Le faubourg de Fougères présente la particularité de se développer selon une structure inhabituelle, en raison de la présence de l'abbaye Saint-Melaine et de l´importance du faubourg qui la relie à la ville, au niveau de la porte aux Foulons. La concentration du bâti est différée, au nord de l'abbaye, au niveau des sites de carrefour. La topographie favorise la construction de maisons de plaisance (Le Soleil-Levant, le Souvenir) qui ponctuent la route de Fougères, dont la plus célèbre est le château de Maurepas.
L'évolution du faubourg est tout à fait exemplaire de la mutation progressive de la périphérie de la ville, dans les sites de hauteur, même si sa morphologie reste marquée par la configuration d'origine.
Malgré le développement de vastes lotissements résidentiels au sud (lotissement Dubosq, boulevard de Sévigné, et lotissements Jailliard, boulevard de la Duchesse-Anne et quartier des Mottais) le faubourg conserve une structure linéaire imposée par la nature de cette voie de grande communication, peu à peu intégrée dans les limites mouvantes de la ville. L'octroi construit en 1824 au niveau du boulevard de la Duchesse-Anne est remplacé, en 1887, par un second octroi construit au niveau du boulevard de Metz. La trame viaire qui se développe à partir du faubourg est tributaire d'un parcellaire agricole, irrigué par des chemins d'exploitation qui deviennent peu à peu des rues (rues Brizeux, du Bois-Rondel, boulevard de la Duchesse-Anne). La taille importante des îlots ralentit le processus de densification du bâti qui s'effectue dans les limites des terrains des maisons bordant la route, à l'exemple du château de Maurepas (impasse Charles-Marie-Widor).
Les quelques rues tracées ou rectifiées dans la deuxième moitié du 19e siècle contribueront faiblement à changer la morphologie malgré l'ouverture de voies larges qui déterminent de nouveaux îlots. Les rues secondaires sont des voies privées conçues pour la desserte des lotissements, dont la largeur et la typologie pavillonnaire conserve la dimension périurbaine, à l'exemple de la vaste villa située au 135 rue de Fougères.
La rue Brizeux constitue une simple jonction avec le faubourg d'Antrain, appuyée par l'ouverture de l'avenue Jules-Ferry, en 1932. La rue George-Sand assure une jonction avec le boulevard de Sévigné.
L'ancienne pension Brecha joue un rôle stimulant dans le développement des quartiers est de la ville et favorise l'implantation d'hôtels particuliers dans le faubourg, contribuant au renouvellement typologique du bâti, mais elle gèle une importante partie des terrains qui le bordent. Après son acquisition par la ville peu avant la guerre de 1914, le secteur sera profondément modifié avec la création des rue Jean-Macé et du Doyen-R.-Houin, à l'emplacement des avenues d'accès au collège Saint-Vincent. Cette dernière fait l'objet d'un projet de lotissement conçu par l'architecte de la ville. C'est finalement à cet emplacement qu'est construite une cité universitaire, en 1932, et la faculté de Droit en 1953, renforçant le pôle d'enseignement qui caractérise aujourd'hui le quartier avec l'institut de gestion installé dans l'ancien orphelinat.
La construction du parc de Maurepas, en 1936, constitue à nouveau un facteur stimulant pour l'urbanisation du faubourg, toujours marquée par une structure linéaire et une ramification faible.
Situé en position périphérique, le faubourg de Fougères reste hors la ville. Son processus d'urbanisation spontané illustre le phénomène de lotissement des terres agricoles qui s'accentue entre les deux guerres. Durant les années trente la construction d'immeubles de rapport constitue un second renouvellement typologique du faubourg, poursuivi après la Seconde Guerre mondiale, au-delà du boulevard Volney et du boulevard de Metz. L'abandon du projet de lotissement de la rue du Doyen-R.-Houin, qui aurait favorisé l'implantation d'immeubles et la densification du bâti sur les axes perpendiculaires au faubourg, est significatif. La construction des archives municipales et des archives départementales, dans les années soixante, et l'opération récente de la ZAC Saint-Vincent parachèvent l'hétérogénéité du paysage du faubourg.
Photographe à l'Inventaire