Etat initial supposé : style néo-classique (post 1852)
La demeure est située à 30 m au Sud-ouest de la Tour de Cesson. Elle est implantée peu ou prou sur l’espace du fossé sec du château fort apparaissant sur le cadastre parcellaire de 1814.
Double en profondeur, le plan de la demeure est symétrique. Le corps central est encadré de deux avant-corps (partie de bâtiment faisant saillie sur une façade).
L’élévation principale est orientée vers le Nord-est : quand on arrive ou que l’on sort de la demeure, on voit immanquablement la tour médiévale (qui était beaucoup plus visible lors de la création de la demeure du fait de l’absence de végétation). Le corps central dispose d’une porte axiale précédée d’un perron, implantée face à la tour, encadrée de pierre de taille de granite gris et dotée d’un linteau en arc segmentaire.
L’élévation Sud-Ouest, ordonnancée à neuf travées, est orientée vers la lumière du midi et du soir, vers le jardin d’agrément situé au premier plan, vers Cesson et la ville de Saint-Brieuc au second plan.
Le corps central précédé d’un perron, abrite une grande pièce rectangulaire à cinq portes-fenêtres en arc plein cintre dotées de vitraux losangés. Cette grande pièce, baignée de lumière et ouverte sur le jardin, occupe une place centrale dans la demeure. Le corps central est surmonté d’un étage de comble avec balcon à balustrade vers le Sud-ouest couvert d’un toit à plusieurs pans brisés percés de plusieurs lucarnes en œil-de-bœuf (vers le Nord-est : unique ouverture en arc plein cintre au centre ; vers le Sud-ouest, ouverture en arc plein cintre au centre et ouvertures ovales sur les côtés).
Les deux avant-corps sont à deux niveaux - rez-de-chaussée et premier étage - couverts en pavillon. Les niveaux sont soulignés par des bandeaux horizontaux qui croisent les chaînes d’angle, les fenêtres sont rectangulaires.
Il n’y a pas d’accès à la terrasse (puisque c’est un toit). Les souches de cheminée en brique sont surmontées d’éléments de cheminée en terre cuite.
La demeure est dotée d’un sous-sol accessible par un escalier accolé à l’élévation Nord-ouest. Le sous-sol laisse apparaître une face dérocté au Nord-est.
Le gros-œuvre est réalisé en maçonnerie de moellon enduit. Chaînes d’angle, bandeaux horizontaux, corniches et entourages des ouvertures (avec petit larmier) sont en pierre de taille de granite gris. Les murs de refends sont en maçonnerie et en brique enduite. Des boiseries ornaient certaines pièces (photographies avant incendie et traces observées sur les murs).
Remarque : La couverture en ardoise des avant-corps est dissimulée par un acrotère (en brique enduit) orné de petits arcs en plein cintre rythmés par des "mâchicoulis bretons" en brique (consoles en pyramide inversée). L’acrotère et les pseudo-pinacles couronnant les chaînes d’angle sont en brique enduit. Cette touche néo-gothique correspond-t-elle au premier état ou au deuxième état ?
Deuxième état : style néo-gothique (post 1877)
A la manière d’un châtelet médiéval, la porte d’entrée est flanquée de deux tourelles de plan hexagonal sur deux niveaux, implantées en demi hors œuvre. L’axe des pans intérieurs de l’hexagone des tourelles est parallèle à ceux de la tour médiévale. Chaque tourelle est percée de six ouvertures, dont une porte au rez-de-chaussée. Ces grandes ouvertures rectangulaires sont ornées d’un larmier à accolade. Les tourelles, dont la couverture est soulignée par de faux mâchicoulis, reçoivent un toit conique (en ardoise ?) orné d’un haut épi de faitage.
Les élévations Nord-Ouest et Sud-est sont chacune dotées d’une tourelle en demi hors œuvre sur deux niveaux à la manière d’un bow-window (littéralement, fenêtre en arc, c’est à dire une fenêtre en encorbellement par rapport à la façade). Ces tourelles sont coiffées d’un toit plat en zinc.
Les tourelles sont en brique (hypothèse) et en ciment armé.
Les élévations Nord-est (uniquement le corps central et les tourelles) et Sud-ouest sont traitées en faux appareil de brique tout comme les deux tourelles des élévations Nord-Ouest et Sud-est (état connu par des cartes postales et état actuel). Le reste des façades est traité en enduit grossier texturé avec du gravier.
Les huisseries des portes et fenêtres, d’abord peintes en blanc sont repeintes en noir ; les chaînes d’angle en pierre de taille sont enduites pour donner un aspect uni (état connu par des cartes postales).
Les fenêtres de l’étage sont dotées de volets extérieurs en bois.
Certaines baies (tourelles Nord-est, bow-window Sud-est et élévation Sud-Ouest) sont dotées d’un brise lumière ajouré.
Les fenêtres basses des tourelles de l’élévation Nord-est sont dotées de grilles.
Une fenêtre de la façade Nord-est est murée (état connu par des cartes postales ; état actuel) : cet espace pourrait correspondre à une salle de bain.
Etat intermédiaire (Après-guerre)
Les tourelles de l’élévation Nord-est, reçoivent un toit plat en zinc.
Etat intermédiaire (années 1960 - 1970)
Une nouvelle couverture en ardoise en pavillon - beaucoup plus imposante que celle d’origine - couvre l’intégralité de la demeure (corps central et avant-corps).
Des volets métalliques sont posés pour fermer les ouvertures du rez-de-chaussée et de l'étage.
Etat après incendie du 25 janvier 2018 (2023)
L’incendie a détruit la couverture, la charpente, les planchers, l’escalier et de nombreux éléments de second œuvre. Il laisse apparaitre les poutrelles métalliques tordues qui soutenaient le plancher de l’étage. Ne subsistent que les murs en maçonnerie et quelques éléments qui ont résisté à la chaleur : les volets métalliques, les radiateurs, le lustre en fer forgé du vestibule d’entrée, les portes-fenêtres Sud avec leurs huisseries en bois et les plombs des vitraux, sur les murs du papier peint aux motifs floraux... Le salon japonais situé au Sud conserve partiellement son décor néo-classique en stuc du plafond et les traces des boiseries disparues sur ses murs recouverts par des graffitis.
Une clôture de chantier interdit l’accès à la demeure. La végétation a repris ses droits, tant à l’extérieur avec de vigne vierge qui recouvre une partie des façades, qu’à l’intérieur de la demeure avec des Buddleia de David (appelé plus communément "l'arbre à papillons").
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.