début du 20e siècle pour relier plus aisément les deux secteurs. Cet écart s´est développé essentiellement autour de l´activité militaire puis portuaire et balnéaire. En 1694, Vauban fait construire les lignes de Quélern au niveau de la partie la plus étroite de la péninsule de Roscanvel pour protéger celle-ci des attaques à revers. Deux portes (porte de Camaret et porte de Crozon désormais détruites), fermées la nuit venue, permettent de contrôler les entrées. Cet isolement durera jusqu'en 1918. On parle alors de Roscanvel comme d'un "quartier de Brest". La majeure partie de l´espace de Quélern (partie méridionale, jusqu'à l'étang de Kervian) appartient par ailleurs alors à la commune de Crozon. En raison de cet isolement, une demande de rattachement de Quélern à la commune de Roscanvel est formulée ; elle sera effective en 1851 (loi du 6 mai 1851). D´autres installations militaires ont été construites à proximité des lignes de Quélern, comme la caserne Sourdis à la fin du 18e siècle et un réduit en 1854. A la fin du 18e siècle, une usine à briques s´installe à Quélern pour répondre à la forte demande des ministères de la Marine et de la Guerre engagés dans des chantiers considérables dans la presqu´île et dans la rade. Elle fonctionnera jusqu´en 1886. En 1828, une cale est construite sous la Caserne Sourdis pour palier au manque d´infrastructures pour le transit-terre-mer (jusque là, l´embarquement et le débarquement pour les hommes et le matériel s´effectuaient par échouage à Pont-Scorff ou au bourg). Y débarquent les militaires, les prisonniers, les ouvriers employés à la construction des nouvelles batteries sur la presqu´île de Roscanvel, les marchandises, les matériaux et les voyageurs. Une fontaine, dont l´eau ferrugineuse est réputée pour ces vertus thérapeutiques, est édifiée à proximité, au milieu du 19e siècle, pour les militaires, les habitants et les touristes. Une activité balnéaire commence en effet à se développer dès la fin du 19e siècle. En raison des difficultés de circulation sur la cale de la Caserne Sourdis et du faible tirant d´eau de la cale du bourg, la décision est prise de construire une nouvelle cale au lieu-dit Beg Ar Grogn, plus au nord. Le projet est soutenu par la Société des Vapeurs Brestois et la Marine qui souhaite y débarquer les grosses pièces d´artillerie. La cale est achevée en 1901 et la première cale est progressivement abandonnée. Durant tout le début du 20e siècle, notamment pendant l'Entre-deux-guerres, le trafic de passagers va s´intensifier. Les pardons, promenades et piques niques sont à la mode et de nombreux passagers, essentiellement une population brestoise (dont de nombreux ouvriers de l´Arsenal), débarquent à Quélern pour se promener jusqu´à la plage de Trez Rouz (Crozon) et y pique-niquer. L´activité balnéaire de Quélern et Roscanvel est néanmoins moins développée qu´à Morgat. Elle permet cependant le développement du commerce à Quélern. Ainsi, l´ancienne briqueterie est transformée en villa-pension (La Pagode) en 1904 et accueille une clientèle aisée de régiments coloniaux, de touristes parisiens et de promeneurs du dimanche. Le quartier autour de la cale de 1901 se développe et trois bistrots ouvrent leur portes pour accueillir les passagers venus étancher leur soif avant de repartir vers Brest : « A l´arrivée du vapeur », « A la nouvelle cale de Quélern » et « Au départ du vapeur ». Un chantier de construction et de réparation navale, tenu par Auguste Laë, fonctionne par ailleurs entre 1906 et 1910 au sud de l´étang de Kervian. La demande est à cette époque très forte dans toute la presqu´île de Crozon. Un autre chantier de construction et de réparation navale s´établira sur la grève de Quélern entre les deux guerres. L´activité balnéaire périclite après la Seconde guerre mondiale et la cale de Quélern cesse d´être desservie en 1963, changeant ainsi le destin de cet ancien « quartier de Brest » qui retourne à son isolement. Le dernier bistrot de Quélern ferme ses portes à la fin des années 1980. Aujourd´hui, l´écart de Quélern est toujours marqué par la présence militaire, le résidentiel et quelques pêcheurs plaisanciers.
- enquête thématique régionale, Inventaire du patrimoine maritime de Crozon Roscanvel Camaret Clohars-Carnoët Larmor-Plage et Sené
Dossier non géolocalisé
-
Aire d'étude et canton
Bretagne - Crozon
-
Commune
Roscanvel
-
Lieu-dit
Quélern,
Kervian,
Beg ar Grogn
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Dénominationsécart
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Parties constituantes non étudiéesmaison
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Période(s)
- Principale : 18e siècle
- Principale : 19e siècle
- Principale : 20e siècle
- Secondaire : 4e quart 17e siècle
L´espace portuaire et militaire de Quélern, qui s´étend sur 2 km le long du littoral sud-est de la commune de Roscanvel, est composé de bâtiments militaires, d´habitations diverses et d´infrastructures portuaires et littorales.
