Conditions de l'enquête
Cette enquête sur la ville de Vannes envisagée à partir de 1997 est le résultat d'un partenariat établi entre l'Etat (service Régional de l'Inventaire, Direction régionale de Affaires culturelles) et la ville de Vannes fixé par une convention.
Elle a pour objet le recensement systématique du patrimoine architectural de la ville dans le cadre d´un inventaire topographique, à la fois outil de connaissance et de gestion du territoire. Elle concerne l´ensemble du territoire communal y compris les secteurs périphériques et suburbains, à l'exception dans cette première étude, du secteur sauvegardé, prévu à partir de 2009.
Sur la base d'une nouvelle convention avec la Région dont dépend aujourd'hui le Service de l'Inventaire, l'étude du secteur sauvegardé a été réalisée entre 2009 et 2014.
L'étude s'est déroulée selon la chronologie suivante :
1998 : recensement du quartier historique du port (y compris les éléments inclus dans le périmètre du secteur sauvegardé).
1999 : recensement des écarts ruraux.
2000 : recensement du quartier Jeanne d'Arc.
2003-2004 : recensement des quartiers de la gare et du Mené (y compris la rive sud de la rue du Mené incluse dans le secteur sauvegardé).
2005 : recensement des quartiers ouest.
2006 : recensement des quartiers sud, est et du quartier des casernes.
2007 : recensement du faubourg de la Boucherie, ainsi que des rues Thiers, de la Loi, du 4 août 44, et de la place de la Libération.
La limite chronologique de l'étude s'est établie à 1950 pour les édifices, 1980 pour les ensembles et lotissements.
Une documentation rapide a été établie à partir de la bibliographie existante, complétée par une recherche en archives qui a concerné dans un premier temps les documents figurés généraux : cartes, plans, ainsi qu'en premier lieu les plans cadastraux anciens (qui ne concernent cependant les secteurs étudiés que comme base foncière des lotissements et rues). A mesure de l'avancement de l'enquête, des recherches plus précises ont été effectuées dans les fonds d'archives municipales et départementales du Morbihan. Pour le quartier du Port, sont intégrés en annexe une partie des textes dépouillés par Julien Danielo pour sa thèse soutenue en 2008 "Les ports d'Auray et de Vannes aux 17e et 18e siècles".
L'étude architecturale s'est faite à partir de la rue, à l'aide de plans anciens et plans cadastraux actuels. Elle a donné lieu à des prises de vues extérieures. Quelquefois une prise de contact avec les propriétaires a permis l'accès et l'étude de certains édifices ; dans le quartier du port, les maisons ont presque toutes été visitées.
A la suite de cette enquête terrain, outre les ensembles (rues, lotissements) et les édifices majeurs (la gare, par exemple), chaque édifice, rue, lotissement repéré a fait l'objet d'une fiche individuelle illustrée et documentée, reliée à la rue où l'édifice se trouve ; les ensembles repérés sont comme les maisons reliés aux rues dans lesquelles ils sont localisés. L'étude des édifices sélectionnés est actuellement en cours.
La base de données comprend en mars 2009 : 2652 dossiers Mérimée (édifices ou ensembles) et 5 dossiers Palissy (les objets ne sont pas pour l'instant compris dans cette étude), illustrée par 8200 photographies.
Pour la consultation, la hiérarchie s'établit comme suit :
-- Dossier Présentation de l'aire d'étude
-------Dossiers collectifs, c'est-à-dire dossiers de familles d'oeuvres regroupant l'ensemble des oeuvres repérées appartenant à cette famille (maison, croix, rues, lotissement, architecture artisanale etc..)
-------Ecarts (ou hameaux)
-------Dossiers sélectionnés individuels hors ville non rattaché à un écart
-------Ville
-------Faubourg. Au dossier individuel faubourg sont reliés les édifices et ensembles sélectionnés dépendant de ce faubourg
-------Quartiers. Au dossier individuel quartier sont reliés les édifices et ensembles sélectionnés dépendant de ce quartier
-------Dossier individuel : maison, lotissement, reliés à la rue (ou à l'écart) où il se trouve, rue reliée au quartier.
Quelques cas particuliers peuvent ne pas s'intercaler dans la hiérarchie.
La constitution de cette documentation normalisée est intégrée conjointement à la base de données de la Région Bretagne, aux bases de données nationales Mérimée et Palissy du Ministère de la Culture et de la Communication, ainsi qu'au SIG de la ville.
L'étude sur le port réalisée en 1998 s'est faite à l'occasion de l'exposition "Vannes une ville un port" qui a donné lieu à l'édition d'un catalogue. Une publication sur le quartier de la gare est sortie en décembre 2005 ; une autre en 2007 sur les quartiers ouest de la ville.
L'opération du secteur sauvegardé
L'opération d'inventaire du secteur sauvegardé programmée à partir de 2009 avec la Région Bretagne dont dépend aujourd'hui le service de l'Inventaire s'est contractualisée dans une nouvelle convention. L'opération est conduite sur les mêmes bases de partenariat que celles posées pour l'inventaire des quartiers périphériques : un agent recruté par la ville, intégré au service patrimoine et encadré scientifiquement par un chercheur (conservateur du patrimoine) de la Région Bretagne. L'opération a donné lieu à la publication d'un ouvrage fin 2014 "Vannes, logis en pierre, maisons en bois, l'architecture du secteur sauvegardé".
