Les sources documentaires manquent pour retracer l’histoire précise du jardin d'agrément et du parc du Domaine de la Tour de Cesson, mais il a néanmoins été possible d’établir une chronologie.
Les parcelles composant le jardin d'agrément et le parc du Domaine de la Tour de Cesson ont été acquises de 1852 à 1859 par Alexandre Glais de Bizoin (1800-1877). Lors des travaux, des vestiges de fortifications sont arasés (fossés secs et bastion). A cette époque, l’entrée du domaine se fait vraisemblablement par l’actuelle Rue du Commandant Guillaume Le Conniat, puis par un chemin menant au portail Sud, mais il n’est pas exclu qu’une entrée ait été aménagée à l’Ouest avant la construction de celle que nous connaissons aujourd’hui.
Le belvédère de jardin est vraisemblablement datable des années 1855-1865 : il est baptisé "Tour Malakoff" en référence à la bataille victorieuse de Malakoff à Sébastopol le 8 septembre 1855. Cet épisode de la Guerre de Crimée voit en effet la construction de "tours Malakoff" dans tout le pays (celle de Sermizelles dans l’Yonne - également crénelée - est protégée au titre des Monuments historiques). Le belvédère reprend l’emplacement de l’un des bastions élevés lors de la Guerre de la Ligue (1588-1598). Le belvédère avec son crénelage est reconnaissable sur de nombreuses cartes postales.
En 1877, Eustache Ollitrault-Dureste (1834-1919), neveu par alliance d’Alexandre Glais-Bizoin hérite du Domaine et modifie la demeure.
Après avoir obtenu le déclassement de la tour médiévale en 1888 (classée au titre des Monuments historiques en 1886) auprès Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts, il fait consolider et remblayer les parties basses de la tour. Un belvédère dominant la demeure et le jardin est créé au pied de la tour.
Une nouvelle entrée avec portail monumental est créée à l’Ouest face à la Rue de la Tour. Elle est flanquée d’une conciergerie servant de logement au concierge - gardien du domaine. L’élévation Nord-ouest de la conciergerie est doté d’une ancre de façade arborant les initiales "OD" pour Ollitrault-Dureste. Les statues qui ornent l’entrée semblent avoir été posées plus tard (du temps de Marius Combes ?).
L’examen des photographies anciennes (cartes postales notamment) montre une fermeture du paysage depuis la fin du 19e siècle avec un boisement assez fort de la périphérie du domaine notamment sur les versants Nord, Nord-est et Est.
Après la mort d’Eustache Ollitrault-Dureste en 1919, le Domaine de la Tour de Cesson est acquis en 1921 par Marius Combes (1873-1930), entrepreneur de spectacles et gérant de la salle Wagram à Paris, époux d’Anne-Emilie Mandin. Le domaine de la Tour de Cesson devient une résidence secondaire.
Les deux portes ornementales de style Renaissance provenant du vieux manoir du Bocenit à Saint-Gilles-du-Mené (détruit) ont vraisemblablement été installées après 1925. Les statues de page, dans des vêtements de l’époque Renaissance, pourraient avoir été installés à la même époque pour orner le portail principal du domaine.
A la mort de Marius Combes en 1930, le domaine est conservé comme lieu de villégiature par son frère Auguste Johanny Combes (1er octobre 1884 - 17 février 1931) puis par la femme de ce dernier, Georgette Combes (née Trochoux, le 8 mars 1894).
Lors de la Seconde Guerre mondiale, du 18 juin 1940 au 6 août 1944, le Domaine de la Tour de Cesson est réquisitionné et onze bunkers sont construits dans le parc par l'Allemagne nazie. En 1943, ce sont ainsi plus de 1 800 m2 de terre (voire de rocher) qui sont déplacé dans le parc (essentiellement à l’extrémité de la pointe). La demeure, propriété de Georgette Combes (1894-1982) est réquisitionnée. Selon le Rapport Pinczon du Sel réalisé immédiatement après-guerre par la Marine nationale, la demeure désignée comme le "château" a été endommagée.
Après la Guerre, le domaine est exploité par la famille Poulain, métayers de la famille Combes. Leur fille, Madeleine Colin, y est née en 1948 ; sa grand-mère travaillait déjà sur le domaine en 1929. L’espace situé derrière la métairie et immédiatement à l’Est est cultivé (en 1929, la vue aérienne montrait encore des parterres entrecoupés d’allées).
Vers 1946-1947, une photographie aérienne prise à basse altitude, issue du Rapport Pinczon du Sel, montre le devant du bunker - casemate de type 680 parfaitement dégagé jusqu’à l’extrémité Est de la pointe où se trouve le parapet et le bunker - casemate de type VF. L’accès au portail Sud du domaine est également parfaitement dégagé. Un mur de clôture (non vu sur le terrain) ferme la partie Sud du domaine (son extrémité orientale, dotée d’une porte a été observée en 2023). En pente, la parcelle BR n° 2 est identifiable comme une pâture (délimitée par une clôture au Sud) avec au Nord une ligne d’arbres fruitiers ; un large talus délimite le côté Nord de la parcelle BR n° 4. Plus bas, des bottes de paille sont visibles dans les parcelles.
D’après le témoignage de Madeleine Colin, le bassin à poisson a été rénové par sa famille en 1958 et le cadran solaire a été installé en 1961.
Depuis les années 1950, la végétation s’est refermée mais les allées du parc sont encore bien visibles en 2003 (contrairement à 2010 où on ne les voit plus).
Le 16 avril 1982, Georgette Combes, propriétaire du domaine décède laissant huit héritiers en indivision.
A partir du début des années 2000, les parcelles BR n° 2 à 5 se sont progressivement embroussaillées.
En 2015, la dernière gardienne du domaine meurt.
Le 25 janvier 2018, un incendie ravage la demeure.
Suite à la déclaration d’état d’abandon manifeste du Domaine de la Tour de Cesson et après une procédure d’expropriation, la Ville de Saint-Brieuc prend possession des lieux en 2020. Des travaux de nettoyage et de débroussaillage sont entrepris pour dégager chemins, allées et éléments patrimoniaux.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.