Dossier d’œuvre architecture IA56132094 | Réalisé par
Jadé Patrick (Contributeur)
Jadé Patrick

Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales 1830-1870 dans les îles de Bretagne Sud
Réduit A, enceinte urbaine (Le Palais)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne Sud - Belle-Ile-en-Mer
  • Commune Le Palais
  • Adresse Intra muros
  • Cadastre AC 10
  • Dénominations
    réduit, caserne
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    mur défensif, casemate, latrine

Comme les réduits B, C, G et H, la porte de Bangor et la galerie de contrescarpe, le réduit A de l'enceinte urbaine du Palais est un rare témoin sur le sol français de l'architecture militaire du Premier Empire. Néanmoins, derrière une apparente unité architecturale se cache un bâtiment à l'histoire complexe dont les évolutions sont le reflet de celle de l'enceinte du Palais des années 1810 aux années 1860. A ce titre, et parce qu'il conserve de nombreux vestiges de son occupation militaire, il mériterait d'être l'objet d'une étude archéologique systématique.

Le réduit A est la caserne défensive voûtée à l'épreuve destinée à servir de réduit de gorge à l'ouvrage A des projets de l'Empire. Il est construit en 1812-1813.

Les projets pour la construction de l'enceinte du Palais des années 1820 aux années 1860 prévoient sa conservation à la gorge du bastion 19. Des aménagements complémentaires sont réalisés au cours de cette période : partition des casemates en deux niveaux en 1820, modification de la façade, construction de latrines dans les années 1840, modification du parapet de la terrasse dans les années 1850 et 1860.

Au 19e et au 20e siècle le bâtiment sert de prison et de caserne. Il sort du domaine militaire après la Seconde Guerre mondiale.

Il abrite la Maison de la Nature de Belle-Île (aquariums, centre de soin pour oiseaux) dans les années 1990 et 2000.

Le réduit A est un bâtiment rectangulaire dont la façade tournée vers le bastion 19 est bastionnée. Initialement, il devait constituer la courtine et les flancs d'une tenaille placée à la gorge de l'ouvrage A.

Il s'organise en cinq travées voûtées en berceau plein-cintre divisées horizontalement par un plancher en bois sur consoles. La travée centrale est occupée par le passage en capitale occupant les deux niveaux, bien que des traces de division sont visibles. Chaque niveau comporte quatre grandes pièces rectangulaires, plus deux petites occupant les bastionnets frontaux. Deux escaliers symétriques en spirale placés dans l'intérieur du mur de face desservent l'étage. Deux autres escaliers droits convergent vers un corridor débouchant sur la terrasse.

L'élévation de la façade de gorge comporte cinq travées dans lesquelles s'ouvrent la porte surmontée de l'inscription "Réduit A" et neuf fenêtres. L'attique surmonte un cordon de section semi-circulaire. Les traces de la corniche à denticules des années 1810 sont visibles sous le cordon à l'aplomb de la porte. L'aspect actuel de la façade présente des différences avec les états de la première moitié du 19e siècle. Les huit fenêtres très hautes groupées deux par deux visibles sur l'élévation de 1813 ont été bouchées et remplacées par les fenêtres actuelles (vers 1820 ?) : leurs encadrements sont encore visibles dans la maçonnerie de la façade. La porte visible en 1813 a également été remplacée. Son emplacement, en retrait de la façade avant le milieu des années 1840, a été avancé, comme le montrent les maçonneries plaquées sur cette partie de la façade.

L'élévation de la façade frontale est plus sobre, en moellons de schiste avec encadrements et chaînages en granite. Elle ne comporte aucune autre ouverture que des créneaux de tir desservis depuis les salles extrêmes et les escaliers, et des portes percées à une date inconnue dans les flancs des bastionnets ainsi que dans l'axe du passage central. Cette dernière ouverture peut avoir un lien avec le magasin à poudre situé sous le bastion 19 et accessible depuis la cour séparant le réduit du terre-plein du bastion. Des restes d'encadrement en pierre de taille d'une porte plus large et des discordances dans la maçonnerie laissent penser que le passage central devait avoir initialement une porte à chaque extrémité comme les réduits B et C. Les dates de sa fermeture et de sa réouverture sont inconnues.

La terrasse a été très modifiée des années 1840 aux années 1860. A l'aplomb de la porte du réduit, des latrines occupent un petit abri éclairé par une baie semi-circulaire dont les encadrements sont en calcaire. Ces latrines déversaient leurs matières dans une fosse (auparavant citerne ?) située sous le passage d'entrée et déversant son trop-plein dans les fossés de la courtine 18. Un parapet terrassé occupe tout le front de la terrasse. A chaque extrémité, des passages voûtés permettent d'accéder aux bastionnets démunis de couverture de terre et bordés par un simple parapet en maçonnerie.

Les aménagements dus aux destinations récentes se concentrent au rez-de chaussée. Les pièces de l'étage sont conservées dans leur état ancien, notamment les enduits et peintures murales.

On constate la présence d'humidité dans les murs et les voûtes. La végétalisation des maçonneries y entraîne également des dérangements.

  • Murs
    • schiste moellon
    • granite pierre de taille
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    terre en couverture
  • Plans
    système bastionné
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre, en brique
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier de type complexe
  • État de conservation
    état moyen
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Sites de protection
    site classé, zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique
  • Protections
    classé MH, 2004/11/03
  • Référence MH

Bibliographie

  • LE POURHIET-SALAT, Nicole. La défense des îles bretonnes de l´Atlantique, des origines à 1860. Vincennes, Service Historique de la Marine, 1983, 375 p.

  • PROST, Philippe, L'enceinte urbaine du Palais, un grand chantier de l'Empire, In CONGRES DE L'ASSOCIATION VAUBAN (5,6,7 mai 1989), Vauban à Belle-Île, Le Palais, Éditions Gondi, 1990, pages 74-87.

  • FAUCHERRE, Nicolas, PROST, Philippe, CHAZETTE, Alain. Les fortifications du littoral, La Bretagne Sud. Chauray-Niort, collection : les fortifications du littoral. 1998, 279 p., ISBN 2-910137-24-4.

  • PORTIER, Carlette, POUTORD, Jacques, Belle-Île-en-Mer. L'enceinte urbaine de Palais, Locmaria, Société historique de Belle-Île-en-Mer, 1998.

Périodiques

  • CHAURIS, Louis, Nature et provenance des pierres mises en œuvre dans les ouvrages défensifs à Belle-Île (Morbihan), Bulletin de l'association bretonne, 2011, CXX, p. 285-302.

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Bretagne
(c) Association 1846
Jadé Patrick
Jadé Patrick

Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".

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