Données complémentaires architecture PATMAR
- REFC ROS 23
- THPA Défense militaire des côtes ; Transit terre/mer ; Activité balnéaire de loisirs et de santé ; Vie des populations littorales ; Protection contre l´érosion côtière ; Activités artisanales et industrielles liées à la mer
- PROJ
- MENA
- PMEN
- DREC peu cité
- AVIS
- INGP intérêt de mémoire ; intérêt paysager et pittoresque ; intérêt technique
- PING L´écart de Quélern possède de nombreux héritages maritimes relevant de différents champs patrimoniaux : balnéaire, portuaire, artisanal et surtout militaire. Les lignes de Quélern constituent un élément majeur du patrimoine fortifié de la presqu´île de Roscanvel et probablement l´un des moins connus. Deux cales témoignent de l´activité portuaire aujourd´hui déchue. Différents bâtiments rappelle le passé balnéaire de Quélern, aujourd´hui révolu, tout comme l´ancienne briqueterie qui évoque le passé industriel de l´écart. Deux digues-routes, permettant le franchissement de lagunes, relient également les différentes parties de cet espace portuaire et militaire.
- RECO L´écart de Quélern s´est développé en lien avec l´activité militaire (transport de troupes, de prisonniers, de vivres et de matériel), les activités artisanales et industrielles (briqueterie, four à chaux, ardoises, construction et réparation navale...), le cabotage de produits manufacturés, agricoles voire halieutiques et le balnéaire. Il s´agit donc d´un espace multifonctionnel complexe à forte dimension maritime. Porte d´entrée principale de la presqu´île éponyme, l´espace portuaire et militaire de Quélern pourrait être valorisé de façon spécifique par l´aménagement d´un sentier de découverte. Ce sentier passerait par la plupart des héritages recensés dans cet espace (lignes de Quélern, étang de Pen-ar-Poul, digue-route de Quélern, caserne Sourdis, ancienne briqueterie et villa-pension La Pagode, vieille cale de la caserne, fontaine de Quélern), avec éventuellement une signalétique discrète et adaptée retraçant l´histoire de cet écart. Le passage le long des lignes de Quélern, ouvrage original et d´un fort intérêt historique mais aujourd´hui inaccessible, serait un atout indéniable. Mais il s´agit pour l´instant d´un terrain militaire (proximité du réduit de Quélern et de la caserne Sourdis), ce qui interdit malheureusement tout accès. La partie septentrionale de Quélern (étang de Kervian, site portuaire de Beg ar Grogn) possède également quelques héritages maritimes bâtis (cale de Quélern, bistrots liés au premier âge balnéaire, chantier naval) qui mériteraient d´être préservés et restaurés. La rédaction d´une charte municipale de mise en valeur du patrimoine architectural maritime et militaire de Roscanvel (qui serait intégrée dans le PLU) donnerait à ce titre la cohérence et l´efficacité nécessaire à un projet d´ensemble destiné à donner vie à la variété des héritages maritimes de la commune. Pour la partie portuaire, cette charte pourrait s´appuyer sur la charte générale des petits ports d´intérêt patrimonial qu´il serait souhaitable de définir au niveau de la Bretagne.
- (c) Laboratoire GÉOMER, UMR LETG 6554 - CNRS
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- (c) Laboratoire GÉOMER, UMR LETG 6554 - CNRS
- (c) Laboratoire GÉOMER, UMR LETG 6554 - CNRS
Bibliographie
-
BUREL, Marcel. Roscanvel dans la presqu´île de Crozon. Bannalec : Impr. Régionale, 1995.
232 p -
BUREL, Marcel. La fontaine de Quélern. Crozon : Avel Gornog, n° 10, 2002.
p. 61 -
AMGHAR, Julien. Les petits ports et les usages du littoral en Bretagne au XIXe siècle. Thèse d'Histoire : Université de Bretagne Sud, Lorient, 2006, 6 vol.
p. 489-491 (thèse) et p. 199-200 (annexes Inventaire général vol. I) -
Entretien avec Marcel Burel en 2007.
Périodiques
-
GALIFOT, Agnès. Les fortifications de Roscanvel. Les marques de l'histoire. Crozon : Le presqu'îlien, n° 51, 1998.
p. 9 -
BUREL, Marcel. Roscanvel. La cale de Quélern a cent ans. Crozon : Le Presqu´îlien, n° 92, Décembre 2001.
p. 15-17 -
BUREL, Marcel. Dans le passé industriel de Roscanvel. Crozon : Avel Gornog, n° 9, 2001.
p. 25-26 -
BESSELIEVRE, Jean-Yves. Les lignes de Quélern (XVII-XX siècles) . Crozon : Avel Gornog, n° 13, 2005.
p. 38-44 -
BUREL, Marcel. Parties, pardons, promenades et piques-niques. Crozon : Avel Gornog, n° 13, 2005.
p. 30-34
Contient
- Atelier de chantier naval Auguste Laë, 21 bis route de Quélern, Kervian (Roscanvel)
- Bistrot « Au départ du vapeur», 1 route de la Cale, Beg ar Grogn (Roscanvel)
- Briqueterie Kermarec devenue villa-pension La Pagode, 1, 3, 5, 7, 9, 11 route de Quélern (Roscanvel)
- Cale de Quélern, Beg ar Grogn (Roscanvel)
- Cale de la caserne Sourdis, Quélern (Roscanvel)
- Caserne Sourdis, route de Quélern (Roscanvel)
- Chaussée sur l'Estran (Crozon)
- Digue-route de Kervian (Roscanvel)
- Digue-route de Quélern (Roscanvel)
- Fontaine de Quélern (Roscanvel)
- Lignes de Quélern (Roscanvel)
- Réduit de Quélern (Roscanvel)