Dossier d’œuvre architecture IA22133646 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Tunnel ferroviaire de Cesson (Ligne de Saint-Brieuc au Légué), Pointe de Cesson (Saint-Brieuc)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Saint-Brieuc - Saint-Brieuc
  • Commune Saint-Brieuc
  • Lieu-dit Pointe de Cesson
  • Cadastre BO 13  ; BR 559
  • Dénominations
    voie ferrée, tunnel

Remarquable par son élévation d’inspiration médiévale côté Port du Légué (dite "tête aval"), le tunnel ferroviaire de Cesson est désaffecté depuis 2008. Le tunnel appartenait à la Ligne de Saint-Brieuc au Légué mise en service en 1887. Ce résultat - si particulier pour un tunnel ferroviaire - est vraisemblablement dû à l’influence d’Eustache Ollitrault-Dureste (1834-1919), homme politique, propriétaire du Domaine de la Tour de Cesson en dessous duquel le tunnel a été percé.

L’histoire du percement du tunnel est connue par un article de Mazellier dans le Bulletin technologique de la Société des anciens élèves des Ecoles Nationales d'Arts et Métiers de 1889.

Une "voie verte" (Hentig glas, le petit chemin vert en breton), réservée aux déplacements non motorisés, est en projet à la place de l’ancienne voie ferrée.

Le tunnel abrite des colonies de rhinolophe (chauve-souris).

Le percement du tunnel de Cesson a commencé le 14 juin 1883 et a été achevé le 11 juin 1884 après douze mois de travaux payés à la tâche. Les travaux ont débuté sous l’égide de l’État par une galerie d’essai de 115 m de longueur dite "petite galerie" et se sont prolongés avec le creusement du tunnel sur 138 m par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest. Pour éviter les effondrements, le tunnel est "boisé" (c’est-à-dire, étayé sur toute sa longueur). Le déblaiement et le revêtement du tunnel se sont étalés du 9 décembre 1884 au 3 novembre 1885 (11 mois de travaux). Le tunnel est d'ailleurs daté par millésime de "1885". Il a coûté 234 314 francs de 1889, soit autour de 928 francs par mètre.

Mise en service le 18 avril 1887, la Ligne ferroviaire de Saint-Brieuc au Légué est concédée par l’État à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest jusqu’en 1908, date de disparition de la compagnie. Cette ligne était principalement destinée au transport de marchandises entre la gare ferroviaire de Saint-Brieuc (reliée à la Ligne de Paris-Montparnasse à Brest) et la gare du Port du Légué. A partir du 1er janvier 1909, la ligne est exploitée par l’Administration des chemins de fer de l'État ou Réseau de l’État puis, à partir de 1937, par la Société nationale des chemins de fer français.

Le style néo-gothique d’inspiration médiévale du débouché du tunnel côté Port du Légué est vraisemblablement dû à l’influence d’Eustache Ollitrault-Dureste (1834-1919), propriétaire du Domaine de la Tour de Cesson. De ce côté, le débouché du tunnel de Cesson est également orné des armoiries de la Ville de Saint-Brieuc.

Pour le centenaire des Chemins de fer des Côtes-du-Nord, la Ligne de Saint-Brieuc au Légué a retrouvé brièvement une activité les 28 et 29 mai 2005.

En 2008, la circulation des trains de fret a été suspendue sur cette ligne par la Société nationale des chemins de fer français - SNCF.

Depuis 2016, l’embranchement de la ligne (aiguille d'accès) a été supprimée rendant impossible la circulation sur cette ligne.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1885, porte la date

La Ligne ferroviaire de Saint-Brieuc au Légué est longue de 6 km avec une pente maximale de 20 %. Elle part de la Gare de Saint-Brieuc située à 100 m au-dessus de la mer (embranchement à 1 200 m vers l’est), pour relier le Port du Légué en longeant l’ancienne paroisse de Cesson devenu un quartier de Saint-Brieuc. Il s’agit d’une voie unique non électrifiée à écartement standard.

Plusieurs ouvrages d’art (tranchées, ponts et tunnel) et passages à niveau sont réalisés pour la ligne de Saint-Brieuc au Légué. Au Pont des Courses (viaduc à trois arches), la voie passe au-dessus de la ligne Saint-Brieuc - Moncontour des chemins de fer des Côtes-du-Nord.

Du fait de la topographie obligeant à une grande courbe passant près de la Grève du Valais, un tunnel permet à la ligne de franchir la Pointe de Cesson. Long de 253 m (252,62 m dans l’axe de la voie), le tunnel percé dans la diorite et des schistes, traverse la Pointe de Cesson et débouche sur la rive sud du Gouët avant de rejoindre le Port du Légué. Il présente des pentes de 15 cm par mètre (sur 220 m de longueur) à 20 cm par mètre (sur 32,62 m de longueur).

Le tunnel mesure 4,5 m de largeur avec une hauteur libre sous clé de 6 m. La voûte en anse de panier est revêtue sur toute sa longueur par une maçonnerie de moellon "tétué [la face apparente du moellon restant brute] équarri appareillé avec joint continu". Les piédroits, jusqu’à 1,4 m du sol, sont "en maçonnerie ordinaire bloquée à plein rocher, soigneusement reliée au mortier, avec les parois du souterrain [sic : du tunnel]". Des niches de 1,2 m de profondeur et de 2 m de largeur se succèdent alternativement, à droite ou à gauche, tous les 25 m.

Côté Cesson - Grève du Valais (dit "tête amont"), le débouché du tunnel situé en tranchée est traité de manière classique avec un appareillage en moellon de granite rose et l’arc en anse de panier du passage voûté et la tablette en granite gris. Le millésime "1885" est situé au-dessus de la clé de la voûte.

Côté Légué (dit "tête aval"), le débouché du tunnel est élevé dans un style néo-gothique d’inspiration médiévale : couronné de créneaux, le passage voûté en anse de panier est encadré par deux tours - pilastres crénelées décoratives. Les parties situées de part et d’autre de la travée centrale en appareillage en moellon équarri de granite rose, sont traitées avec un appareillage polygonal en granite rose. Arc de voûte, tour crénelée et tablette sont en pierre de taille de granite (gris foncé bleuâtre à grain moyen). Au-dessus du passage sont placées les armoiries de Saint-Brieuc.

Les armoiries de la Ville de Saint-Brieuc sont "d'azur au griffon [créature légendaire représenté avec le corps d'un aigle greffé sur l'arrière-train d'un lion] rampant d'or armé et lampassé de gueules". Elles sont surmontées d’une couronne composée de quatre tours crénelées rappelant la Tour de Cesson toute proche.

  • Murs
    • granite maçonnerie
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    granite en couverture
  • Typologies
    néo-gothique (4e quart 19e siècle)
  • État de conservation
    bon état, désaffecté
  • Mesures
    • l : 253 m
    • la : 4,5 m
    • h : 6 m
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    voie ferrée, tunnel
  • Sites de protection
    abords d'un monument historique, site patrimonial remarquable

Périodiques

  • MAZELLIER. "Chemins de fer et travaux publics. Tunnel de Cesson sur la Ligne de Saint-Brieuc au Légué". Paris : Librairie Chaix, Société des anciens élèves des Ecoles Nationales d'Arts et Métiers, Bulletin technologique, 1889.

Annexes

  • Eustache Ollitrault-Dureste (1834-1919), propriétaire du domaine de 1877 à 1919
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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