L'opération comprend les extensions du secteur sauvegardé.
Depuis le début de l'année 2013, Gertrude est le nouveau dossier électronique de l'Inventaire général. Le bloc Étude de chaque dossier qui comprend la rubrique Contributions permet de renseigner le ou les auteur(s) du dossier dont il est possible de préciser le rôle à travers trois choix possibles ; le contributeur est l'auteur principal du dossier (enquête et rédaction), le rédacteur n'intervient qu'au moment de la saisie du dossier, l'enquêteur n'a fait que le terrain et n'intervient pas dans la rédaction du dossier. Deux enquêteurs figurent pour l'opération du secteur sauvegardé
Julien Danielo, docteur en histoire de l'art sur "Les ports d'Auray et de Vannes aux 17e siècle et 18e siècle : ville, architecture et identité portuaire sous l'Ancien Régime" (diplômé en 2008) a été sollicité pour des recherches d'archives.
En raison des nombreux documents conservés et de la multiplicité des sources à consulter, son travail s'est porté d'abord sur les archives de la réformation, série B2340 et B2341 des Archives départementales de Loire-Atlantique, puis des séries B, G, 6E et 17c des Archives départementales du Morbihan et enfin sur la série 1O216 des Archives municipales de Vannes.
Concernant le rentier ducal de Vannes de 1455-1458, la transcription de ce document d'archive exceptionnel utilisé pour les dossiers du secteur sauvegardé, a été réalisée par Marion Mauvais. Ce travail de transcription a fait l'objet de son master 1 sous la direction de Marie Casset (Lorient : Université de Bretagne sud. 2012). Dans un travail complémentaire en master 2 "La topographie de Vannes au 15e siècle, à partir des données du livre rentier de 1455-1458", Marion Mauvais a appliqué ces données aux surfaces cadastrales de la ville émanant du premier cadastre de 1807-1809. Elle figure à ce titre comme enquêteur dans l'opération d'inventaire du secteur sauvegardé.
INTRODUCTION
Darioritum, nom correspondant à la notion de gué, est une ville gallo-romaine créée après la victoire de César sur les Vénètes en 56 Av. J.C. Elle s'établit sur deux sites séparés par le port : la colline de Boismoreau, urbanisée entre le Ier et le IIIe siècle avec forum et basilique, et la colline du Méné, escarpée et plus facile à défendre, sur laquelle est construit à la fin du IIIe siècle, le castrum de forme triangulaire d'environ cinq hectares qui sera la base de la ville médiévale. Le château de la Motte, plus ancienne résidence du pouvoir civil et militaire (détruit), occupait le nord de l'enceinte. Au cours du Moyen-Age, la ville devenue siège d'un évêché (Saint-Patern, 1er évêque en 466) semble prospère sous la domination franque. Elle est malmenée par les normands en 919. Son histoire est ensuite liée à la Bretagne : domination des Comtes de Vannes et de Largoët, puis domaine ducal. La ville s'étend hors les murs à partir du XIII siècle vers les faubourgs du Méné, Saint-Patern, Saint-Salomon et le quartier du port. Siège de la Chambre des Comptes et des réunions des Etats de Bretagne, Vannes devient en 1379 résidence ducale jusqu'au milieu du XVe siècle : le duc Jean IV y fait construire son château de l'Hermine (détruit) et agrandit l'enceinte urbaine vers le sud. A partir du XVIe siècle, la Maison commune dotée d'un beffroi occupe l'ancienne chambre des Comptes. Au XVIIe siècle, malgré l'arrivée des congrégations religieuses à la périphérie la ville stagne et perd son rôle stratégique. Entre 1675 et 1689, l'exil du Parlement à Vannes dynamise la construction dans la rue Saint-Vincent (parlementaires) et sur le port (marchands). Axes routiers principaux, aménagement du port et plan d'embellissement dessinés au cours du XVIIIe siècle. Il en résulte l'aménagement de la place Gambetta par les architectes de la ville, Philippe Brunet-Debaines de 1834 à 1836, puis Marius Charier, après 1838. La ville décline jusqu'à l'arrivée du chemin de fer et des casernes (routes de Rennes et Pontivy) à partir de 1860 : on constate alors le transfert de l'activité économique autour de la gare, et une forte poussée constructive dans ce quartier ainsi que dans le nouveau quartier résidentiel Jeanne d'Arc-Albert Ier.
Vers 1930, puis après la seconde Guerre mondiale, on assiste à une explosion des lotissements qui occupent petit à petit l'espace entre les voies de communications. Dans les années 60, la crise du logement, générale en France, est en partie résolue à Vannes par la création de la zone d'aménagement de Kercado, puis de la ZUP de Menimur.
L'activité industrielle de la fin du 19e siècle sera éphémère, la plupart des entreprises (fonderie de Kerino, tannerie Douaud, scierie Ducroquet, la Boulonnaise) touchées par les difficultés économiques lors de la première Guerre mondiale et la crise de 1929, ferment avant la seconde Guerre mondiale. Elle ne reprendra que dans les années 60 avec la création de la Z. I. du Prat pour accueillir l'usine de production Michelin. Pourtant le secteur tertiaire reste aujourd'hui le principal secteur d'activité de la ville. Ville administrative, commerçante et résidentielle, Vannes tire aujourd'hui partie d'un potentiel touristique important, en lien avec le Golfe du Morbihan.
Dessinateur