Le frigorifique de Keroman est inauguré le 29 août 1920 par le sous-secrétaire d'Etat de la Marine marchande à l'occasion de la "Grande quinzaine du Poisson". L'article paru en novembre 1920 dans la Revue générale du froid (organe officiel de l'Association française du froid et de l'Association nationale des ingénieurs et techniciens du froid) nous éclaire sur le contexte économique et les relations internationales dans le domaine de la pêche en Atlantique du Nord dans le 1er quart du 20e siècle.
Le frigorifique est le point de départ du développement du nouveau port né de la volonté de l’État : travaux de remblaiement, digues, quais, criée, môle d'approvisionnement en charbon, magasins de mareyeurs et voies ferrées structurant l'ensemble.
A la date de construction de la glacière on pouvait conserver 2 000 tonnes de poisson, en congeler ou réfrigérer 30 tonnes (par journée de 10 heures) et fabriquer 120 tonnes de glace (par journée de 24 heures). Le fluide frigorigène est l’ammoniaque à détente directe et la puissance nécessaire pour réaliser l'installation est de 840 000 frigories-heure dont 640 000 employés à la fabrication de la glace. L'énergie est fourni par la société bretonne d’Électricité dont une centrale thermo-électrique est située à Lorient.
"Le frigorifique comprend deux bâtiments : l'un de quatre étages dans lequel se trouve l'entrepôt proprement dit, la fabrique de glace, la réserve de glace (ou glacière) et l'usine de congélation ; l'autre ayant la hauteur de deux étages, et comprenant la salle des machines avec ses annexes (salle du transformateur, bacs sous condenseurs, salle des condenseurs)." (Revue générale du froid, novembre 1920).
L'architecture du bâtiment principal permet de regrouper tout les services pour diminuer les distances à parcourir pour le transport des caisses de poisson : de la réception à l'expédition, l’efficacité est de mise.
Le rez-de-chaussée comprend : escalier, monte-charge, réception, expédition, usine de réfrigération (salle de triage, lavage ; 8 chambres froides de 8.25*4.60*4 chacune d'une capacité de 60 tonnes), salle d'entrepôt, anti-chambre pour la circulation des chariots électriques.
1er et 2e étage : 4 chambres froides (17*9.70*3.30) d'une capacité chacune de 200 tonnes et anti-chambre ; ascenseur à chaque angle du bâtiment.
3e étage : occupé par la glacière d'une capacité de 1 500 tonnes.
4e étage : occupé par la fabrique de la glace dans deux bacs de congélation avec les refroidisseurs de saumure.
La salle des machines : 5 compresseurs avec moteurs électriques, canalisations d'ammoniaque et 3 groupes de 2 condenseurs. L'eau de mer est utilisée pour réfrigérer les condenseurs. L'ensemble est complété par 2 petites salles où se trouve le transformateur (530 kilowatts) et la réserve de matériels.
Fabrication de la glace : deux générateurs à glace séparés pouvant produire 60 tonnes de glace chaque en 24 heures. Les bacs sont construits en béton armé et contiennent chacun 2 200 mouleaux en zinc. Pont roulant, appareil de remplissage et appareil de démoulage.
Broyeur à glace et appareil pour fabrication de neige : situés au 3e étage et chicane et silos de réserve en contre-bas (7.5 tonnes/heure/broyeur.
Schéma général du mode opératoire : poissons frais débarqués du chalut sur des camionnettes électriques vers la table de vidage et triage (par espèce, par grosseur ; vidage du poisson) amenés par palan électrique au dessus des cuves de congélation ou réfrigération. Après immersion dans de la saumure (température et durée selon l'objectif -réfrigération 20 à 30 minutes, 45mn à 2.30 heures pour la congélation-et la grosseur du poisson), le traitement se fait par palan électrique roulant sur monorail avant expédition ou réfrigération ou congélation du poissons.
Les 4 ascenseurs situés aux angles du bâtiment permettent la manutention de plate-formes qui depuis le rez-de-chaussée vers les étages de traitement amènent le poisson.
Le prix de revient du frigorifique de Lorient est de 6 millions (travaux de remblaiement et ferroviaire inclus). Il a été exécuté par la Compagnie Française du Froid aidée du personnel de la Marine marchande. La machinerie frigorifique a été fournie par la Compagnie de Constructions mécaniques (procédé Sulzer) et le gros œuvre établi par les entreprises du Nord et de l'est.
Chargée d'études d'Inventaire