Alexandre Glais de Bizoin dit "Glais-Bizoin", né à Quintin en 1800, est issu d'une riche famille des Côtes-du-Nord, c’est le petit-fils d'Olivier François Glais (1742-1801), seigneur de Bizouin, négociant en toiles de Saint-Thélo et député à l'Assemblée constituante en 1791.
Avocat (1822), propriétaire terrien, Alexandre Glais-Bizoin se lance dans la politique dans le département des Côtes-du-Nord, dans la circonscription de Loudéac (il est élu de 1831 à 1849 et de 1863 à 1869) et brièvement, dans l’ancien département de la Seine à Paris (de décembre 1869 à septembre 1870). C’est un homme de gauche, à l´avant-garde des grandes causes républicaines. D’un discours essentiellement local puis breton, le député Glais-Bizoin passe à un discours national après 1842. Pour l’envoi de lettres, il est le premier à proposer l'adoption d'un tarif unique indépendant de la distance (son combat, commencé en 1839, aboutit finalement en 1848). Il est aussi pour beaucoup dans le développement du chemin de fer en Bretagne (ligne Paris-Brest).
En 1833, il épouse Elisa d'Abbadie d'Arrast (1808-1875).
De 1849 à 1863, Alexandre Glais-Bizoin n’est pas réélu député. C’est sans aucun doute la Tour de Cesson et les vues lointaines qu’offre la pointe qui incitent Glais-Bizoin, déjà propriétaire du manoir des Ligneries à Cesson, à acheter en octobre 1852 les parcelles situées autour de la tour. Lors des travaux d’aménagement du domaine, des vestiges de fortifications médiévales et modernes sont malheureusement partiellement arasés comme le fait remarquer l'historien Julien Trévédy (1830-1908) en 1893. On doit à Alexandre Glais-Bizoin la construction de la demeure de style néo-classique (premier état) et vraisemblablement le belvédère de jardin datable des années 1855-1865. Ce belvédère, qui reprend l’emplacement probable d’un bastion de l'époque moderne, est baptisé "Tour Malakoff" en référence à la bataille victorieuse de Malakoff à Sébastopol le 8 septembre 1855.
Lorsque Camille Flammarion (1842-1925), l’astronome et grand vulgarisateur, est invité par l’historien et homme politique Henri Martin (1810-1883) à assister à une conférence à Saint-Brieuc en 1867 lors du Congrès Celtique International, c’est chez Glais-Bizoin - dans son "beau manoir armoricain" - qu’il loge.
En septembre 1868, c’est à Ernest Renan (1823-1892) et sa compagne Cornélie, qu’Alexandre Glais-Bizoin fait découvrir son domaine. Cornélie Renan (1833-1894) écrit en revenant de Bretagne : "Notre voyage s’est terminé par une journée passée chez Monsieur Glais-Bizoin, à la Tour de Cesson. Rien de plus joli que son parc au bord de la mer, avec la belle ruine que l’on voit de partout dominant la baie de Saint-Brieuc et surtout, rien de plus intéressant que de causer avec un homme d’un si remarquable caractère".
Le 4 septembre 1870, c’est la fin du Second Empire (1852-1870), Alexandre Glais-Bizoin est l'un de ceux qui proclament la IIIe République. Le "Républicain breton" participe au Gouvernement de la Défense nationale en tant que ministre sans portefeuille. Pour l’aider dans sa tâche, il prend comme secrétaire Émile Zola (22 décembre 1870 - 12 février 1971) qui a alors 30 ans : "j'ai compris tous les avantages d'une pareille position. Fort peu de choses à faire, pas d'heure fixe, et n'être commandé que par un brave homme" (courrier du 20 décembre 1870 d'Émile Zola).
Après son échec aux élections législatives de 1871, Alexandre Glais-Bizoin quitte la vie politique nationale. Depuis 1870, il est cependant conseiller municipal à Saint-Brieuc.
Sa femme décède en 1875 ; il s’éteint le 6 novembre 1877 dans son domaine de la Tour de Cesson.
Alexandre Glais-Bizoin est enterré dans le cimetière de Cesson. Son buste, sculpté par Charles-Paul Foulonneau, est conservé au Musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc. Une place de Saint-Brieuc porte son nom. Un timbre de la poste a été créé à son effigie en 2014.
Le domaine de la Tour de Cesson passe en héritage à son neveu Eustache Ollitrault-Dureste (1834-1919).
Nicolas Verdier a consacré en 2003 une publication à Alexandre Glais-Bizoin intitulée "Un député obstiné - Alexandre Glais-Bizoin". En 2007, René Huguen a publié "Glais-Bizoin et le grand dossier du chemin de fer".
Sources :
Article "Alexandre Glais-Bizoin" sur Wikipédia, L’Encyclopédie libre.
Page "Alexandre, Olivier Glais-Bizoin" sur le site de l’Assemblée nationale.
Nicolas Verdier, "Passer du local au national, ou comment devient-on député sous la Restauration ?", Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Dossiers, document 270, mis en ligne le 10 mai 2004, consulté le 13 septembre 2023.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.